Ato Malinda : Prison Sex I (2008)

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Cette performance vidéo traite des mutilations génitales féminines (MGF). Comme dans toutes mes œuvres, je pose cette question sous l’angle de l’identité contemporaine africaine. J’examine cette pratique ancienne dans une perspective post-coloniale qui se trouve, de fait, soumise à une vision issue d’un monde globalisé.

Les communautés ayant été exposées à un mode de pensée étranger (occidental) font souvent preuve de contradiction en ce qu’elles maintiennent cette pratique tout en essayant de l’éradiquer.
Parfois cette tradition est conservée sous prétexte qu’elle fait partie de l’identité africaine. Ainsi elle est transmise par les femmes plus âgées et nous engage à remettre en question certains idéalismes féministes.
Médicalement parlant, on peut effectivement condamner l’ablation des organes génitaux féminins comme un acte répugnant et inacceptable.
Il revient néanmoins à la femme africaine de confronter cette tradition. En tant qu’Africaines, nous vivons dans un monde bombardé d’idéaux occidentaux. Exprimer une identité africaine contemporaine, c’est aussi savoir négocier ces idéaux.
Prison Sex I est une vidéo aisément compréhensible. Cependant, une particularité vaut d’être mentionnée. À la fin de la performance, les paupières de la protagoniste sont peintes en blanc en référence à une pratique burkinabè voulant que les jeunes filles soient isolées pendant deux semaines, période pendant laquelle leurs organes sont incisés, leurs jambes bandées et leur corps peint en blanc en signe de purification.
J’interprète les paupières blanches comme l’espoir d’un jour où le corps de la femme ne fera plus l’objet de désacralisation.

Traduit de l’anglais par Christine Eyene///Article N° : 10393

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