Ernest Alima, le souffle patriotique et amical

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Pirogue
Qui remonte le fil de l’eau
Pour me ramener là-bas
À la naissance pure de mon fleuve
E. Alima

Le membre fondateur de l’APEC a la nostalgie de ses anciens compagnons de plume. Il a le mal du perdu qu’il dit dans un poème d’un lyrisme déchirant et pathétique qu’il appelle Mes amis (Poème extrait du recueil Souffle patriotique). Comme Du Bellay regrettant, dans le vaste ennui des palais romains, son petit Liré natal. L’âge, les souvenirs, les combats, tout postule, dans ce poème, pour le malheur d’être. Comme un chant de cygne. Pourtant le poète ermite de Nlognkak à Yaoundé continue de couler sa retraite où la douleur des complications sciatiques l’emporte sur le plaisir du troisième âge.
Ernest Alima est né en 1938 à Yaoundé où il a fait ses études jusqu’au niveau supérieur. Il est entré dans la fonction publique camerounaise comme cadre du ministère des finances après un long passage dans l’enseignement privé et au comité de rédaction de la revue culturelle ABBIA. Il a été tour à tour traducteur, contrôleur financier auprès de l’université de Yaoundé, contrôleur financier auprès de l’ambassade du Cameroun à Londres et fonctionnaire international à la CEMAC à Bangui. Alima est l’un des huit membres fondateurs de l’Association des Poètes et Ecrivains Camerounais dont il a été secrétaire général adjoint. Il a publié des poèmes dans de nombreux journaux, revues et anthologies. Il a à son actif trois recueils de poèmes: Apollo XI or a giant leap(1970) et Si tu veux vivre longtemps publié aux éditions Saint-Paul en France en 1977 dans la collection Les Classiques africains et Parles d’or destiné aux enfants qu’il vient de publier au éditions Sopecam. Ses oeuvres inédites comprennent plusieurs recueils de poèmes: La lyre en délire, Souffle patriotique, Masque chauve, Elle et moi, Chants pour Mademoiselle, Entretien familial, etc.; une pièce de théâtre: Le Coureur de jupons monté et représenté au Centre Culturel Camerounais à Yaoundé en 1980, des nouvelles et un recueil de pensées. Ernest Alima est lauréat de plusieurs prix littéraires. Il a été délégué par son pays au Programme des Ecrivains Internationaux à l’Université de Iowa(1978-1979). Ses oeuvres lui ont valu des félicitations et des encouragements de la part d’éminentes personnalités et des critiques littéraires. On peut citer entre autres le Président Richard Nixon des Etats-Unis d’Amérique, les astronautes d’Apollo XI, le poète Président Léopold Sédar Senghor qui a dit à propos de ses poèmes qu’il a été frappé par leur pureté, ylian Lagneau Kesteloot qui en 1971 caractérisait ainsi la poésie d’Alima « Délicatesse des sentiments et de l’expression poussée jusqu’au raffinement, voire la préciosité, ironie voilée, nostalgie amoureuse, avec de temps en temps des éclats de satire cinglante ou de révolte contenue…. En terrain sensible, il a subi toutes les influences de Lamartine et Verlaine à Apollinaire, de Senghor à Damas. Cependant son travail continu lui permet de les dépasser toutes... » Alima parle le français, l’anglais et l’italien. Il est marié et père de nombreux enfants. Sa toute récente publication a pour titre Paroles d’or, un long poème destiné aux enfants et illustré par Retin qu’il a publié en 2004 aux Editions Sopecam. Il vit sa retraite à Nlongkak à Yaoundé.
Mes amis
Ô mes amis
De jadis 
Qu’êtes vous
Aujourd’hui
Devenus ?
La gomme de l’oubli
A t-elle déjà effacé
De votre pensée
Le souvenir de votre ami
Que je suis ?
Ô mes amis
De jadis !
Je meurs d’envie
De vous revoir,
Je meurs d’envie
De savoir
Si la mort
Notre ennemie
Amie, vous a déjà cueillie
Comme des fruits
Ou vous accorde encore
Un sursis
De vie !
Ô mes amis
De jadis
Eparpillés aux quatre vents !
Qu’êtes vous
A présent
Devenus ?
Qu’est-il de vous
Advenu ?
Ô mes amis
De jadis !
Ô mes amis
Perdus
De vue !
Vous souvient-il encore
De nos lendemains ourdis
Ensemble,
De nos vœux émis
Ensemble,
De nos espoirs nourris
Ensemble
A une époque fort
Longtemps
Trépassée
Et enterrée
Dans le cimetière
Du temps
Passé ?
Vous souvient-il encore
De notre vif désir
De réussir
Pour devenir
Aptes à servir
Notre chère patrie
Au bout de notre vie
Scolaire,
À l’aube de nos carrières,
À l’âge d’or
Où le diplôme
Distinguait
Et nourrissait
Son homme ?
Ô mes amis
De jadis !
La patrie attend
De ses enfants,
Petits et grands,
Filles et garçons
Tous tant qu’ils sont,
L’héritage
De leurs bons ouvrages
Quels fruits
Juteux
Et prestigieux
Dont elle aura la jouissance
Par usufruit
Avons-nous produit,
Chacun de son côté,
Pour mériter
Sa reconnaissance ?
Extrait de Souffle patriotique, à paraître

///Article N° : 4193

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