Shoki Shoki, le précédent album du saxophoniste nigérian Femi Kuti, sorti en 1998, révéla un artiste accompli, digne successeur de son père, Fela Anikulapo Kuti. Depuis le décès de ce dernier, ainsi que la destruction du Shrine, le fils s’applique à tout reconstruire et à réveiller les consciences. Il fait l’état des lieux et dénonce. Olusegun Obasanjo, nouvellement élu président et porteur d’espoir pour tout le pays, promet le changement. Son objectif est de mettre fin à la corruption, de réorganiser le secteur. Trois années se sont écoulées, pourtant rien n’a changé. Le sixième producteur mondial de pétrole croule toujours sous les dettes, les pénuries d’essence sont permanentes, les prix ne cessent de grimper. C’est dans cette ambiance que sort le nouvel opus de Femi. Révolté par ce constat d’échec, l’artiste donne des conseils, propose des pistes. Les titres des chansons illustrent son état d’esprit : Do your best, Walk on the right side, Fight to win, Stop AIDS, One day someday, The choice is yours, Missing Link. Cette panoplie de slogans rebondit sur chaque note. L’afrobeat, qui rythme le chant (de guerre) de Femi repris en chur par les femmes, semble tout indiqué pour les messages. Dans la foulée, un documentaire accompagne le cd. On y voit l’artiste lors de ses tournées en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis, puis son retour au Nigeria, la reconstruction et l’inauguration du nouveau Shrine (sanctuaire). L’artiste y dépeint la situation économique de son pays. Quelques séquences montrent son père opposé aux forces de l’ordre, puis sortant de prison. Un magnifique cd qui accompagne un documentaire poignant.
Fight to win, de Femi Kuti (Barclay)///Article N° : 65