La conversion

De James Baldwin

Gospel à Harlem
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Ecrit en 1952, à l’âge de 28 ans, le premier roman brillant de James Baldwin, La Conversion, est republié en français dans une nouvelle traduction remarquable.

Truffée de références bibliques, La Conversion plonge d’emblée le lecteur dans une ambiance de mystique collective : la vie d’une petite communauté noire de Harlem, rassemblée autour de son prédicateur, et rythmée par les prêches, les prières et les gospels.
John, adolescent de 14 ans et fils aîné du prédicateur, est le successeur – et le rival – désigné de son père. Pourtant, il ressent sans comprendre le peu d’amour que lui porte cet homme. Leur relation tendue et haineuse trouve ses origines dans la bâtardise de John, qui l’ignore. Figure quelque peu autobiographique – James Baldwin a lui aussi été élevé par un pasteur noir -, le jeune homme est tenaillé par la culpabilité et par l’idée du péché lié au désir, d’autant plus que ce désir se porte vers les hommes.
Si la tourmente de John sert de fil conducteur au roman, La Conversion est surtout l’histoire de Gabriel, le père supposé. Quatre femmes gravitent autour de ses souvenirs : Deborah, première épouse stérile, violée dans sa jeunesse par une bande de Blancs ; Esther, jeune servante dont Gabriel s’éprend et qu’il engrosse pour ensuite la rejeter avec son enfant ; Elisabeth, mère de John, seconde épouse dont le compagnon, père de John, s’est suicidé après avoir été faussement accusé d’un cambriolage, et enfin Florence, la sœur, révoltée par la conduite de son frère. Celui-ci apparaît comme un homme égoïste, lâche et moralisateur, qui pense se racheter de sa propre histoire en épousant Elisabeth et en accueillant son fils.
La structure est savamment orchestrée autour des souvenirs des uns et des autres où se mêlent descriptions de la condition des Noirs et voix intérieures. Elle rassemble les personnages pour une scène finale, sorte de délire collectif ou d’immense vision où John  » est sauvé « . D’une sincérité désarmante, le roman donne le ton aux autres ouvrages de Baldwin.

La conversion, de James Baldwin. Traduit de l’américain par Michèle Albaret-Maatsch. Editions Rivages, 1999, 256 p., 125 FF.///Article N° : 1397

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