Rares sont les pays en Afrique où certains genres urbains découlent sans discontinuer de la musique ancienne. Comme dans le cas de la djeliya au Mali, le style des azmari, ménestrels éthiopiens qui aujourd’hui se produisent en milieu citadin, ne diffère pas tellement de ses antécédents historiques. En cela demeure l’intérêt de cet album, où le trio qu’y opère (chant, lyre krar et vièle masinqo) interprète les chants amhariques classiques ou plus populaires, les deux n’étant pas séparés si rigidement et puisant également dans la littérature poétique. Ainsi, dans le jeu des cordes autant que dans l’inspiration vocale, jaillissent les formes issues du fond des âges, héritières de la première civilisation éclose dans le sud de l’Ethiopie il y a dix-mille ans. Remarquable est la manière de chanter de Gigi Shibabaw, qui s’appuie souvent sur le travail de la gorge, technique répandue dans l’est du continent et notamment dans la régions des Grands Lacs.
Ethiopie – Chants d’amour, de Fantahun Shawankochew, Ejigayehu « Gigi » Shibabaw, Wores G. Egziabher (Collection Inédit de la Maison des Cultures du Monde. Distr. Auvidis)///Article N° : 255