La réalité symbolique est ambivalente. Elle a plusieurs ramifications, des plus sensibles aux plus ésotériques.
Etymologiquement, le mot symbole signifie signe. Il vient de symbulos. L’emploi du symbole tel que retracé par les chercheurs européens remonte à la Grèce antique et servait le plus souvent comme signe de reconnaissance. Le phénomène de symbole se retrouve dans toutes les sociétés humaines et représente une capacité propre à l’Homme. La signification du symbole a évolué au cours des âges au détriment de sa valeur originelle. Selon Jean Chevalier, il faut aujourd’hui distinguer le symbole du signe. Nous ne partageons pas tout à fait cette distinction, car le signe est la représentation physique du symbole. La conception du symbole et sa fonction varient d’une société à une autre, et son but est de révéler une réalité abstraite ; on comprend dès lors que l’évolution de la signification d’un symbole telle qu’envisagée par Jean Chevalier ne puisse s’opérer pareillement dans toutes les communautés. De par notre approche, nous avons retenu trois catégories de symboles : les symboles conventionnels, les symboles liturgiques ou des cercles ésotériques et les symboles de notre univers psychique.
Le symbole ne s’illustre pas seulement par un signe matériel, il peut aussi se déployer dans l’abstrait et dans le vocabulaire. Notons qu’une société, en fonction de son degré de développement matériel et moral, attache plus d’importance à l’une des catégories sus-citées. Il n’est pas inutile de brosser une esquisse des usages faits des différents types de symboles.
Ceux-ci visent à véhiculer une ou plusieurs informations au travers d’un ou plusieurs signes, par le simple fait d’un regard. Ces signes ou symboles, nous sommes appelés à les rencontrer en vue d’atteindre un grand public ; ce sont souvent des logos, des icônes
très utilisés dans le domaine de la communication publicitaire et de la prévention routière.
Contrairement aux symboles conventionnels, les symboles liturgiques ciblent un public restreint et maîtrisent les différents codes relevant d’un cadre donné. C’est là également que l’idée du symbole reste la plus proche de l’optique originelle et de l’orientation symbolique telle que conçue par les négro-africains. Ces derniers, fortement religieux, privilégient le symbole, le langage imagé comme mode de communication. La communication ici se déploie sur deux sphères distinctes ; l’une matérielle, le signe, l’autre immatérielle, abstraite, le langage parlé. Celui-ci se meut dans des tournures qui détournent l’attention de quiconque ne fait pas partie du cercle, en vue de protéger les intérêts du groupe. Le symbole matériel (signe) suggère dans un premier temps une impression ; mais au-delà de l’impression, il revêt les caractéristiques ou les propriétés qu’incarne une entité puisée dans la nature. Pour exemple, nous citerons les signes des animaux totémiques dont se réclament divers clans et ethnies.
Par ailleurs, le symbolisme enrichit la langue d’une multitude de figures de styles qui gagneraient davantage à être exploitée par les artistes et les littérateurs en quête d’originalité. Elle présente un avantage en ceci que les générations coupées de la continuité historique de leur environnement culturel s’imprègnent de leurs traditions, car le symbole peut aussi être le lieu où se cristallise la mémoire collective d’une époque, d’une communauté. De la vie courante à l’univers psychique en passant par le symbolisme des cercles fermés, il n’y a plus qu’un pas.
Un évènement, un environnement, un état d’âme
sont autant d’ingrédients qui construisent des symboles dans notre psychisme. Le symbole demeure en nous et participe soit à notre épanouissement ou alors à notre engourdissement. C’est lui qui anime notre imaginaire créatif, nous révèle les secrets de l’inconscient, ouvre l’esprit à l’inconnu, à l’infini, donne un visage aux désirs, aux souvenirs, incite à telle entreprise, modèle nos comportements, pour parler comme Jean chevalier. Nous trouvons donc ici un début d’explication de la récurrence de certains éléments dans les uvres d’art ou de la littérature.
Cette esquisse de classification ne nous met pas pour autant à l’abri des interactions, vu le contexte actuel qui conduit les communautés de la terre au carrefour des cultures. Il devient difficile d’échapper à la confusion, au mélange, lorsqu’on entreprend de révéler son identité, son essence, sa différence à travers l’emploi des symboles. Il nous incombe alors de faire un usage judicieux des symboles ; puisque le progrès d’une communauté passe aussi par la maîtrise de ses réalités et de l’histoire cristallisée dans les symboles forgés par les générations antérieures
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