Pendant près de 30 ans – de 1928 à 1956, date de son décès prématuré – Marcel Griaule va se consacrer à l’Afrique. C’est avec Marcel Larget qu’il part en Abyssinie en 1928-29 pour étudier non seulement l’organisation politique du royaume mais aussi la religion populaire éthiopienne dont il ramènera de très touchants tableaux proches des icônes éternelles. Notons en particulier un banquet chez le Raz Haylou peint par Abarra Balay où l’on peut reconnaître Larget et Griaule.
A partir de cette première mission et jusqu’en 1939, Griaule va organiser les premières grandes expéditions françaises en Afrique, entraînant à sa suite de nombreux élèves de l’Institut d’ethnologie dont Michel Leiris, Deborah Lifchitz, André Schaeffner… L’expédition Dakar-Djibouti de 1931-33 sera particulièrement intense, traversant l’Afrique d’Ouest en Est. Trois études sont menées de front (sur les Dogon du Mali, les Kirdi du Cameroun et sur les environs de Gondar en Ethiopie), principalement orientées sur le totémisme, la magie et les phénomènes de possession.
Souhaitant approfondir ses recherches sur les Dogon, Griaule repart en 1935, traverse le Sahara et atteint les falaises de Bandiagara où il va travailler sur les rites funéraires, le totémisme et la divination.
Il repart à nouveau en 1936-37 avec Jean-Paul Lebeuf et Paul Henry de Lauwe (Sahara – Cameroun) et va, à partir de cette époque, associer aux enquêtes ethnographiques des fouilles archéologiques et des prises de vues aériennes. Dès cette période, Solange de Ganay et Germaine Dieterlen vont l’accompagner, ainsi lors de la mission Niger-Lac Iro, dite mission Lebaudy-Griaule (1938-39). Cependant, que ce soit en Abyssinie lors de sa première mission ou au Mali lors de ses dernières recherches, Griaule va toujours s’entourer de très nombreux collaborateurs africains tout à la fois enquêteurs et informateurs. Sa rencontre en 1946 avec Ogotemmêli, vieux chasseur qui va l’initier à la cosmogonie dogon, va être fondamentale. A partir de cette époque, et jusqu’à sa mort, il va centrer ses recherches sur les Dogons. Le rôle donné à des informateurs privilégiés qui sera critiqué dans la mesure où l’on peut le taxer de subjectif, se révélera parfois au contraire comme le moyen de capter des informations beaucoup plus objectives qu’elles ne paraissaient au départ. En un mot, cette exposition permet de redécouvrir un homme, une époque, et des données aujourd’hui disparues.
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