Cap-Vert : un retour au pays inspiré

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« Dans un pays comme le nôtre, si jeune, ni l’écrivain ni l’artiste n’ont le temps de s’endormir : le Cap-Vert est une invention culturelle qui se définit dans l’action concrète de l’art d’aimer, pas dans la couleur ni dans la naturalité« . Cette phrase de l’écrivain Capverdien Luis Silva (Nação de culturas, 1993), aurait pu accompagner l’exposition « Cap-Vert, Peintures », récemment présentée à la Maison des Sciences de l’Homme à Paris. Huit artistes, dont un Français, Jacques Chopin, devenu Capverdien d’adoption, témoignaient de la diversité culturelle d’un archipel en pleine mutation.

Tous ont été formés dans des écoles d’art loin de leur île : portugaise pour Manuel Figueira, Bela Duarte, Luisa Queiros et Leão Lopez, suisse pour Tchâlé Figueira (frère du premier), russe pour José-Maria Barreto, ivoirienne pour Misà et sénégalaise pour Patrick Monteiro. Après des années passées dans la diaspora, les vents ont tourné, ramenant ces artistes vers leurs îles d’origine. Là, les aînés, Manuel Figueira, Bela Duarte et Louisa Queiros ont créé au milieu des années soixante-dix, alors que le Cap-Vert accède à l’indépendance, une coopérative de valorisation des traditions artisanales, avant de fonder le Centre National de l’Artisanat à Mindelo.
Quelle que soit leur génération, les plasticiens restent profondément attachés à leur culture tout en revendiquant un langage plastique propre à chacun. Jean-luc Rondreux, chef du service de Coopération et d’Action Culturelle au Cap-Vert le souligne : « Nos artistes ne supporteraient pas, en dehors de la commune fierté de relever d’une profonde caboverdianité, d’être embrigadés au sein d’un groupe.(…) L’individualisme, trait revendiqué, a trouvé dans les arts plastiques capverdiens un lieu privilégié. »
Par-delà le foisonnement des couleurs et les tendances figuratives, chaque artiste apporte une pièce au puzzle de l’archipel culturel capverdien, puisant ça et là dans les symboles de l’iconographie locale pour Luisa Querios, Entre l’enclume et le marteau (1995), détournant des icônes du cinéma américain pour Manuel Figueira, Moi et ma Liz au lit (2001), ou rendant hommage à la femme africaine pour José-Maria Barreto, Chef de famille. L’un se détache pourtant radicalement, Patrick Monteiro, le plus jeune des artistes présentés, le seul à travailler à partir de matériaux mixtes – peinture, grillage, ficelle, morceaux de ferraille – qui s’enchevêtrent joyeusement sur une série de tableaux, Il Ikilibro I, II et III, où sont installés d’étonnants personnages réalisés avec des tubes de peinture. La relève semble assurée, même si, comme le constate Lucette Albaret, présidente de l’ADEIAO – Association pour le développement des Echanges Interculturels avec l’Afrique et l’Océanie – « les arts plastiques (capverdiens) – n’ont pas encore la place qu’ils méritent« .

L’exposition, conjointement organisée par l’ADEIAO et le Service de Coopération et d’Action Culturelle de l’Ambassade de France au Cap-Vert, a été présentée à la Maison des Sciences de l’Homme à Paris du 8 janvier au 28 février 2002. ///Article N° : 2133

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Les images de l'article
Manuel Figueira, Coisas belas desta cidade, 96 x 101 cm, technique mixte, 1997
Patrick Monteiro, Il Ikilibro II, 82 x 82 cm, technique mixte, 2001





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