Des ombres épileptiques
schizophrènent
Ma mémoire en deuil
Laissez moi seul
Face à ma mort
Laissez moi seul
Au seuil
De ma vie
Sans amour
Ce poème sonne l’absence et l’alarme
Comme la larme qui déborde
Le cri de la vie que portait cette femme en elle
Avant la machette du rebelle
Ce poème
C’est son cur qui gît
Son corps découpé
Sa bouche médusée
Tentant de dire l’indicible, d’exprimer l’inexprimable, de narrer l’inénarrable
Aphones
Mes mots le sont
Depuis un sombre mois d’Avril
Colportant ses rumeurs et ses morts
Emportés par la folie
Et la frénésie meurtrière
De l’homme-torture
Sans raison
Ni conscience
Humaine
Ce poème est une suite de lettres
Rescapées d’un génocide
Une suite de lettres qui questionnent au présent
L’être et l’étant
Le temps d’après, le temps d’avant
Une suite de lettres
Rescapées d’un génocide
Qui tiennent debout malgré tout
Et résistent comme elles peuvent
A l’assaut lancinant
De la mort
Qui vient
Par l’homme-mitraillette
Sans raison
Ni conscience
Humaine
Et sans amour
Pour lui-même
Ce poème est une suite (il)logique de lettres
Lancées à la poursuite du bonheur
Donc du vent
Ce poème est une lame
Une arme miraculeuse
Pour tailler dans le vif
Des flûtes de promesses
Dans le sourire des enfants
Ni hutu ni tutsis
Ni blancs ni noirs
Ni turcs ni arméniens
Juste humains
Liés par l’innocence
De l’enfance
Piétinée
Tabassée
Coupe coupée
Gazée
Mitraillée
Bombardée
Pendue aux arbres
Et aux crocs de bouchers
De l’histoire
Qui s’écrie
En silence
Comme ma poésie
A l’article
De la vie
Aphones
Mes mots le sont
Depuis un sombre mois d’Avril
Alors j’ai cessé d’écrire
Pour crier
Sans son
Et honorer le sang
Versé
Au pays des Mille Collines
Ce poème est un cri
Intérieur tumulte
Du coeur qui éclate
Dans la stridence du silence cacophone
Ce poème est un cri
De (re)naissance
Et d’amour
Donc de mort
Antérieure
Ce poème est un cri
Silencieux
De l’âme
De l’homme.
///Article N° : 12141