Cameroun : Festmoc 2006, Le conte est bon

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Encore trop souvent marginalisé, le conte se met en scène au Cameroun par le biais du festival Les moments conte (Festmoc). Événement itinérant, l’édition 2006 a permis à la caravane promotrice des arts de l’oralité de marquer un arrêt à Sa’a dans le département de la Lekié, province du Centre Cameroun avant de remonter à Yaoundé.

Après la ville-tampon Pouma, sise entre les provinces du Centre et du Littoral sur l’axe routier Yaoundé-Douala, la 7e édition du Festmoc s’est tenue du 03 au 06 novembre 2006 à Sa’a avant de se réinstaller à Yaoundé pour la suite des manifestations qui se sont achevées le 09 novembre 2006. Il est vrai que le handicap réel du conte réside dans la compréhension, la perception ou l’identification de ce qui s’y produit ou de ce qui s’y joue. Mais la littérature orale africaine connaît une grande richesse de contes, légendes, épopées, devinettes, proverbes, fables et chantefables dont la fonction ne tient pas seulement du divertissement ; bien plus elle recèle d’un dynamisme pédagogique par les enseignements qui en découlent. Le Festmoc 2006 aura permis aux populations de Sa’a de vivre les arts de la parole comme expression artistique contemporaine.
Une fois passée la méfiance du premier jour, l’intérêt des populations, des autorités et des médias de Sa’a pour les arts de la parole est allé crescendo à l’issue du premier spectacle présenté dans la cour du domicile du maire M. Emile Akongo… L’arrondissement de Sa’a est ainsi devenu quatre jours durant la cité de prédilection des conteurs d’Afrique et des autres continents. À travers le conte, les habitants de cette localité ont redécouvert une forme d’expression scénique à laquelle ils n’étaient plus habitués. Ouverte solennellement par Ange Raphaël Tonye Tonye, délégué provincial de la culture pour le Centre en présence du sous-préfet et du maire de cette unité administrative, la manifestation aura réuni chaque soir, comme autrefois, jeunes et adultes venus écouter avec le même entrain, les contes venus d’ailleurs et ceux du Cameroun reprenant en chœur les chants entonnés par les conteurs. Auront ainsi été entendus les contes du Burkina-Faso, à travers Toumani Kouyaté, du Congo-Brazzaville par Koumbha Abdon Fortuné (Kaf) et de Nestor Mabiala, de la Côte-d’Ivoire par l’entremise de Amoin Koffi, de l’île de la Réunion de Maryannick Poncelet, de Madagascar grâce à la chanteuse conteuse Taliké Gellé, d’Espagne à travers Domingo Chinchilla, du Niger racontés par Oumarou Hachimou ainsi que du Gabon dits par Christiane Libina.
Le Festmoc avait par ailleurs prévu une foire de développement économique qui devait accueillir une soixantaine d’exposants. Elle devait présenter les produits agricoles de qualité (tubercules et fruits), l’artisanat des populations de Sa’a et des localités environnantes, les produits des annonceurs voulant se faire connaître et la gastronomie. Ce rendez-vous n’a malheureusement pas été honoré en raison de malentendus entre le comité d’organisation de l’évènement et les autorités locales. Même l’atelier de création de conte, portant sur le patrimoine oral africain qui devait être animé par le Burkinabé Toumani Kouyaté n’a pas eu lieu. En fait, malgré l’écoute attentive du public, beaucoup n’ont pas compris l’intérêt de ces rencontres dont la seconde étape à Yaoundé était orientée sur les rencontres professionnelles, le Festmoc marché (espace de sélections des spectacles de contes par les diffuseurs) et une conférence sur  » Le conte contemporain «  animé par le Pr Sévérin Cecil Abéga, anthropologue à la bibliothèque pour enfants du Centre culturel français (Ccf) François Villon.Parallèlement à ces rencontres, des spectacles se sont aussi déroulés dans les établissements scolaires.
Bien que d’aucuns le considèrent comme un festival qui  » se cherche encore « , le Festmoc a déjà connu sept éditions. Initié par l’association des conteurs contemporains, il ambitionne de promouvoir et de vulgariser les arts de la parole comme expression artistique et d’encourager et de favoriser la circulation des arts de la parole. Cet espace de protection et de promotion de la littérature orale africaine témoigne de l’importance de l’oralité dans la culture du continent où le conte doit être revalorisé… Il intègre tous les aspects de la culture d’un peuple et est porteur des valeurs de progrès sur les plans ludique et didactique. Inconnu de la plupart des jeunes africains influencés par les courants aveugles de la mondialisation, il demeure pour les jeunes et les adultes, un espace de recréation et d’éducation.

///Article N° : 4696

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