entretien d’Olivier Barlet avec Maka Kotto

Namur octobre 2001
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Pourquoi être ainsi basé à Montréal ?
Parce que c’est un environnement empreint d’humilité sur le plan de la créativité : on rencontre acteurs, scénaristes, producteurs et distributeurs qui mènent leur simplicité en avant. Les rapports sont plus évidents : les gens disent ce qu’ils pensent et on ne perd pas de temps pour développer un projet ou établir une collaboration. C’est un stress en moins si on compare à l’Afrique ou l’Europe.
Est-ce que ce sont des qualités européennes ?
Je crois que c’est le côté carré positif de l’Amérique du Nord qui se répercute dans le cinéma comme dans le théâtre. Pour un créatif, c’est sain car on est concentré sur l’essentiel et non sur les inepties !
Le froid polaire n’est pas un problème ?
Cela fait douze ans que j’y vis, et que crois que mon organisme s’y est habitué. C’est un froid sec qui est supportable, même à moins trente degrés ! Il ne pénètre pas : on se couvre et on traverse. Le seul problème est que c’est long six mois d’hiver !
Tu tournes beaucoup : est-ce la position montréalaise qui le permet ?
Non, je crois que c’est que je suis toujours sur le marché, que ce soit par le jeu au cinéma, à la télévision, sur la scène théâtrale ou humoristique. C’est comme un produit : quand le nom revient, on ne t’oublie pas. Et tu ne t’oublies pas non plus : un violoncelliste qui s’arrête de jouer perd la main. Au contraire, à force de jouer, on se perfectionne et on surprend. Et sachant que je suis minoritaire sur un marché à dominante blanche, je bouge d’autant plus. La logique économique domine l’art : les principaux consommateurs ne sont ni noirs ni asiatiques. Si on arrive à mettre en avant l’énergie que dégage un personnage, la frilosité des producteurs se résout. Le problème est que ce n’est pas leur travail de mettre en avant ces paramètres émotionnels et, je dirais, spirituels.
Est-on moins soumis à Montréal à l’enfermement dans l’image du Noir qu’on retrouve par exemple en France ?
J’ai constaté au départ, il y a douze ans, une volonté politique d’effacer les différenciations. Cette volonté est toujours là. C’est un espace où tout est possible.

///Article N° : 2470

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