Installée en plein centre du marché de Dantokpa à Cotonou, une radio privée est devenue en un an un véritable phénomène social, la voix des sans voix. L’entrée est une vraie cour des miracles : chacun vient y exposer son problème pour appeler l’audience à le résoudre ou à la solidarité. Le succès auprès des auditeurs est énorme, qui réagissent aux cas très concrets proposés par la radio. On voit ainsi tout le monde se passionner pour le cas du jeune Pacôme, un enfant exploité et battu par la famille de son père, et se mobiliser pour y trouver une solution. Les animateurs de la radio participent aussi, éconduiront successivement la sur, la tante et le père qui viennent le récupérer, et iront même en brousse rendre l’enfant à la mère. Une collecte spontanée des auditeurs permettra à une jeune fille aveuglée par une maladie de consulter un spécialiste. Mais cette mobilisation des auditeurs ne finance pas une radio qui a du mal à trouver son budget, la publicité n’étant pas encore très développée au Bénin. Les directeurs ne se payent pas et la radio est hébergée dans leur maison. Emissions musicales, de contes, journal des enfants, reportages musclés comme l’interrogatoire d’une jeune fille que l’on soupçonne de devenir sorcière, émissions en langues locales comme le fon, le dendi, le mina, le yoruba Radio Tokpa est complète et son succès aussi. Mais il n’y aura pas d’argent pour dignement fêter son premier anniversaire. Jean-Claude Hellequin et Fréjus Anagonou s’en sont fait les témoins attentifs et complices. Petits moyens d’une vidéo numérique qui ne peut souvent choisir son angle dans des locaux exigus : peu importe lorsque le sujet est si riche. Ce témoignage de la vitalité des radios de proximité en Afrique est passionnant. Le montage peine à contenir toute la matière, si bien qu’un autre film de 14 minutes a été monté, qui en reprend quelques images et développe le sujet : Galères de foot au Bénin explique à la radio la déroute de l’équipe nationale en Namibie (2-8), première retransmission en direct d’un match à Radio Tokpa. Un joueur et un journaliste racontent les quatre jours d’enfer qu’ils ont dû subir pour arriver en Namibie. Là encore, le réel prend le dessus et emporte l’adhésion.
