La Fosse aux serpents

De Moses Isegawa

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Les 500 pages des Chroniques abyssiniennes (Albin Michel, 2000, en poche J’ai Lu, 2002) avaient propulsé Moses Isegawa une fois pour toutes en  » grand écrivain africain « , accessoirement le seul écrivain africain de langue néerlandaise. La saga familiale et politique laissait songeur quant à la suite : que restait-il à dire sur l’Ouganda après cette traversée de l’histoire ?
La Fosse aux serpents, d’une facture plus compacte, brasse moins les horizons et les époques. Le roman se focalise sur la fin du règne d’Idi Amin, faite de conspirations, de dessous-de-tables, de pirateries, de jalousies. Deux qualités sont essentielles pour y survivre : l’hypocrisie et la suspicion.
C’est alors que Bat Katanga revient au pays, décidé à se mettre au service de la nation et surtout à gravir les échelons. Sa trajectoire prend des allures de tragédie théâtrale en allant de l’ascension à la chute brutale, puis à la renaissance. Éternel débrouillard ou juste pion à la bonne place ? On ne le saura jamais, contrairement au mercenaire anglais Robert Ashes, habitué des complots et toujours soucieux de garder une porte de secours.
Les talents de conteur d’Isegawa sont indéniables. Pourtant La Fosse aux serpents n’atteint ni la verve baroque ni l’humour qui faisaient la saveur des Chroniques abyssiniennes. L’auteur tente d’utiliser ici aussi la tension entre chronique politique et parcours personnel qui guidait la narration de son premier roman. Mais les liens entre les deux histoires semblent souvent artificiels, et le roman se résume trop facilement en une suite de coups montés et d’intrigues politico-militaires.

La Fosse aux serpents, de Moses Isegawa. Traduit du néerlandais par Anita Concas. Albin Michel, 2003, 336 p., 19,80 €.///Article N° : 3006

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