Maka Kotto (France-Cameroun)

Comédien
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Entre deux cultures, entre deux pays, l’errance de l’entre-deux, mais prêt à se battre pour la francophonie !

 » Le jour de la première de Comment faire l’amour avec un nègre sans se fatiguer à Montréal, des producteurs sont venus me voir pour me proposer de jouer le rôle d’un professeur de littérature qui arrondi ses fins de mois en étant pompiste dans Super sans plomb, une série télévisée locale. Dès lors, j’ai commencé un savant manège entre la France et le Québec. Montréal est une résidence secondaire loin du stress, de la pollution et des mondanités parisiennes. Mais je l’ai toujours dit, mon salut tient du mouvement !
En Amérique du Nord, les gens sont très soucieux de promouvoir ce qui nous rapproche plutôt que ce qui constitue nos différences et nous sépare. Mais, c’est vrai qu’ici on ne porte pas le poids des colonies.
J’ai un peu le sentiment d’être un métèque errant. Je me sens toujours en marge. Je ne suis pas tout à fait Français, pas tout à fait Québécois, pas tout à fait Africain. Les Jésuites qui m’ont élevé m’ont appris à m’adapter à n’importe quelle situation, ce que je fais aisément. En fait, j’intrigue souvent par ma neutralité alors que j’appartiens à une génération qui fonctionne encore avec des réflexes, comme de refuser des rôles à connotations raciales (le nègre de service) dans les castings.
Aux États-Unis, il y a 40 millions de Noirs sur une population de 276 millions. Ça fait du monde. En France, il n’y a pas encore de réflexe de consommation culturelle spécifique aux Noirs. Cependant, l’effet Coupe du monde a validé la présence d’une diversité essentielle au développement culturel global.
J’aimerai un jour rencontrer l’un de ces gens qui se disent chevalier de la francophonie mais qui ne font strictement rien. Ils nous laissent nous faire envahir par Hollywood sans lever le petit doigt. Ils abandonnent un marché potentiel de 300 millions d’individus. Nous ne vivons qu’une francophonie virtuelle. Il n’y a aucun échange culturel véritable ; si la langue se perd, c’est une culture complète qui mourra. Il faut vraiment se réveiller et je veux bien devenir mercenaire de cette francophonie qui agonise ! « 

Maka Kotto. Acteur, comédien, metteur en scène né au Cameroun. Arrivé à Montréal en 1989. Vit entre Paris et Montréal.
Cinéma : Sucre amer (Christian Lara, 1998), Beaumarchais (Édouard Molinaro, 1995), Comment faire l’amour avec un nègre sans se fatiguer (Jacques Benoit, 1988), Le Complexe du Kangourou (Pierre Jolivet, 1986).
Télévision : Québec : Diva, Urgence, Super Sans Plomb – France : Docteur Sylvestre (1997), Navarro (1992).
Théâtre : one man show Solitude en libido majeure, Combat de nègre et de chiens (Bernard Marie Koltès, 1997, Montréal)///Article N° : 721

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