CONTRE LE BOYCOTT DES ARTISTES BURKINABÈ, MALIENS ET NIGÉRIENS

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La rédaction du média Africultures se mobilise contre l’appel du ministère de l’Europe et des  affaires étrangères français à cesser toute collaboration entre les établissements culturels subventionnés et les artistes et structures associatives originaires du Burkina Faso, du Mali et du Niger. Nous sommes abasourdis par cette décision discriminatoire teintée d’autoritarisme. Il est inconcevable que le gouvernement puisse rompre de cette manière avec la programmation de centaines d’établissements culturels. La vie des artistes ne peut pas être une variable d’ajustement des conflits diplomatiques de la France.

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Par cette directive inédite, la diplomatie française envoie un très mauvais message en réaction à l’hostilité et la défiance affichées à son égard dans plusieurs pays d’Afrique francophone. Le Syndeac souligne à juste titre que: “cette politique de l’interdiction de la circulation des artistes et de leurs œuvres n’a jamais prévalu dans aucune autre crise internationale, des plus récentes avec la Russie, aux plus anciennes et durables, avec la Chine”. Cette action va à l’encontre de la tradition d’accueil des artistes et intellectuels du monde entier dont peut se targuer la France. Un des principes fondateurs des Nations Unies retranscrit dans la charte de l’UNESCO est que le dialogue des peuples prime sur le dialogue des Etats. En mettant ainsi fin à toute possibilité de dialogue entre les peuples du Burkina Faso, du Mali et du Niger, la France s’inscrit en porte-à-faux avec ce principe universel.

Être un(e) artiste c’est accepter de vivre en permanence comme un(e) funambule sur un fil. Se mettre à nu pour créer, écrire, composer, chanter, danser, peindre, modeler, sculpter. Libérer une parole, un pas, un geste, un trait, une idée ou un concept passe parfois par une nécessaire confrontation avec son milieu d’origine, son environnement social. Avec cette décision administrative et diplomatique, les artistes burkinabè, maliens et nigériens se retrouvent pris entre deux feux. Celles et ceux qui ont choisi de rester dans leur pays  constatent jour après jour le rétrécissement progressif des espaces d’expression et de conscience, mais aussi de la pensée critique. Celles et ceux qui vivent et travaillent déjà en France sont doublement touchés. Car ils subissent également cette décision en étant acculés dans une impasse. Car cette décision, si elle devait durer,  les obligera à faire un choix à terme. Le visa français n’est jamais considéré comme un visa anodin et banal pour une personne francophone. Ce tampon posé sur un passeport d’un(e) ressortissant(e) d’un pays qui a eu bout d’histoire avec la France est le prolongement d’imaginaires, de rêves et de combats communs. Pour un(e) artiste, c’est avant tout une fenêtre qui lui permet de dialoguer avec le monde. Alors bannir des festivals, des programmations, des ateliers de création, des résidences culturels en France, les artistes burkinabè, maliens et nigériens, est un coup bas indigne de la France. C’est une insulte à son passé. À son présent. À son futur.

Ce coup de force soulève de nombreuses questions concernant l’avenir des relations entre la France et l’Afrique. Ceci deux ans seulement après le sommet de Montpellier, quelques mois après la création d’une fondation pour la démocratie en Afrique et à l’aune du lancement d’une Maison des mondes africains. Le gouvernement va-t-il s’octroyer le droit d’exclure des acteurs en fonction de leur nationalité et au gré de l’actualité géopolitique?

Africultures appelle à la mobilisation de tous les artistes, professionnels de la culture, universitaires et autres défenseurs de la diversité culturelle et de la liberté d’expression. Nous demandons au gouvernement de renoncer purement et simplement à toute mesure discriminatoire envers les artistes et associations burkinabè, maliennes et nigeriennes.   

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2 commentaires

  1. Lassy king Massassy le

    Pourquoi pénaliser celles et ceux qui sont pénalisés dans leur propre société parce qu’ils pratiquent des métiers incompris dans leur propre société ?

    Je signe et je partage

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