Chroniques d’un enfant du Hammam

De Karim Nasseri

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La littérature maghrébine compte des valeurs sûres comme Mohamed Dib, mais voit naître aussi chaque jour de nouvelles plumes talentueuses et audacieuses. Le Marocain Karim Nasseri, trente ans, publie son premier roman. Le narrateur raconte une enfance vécue à la dure entre la violence incommensurable du père et celle d’un oncle qui le marqua au fer en lui plaquant un jour un couteau rougi par le feu contre la joue sans explication, juste pour faire mal. Son père, surnommé le Dictateur, toujours sous l’effet de l’alcool, avait plus de tendresse pour ses chevaux que pour les membres de sa famille.  » À cinq ans, je sentais que je n’avais rien à attendre de lui. Rien de bon…Je sentais mon petit âge, malmené, maltraité, massacré, amputé, piétiné, frustré. Il allait disparaître avant de me donner ne serait-ce qu’un brin de cette merveilleuse insouciance sans laquelle il n’est point d’enfance.  » La violence est aussi dans ce village ou tout est anormal, tout est exceptionnel et tout est extraordinaire. Violence des riches qui accaparent tout à l’image de l’eau littéralement prise en otage par l’homme fort de la cité qui l’utilise pour remplir sa piscine, remplir ses multiples citernes et arroser ses jardins, tout en abandonnant le petit peuple à la soif. Violence quotidienne faite de mendicité, de prostitution, de contrebande, de drogue… L’angoisse de l’enfant est heureusement compensée quelque peu par la tendresse de certains personnages, tous féminins d’ailleurs, comme cette grand-mère câline ou cette tante Rachida qui avait réussi à imposer sa présence dans le hammam féminin à 13 ans bien sonnés… Un texte troublant et vivifiant.

Chroniques d’un enfant du Hammam, de Karim Nasseri, Denoël, 1998, 108 p., 78 F.///Article N° : 460

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