Depuis 1998, le Festival International de Poésie d’Abidjan, organisé par AVAA (Arts Vivants d’Afrique et d’Ailleurs) a permis à de nombreux jeunes, poètes en herbe, de continuer à écrire et de prendre part, tous les deux ans, à chaque édition du Festival aux côtés de poètes invités et de poètes vivant et travaillant en Côte d’Ivoire.
Les jeunes poètes ici présentés viennent d’horizons divers, ils vivent et partagent la même réalité : celle d’un pays natal ou d’un pays d’accueil. Maya Mélissa Palme, né en 1984 au Niger, de nationalité française, a vécu en Côte d’Ivoire jusqu’en février 2003 où, sous la pression des événements, elle a dû quitter le pays pour rejoindre la France. Jean-Jacques Danho, étudiant, né à Abidjan en 1976. Youri-Ben Goyémidé, étudiant, né en Centrafrique, vit à Abidjan depuis de nombreuses années. Jean-Jacques Danho et Youri-Ben Goyémidé font partie de ces nombreux jeunes qui croient en la parole primordiale et militent pour la promotion et la diffusion de la poésie. Ils viennent de concevoir, entre autres, un bulletin de poésie où ils publient leurs textes.
Les poèmes qui suivent montrent à quel point cette poésie restent proche de préoccupations d’ordre existentiel et se nourrit du vécu quotidien.
Je rêve d’astres intouchables
Isolé dans les ténèbres
Sans le scintillement d’une lueur
De coq qui ne chante plus
Des gens qui ne pleurent plus
De ceux qui ne vivent plus
Tombés dans cette saison triste de ma mémoire
Ensablés sur mon chemin sinueux
Des charniers pullulent
Coule la rivière de sang
Je rêve d’une vie inviolée
Loin de Vengeance et de Haine
Mais de Vertu et d’Amitié
Je rêve de jours ensoleillés
Aux orages dégagés
Et purifiés de mensonges
Je rêve d’un ailleurs doux
D’une nuit étoilée caresse d’une paix
Dans l’impasse de la nuit
J’entends le vent de haine
Dans l’impasse de la nuit
Sur des haillons de rêves d’enfants
J’entends mugir des geysers de sang
Dans l’aurore des stèles noires
Dans la marche des montures d’acier
J’entends tous ces vents affreux
Comme un vaste fleuve de douleur
Dans l’auréole des yeux pochés
Le matin est noir derrière l’étoile mouillée
Derrière le deuil frénétique des obus
Le matin est noir derrière les enfants de la haine
Derrière le ciel noir et l’orage restés dans les yeux
Sur le chemin vert de l’exil
A travers mille haies géantes dans la nuit
Mais ce soir une liqueur m’enrôle le cur
Et donne dans l’immense désert de haine
D’autres graines d’étoiles à répandre
Oui ce soir l’espoir marbre la lumière
Dans la promesse infinie d’une rive paisible
Loin des nuits troubles de la guerre.
Jean-Jacques Danho
Pourquoi chaque être est-il obligé de souffrir ?
Pourquoi je souffre de l’absence d’une personne ?
Pourquoi tu souffres de la présence d’une personne ?
Pourquoi il souffre d’une chose inutile ?
Pourquoi nous souffrons dans notre société ?
SOUFFRIR, c est peut-être se sentir bizarre une fois dans sa vie !
Est-ce la bonne définition ?
A quoi ça sert de toujours souffrir dans la vie ?
Je vous en pris dîtes-le moi !
Je vous le demande car je n’en sais rien !
La SOUFFRANCE détruit le cur des êtres qui étaient heureux !
La SOUFFRANCE est une actrice très maligne
Elle hante les curs des amoureux sans frapper à la porte !
Nul ne l’a invitée à briser les curs heureux
SOUFFRIR pourquoi ? pourquoi ? pourquoi ?
Maya Palme
///Article N° : 3099