Ce qui frappe dans « Chemin de traverse », c’est la douceur de sa caméra, le calme de sa mise en scène. Ils ne génèrent aucun ennui, au contraire, par cette façon de chercher à aller au-delà des mots pour laisser parler les corps. Le grand moment du film est ainsi quand la fille masse le vieux corps de sa mère dans une chambre d’hôtel. La différence culturelle qui s’est inscrite entre cette mère algérienne et cette fille devenue complètement française n’empêchera ainsi pas une certaine proximité et une connivence, même si la distance demeure. L’approche par les corps en dit plus que tout discours : le corps lourd de la mère évoque toutes ses douleurs, le corps fragile et nerveux de la fille toutes ses envies de vivre. Le dialogue demande du temps, que le film s’autorise le temps de se demander d’où on vient et ce qu’on va devenir. Un premier film : un beau travail.
Algérie/France, 2001, coul, 35 mm, 22 min., avec Saïda Jawad, Radhija Chekkor, Christelle Hervé. Prod. Ciné-Sud promotion/Thierry Lenouvel, [email protected]///Article N° : 2322