Dans les foyers, on dit quoi ?

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Il s’y passe des choses, au coeur de nos villes, dans les foyers de travailleurs migrants. Y défi le notre histoire liée aux migrations africaines, s’y invente une manière d’être ici et ailleurs. Premier épisode de cette chronique signée Sidy Magassa.

Aujourd’hui dimanche, il est onze heures, je viens de me réveiller. Je me dépêche, je dois aller au foyer. Très souvent, j’y vais par plaisir, pour rendre visite à la famille et aux amis. Parfois on a calé un rendez-vous pour se voir, parfois c’est à l’improviste, juste pour bavarder. Mais aujourd’hui j’ai un impératif, mes voisins du village, Tinkaré, ont perdu leur chef de famille. Je dois aller présenter mes condoléances, une obligation dès qu’il y a un décès au village, au Mali. Nous ici, on organise un rassemblement. Pour être ensemble et aussi récolter des fonds pour aider la famille du défunt.
12H10, j’arrive au foyer, Quai de la gare (Paris 13e). La salle de condoléances est déjà pleine de ressortissants de mon village. Les griots sont présents, pour répéter à haute voix ce qui est dit tout bas. Après plus d’une heure d’attente c’est mon tour. Ça y est, maintenant je dois me rendre dans un autre foyer, rue des fortifications dans le 12e. Mon cousin et un ami qui partent bientôt au pays y habitent. Je vais leur souhaiter un bon voyage, et profiter de leur départ pour envoyer de l’argent à ma famille. Pour finir la journée, mes amis d’enfance me rejoignent un à un, dans la chambre de ma famille, « le lit familial ». Autour d’une tasse de thé, on discute de tout, de la situation économique et politique du pays, mais aussi de nos vies ici. Le foyer, pour moi, est le symbole du lien que je garde avec mon pays. Ici, à distance, on organise, réfl échit aux projets du village et de nos familles. Les chambres sont toujours ouvertes. Le foyer c’est comme une couverture, une protection sociale africaine quand certains n’en ont aucune ici.

Sidy Magassa
À 31 ans, Sidy est de tous les engagements. Peintre en bâtiment, il donne aussi des cours de français à l’association AARAO et est membre de l’association Attention Chantier. Arrivé du Mali en 2009, il a passé plusieurs années dans le foyer de travailleurs migrants Quai de la gare (13e) à Paris. De ce foyer et d’autres, qu’il fréquente quotidiennement, il partage sur Afriscope des tranches de vie.///Article N° : 13593

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