Troupe folklorique : Walo W’Afeka annonce d’emblée la couleur. Si cette étiquette a le mérite de revendiquer une danse liée à une culture traditionnelle – en l’occurrence celle du pays mongo en RDC -, elle n’explique pas la surenchère d’exotisme pour laquelle a opté cette compagnie.
Le spectacle, qui prétend recréer l’ambiance festive de rites initiatiques, ne propose qu’une démonstration surfaite et ostentatoire de danses et de chants traditionnels. Qu’il s’agisse de bribes de l’investiture d’un guerrier ou de la danse d’un chasseur vêtu d’une peau de serpent, le spectacle s’arrête hélas à l’exotisme visuels des protagonistes. Telle de la poudre jetée aux yeux des éventuels acheteurs occidentaux. » On va vous en mettre plein la vue ! » pourrait résumer la devise tacite du spectacle. L’objectif est d’ailleurs atteint : en entrant sur scène, en file indienne, le corps luisant d’huile rouge, vêtues de jupettes en fibres et parées d’un nombre impressionnant de colliers et de ceintures de perles, les danseuses laissent le public bouche bée. La beauté quelque peu provocante de ces femmes et de leurs costumes traditionnels, l’énergie communicative des chants et des danses n’est certes pas à discuter. Mais qu’apporte exactement cet exotisme pittoresque aux spectateurs ? En ne proposant que des bribes de cérémonies, sans aucun lien dramaturgique, la chorégraphie de Marie Ekaba présente les rites mongo comme une succession de stéréotypes dignes de l’imagerie coloniale.
Spectacle parmi les plus critiqués du Masa 99, Walo W’Afeka aura au moins eu le mérite de soulever la question cruciale de la représentation des danses africaines traditionnelles. Peut-on encore jouer uniquement sur leur exotisme visuel, comme les grands ballets nationaux l’ont fait, avec parfois beaucoup de talent ? N’est-ce pas continuer de les enfermer dans une superficialité qui les dénature ? Pour folklorique qu’il soit, un spectacle ne doit-il pas opérer une transposition qui permette aux spectateurs de saisir non seulement le pittoresque mais aussi et surtout l’esprit d’une tradition ? Autant de questions que l’on ne peut s’empêcher de poser si l’on considère que ce spectacle n’était pas un simple divertissement pour chefs d’Etat.
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