La musique gabonaise a longtemps été identifiée à quelques ténors comme Pierre Akéndéngué, Hilarion Nguéma, Mackjoss, Martin Rompavet, Pierre Claver Zeng et Aziz’Inanga. A côté de ces individualités existaient également des groupes dépendant pour l’essentiel des forces de sécurité : Akwéza pour la gendarmerie Nationale, Massako pour les Forces Armées Gabonaises (FAG) et Diablotins pour la Police Nationale. Ces ensembles, qui vivaient de subventions versées par le gouvernement, ont dû fermer boutique après la première grande crise économique de 1986.
La mise en place de l’Agence Nationale de la Promotion Artistique et Culturelle (ANPAC), aujourd’hui moribonde, a permis la confirmation de quelques anciens comme Rompavet et l’émergence de nouveaux talents dont la plupart, hormis Aziz’Inanga s’éclipseront aussitôt apparus. Il faudra attendre le début des années 90 pour voir éclore une génération de musiciens gabonais qui fondent leur art tantôt sur le patrimoine culturel local, tantôt sur des emprunts d’Afrique ou d’outre-Atlantique. Trois grandes tendances se dégagent.
La jeunesse Librevilloise et gabonaise qui exhibe volontiers jean’s, baskets et T-shirt complète cette mode vestimentaire par l’écoute d’une musique branchée et contestataire : le rap. Une floraison de groupes en général sans réelle originalité. Les rythmes semblent sortis de la même boîte. Quelques groupes se distinguent toutefois tant par le choix des thèmes que dans l’accompagnement musical. « Siya Po’ossi X » s’est ainsi démarqué en introduisant des rythmes traditionnels gabonais dans une orchestration moderne une démarche encore expérimentale qui ne concerne que certains titres, mais la spécificité du groupe reste cependant le choix de privilégier les langues nationales dans leurs chansons. Ce qui n’est pas toujours le cas pour les autres groupes. Les textes sont très engagés, parce que décrivant un univers social déstructuré, sans issue. On signalera aussi des groupes tels que « Mauvaise Haleine », « Conscience Noire », « B. Generation », « Professeur T » et l’album « Bantu Mix ».
Il y a sur Libreville comme une déferlante afro-zouk et soukouss. Les radios locales et les discothèques diffusent à presque 90% des groupes venus des bords du fleuve Kongo et des Caraïbes. Pour tenir la concurrence, nombre d’artistes et groupes locaux semblent avoir choisi ce créneau qui leur permet de se positionner également sur les radios et d’intégrer les milieux du show-biz international. Ces rythmes se retrouvent aussi au Gabon, mais avec quelques nuances. Si la musique des régions du Sud est bien apparentée avec celle des Kongos, le soulevé des régions côtières du littoral gabonais est sur jumelle de celles des Caraïbes. Le pas est alors vite franchi. Les artistes les plus connus sont Oliver Ngoma, Patience Dabany, Ondèno Rébiéno, ainsi que les orchestres « Evizo Stars », « Mbala » et le groupe « Vibration ». Il arrive cependant qu’un titre aux sonorités franchement traditionnelles connaisse un franc succès. C’est le cas du titre « Elone » du groupe « Vibration » qui caracole au sommet des hit-parades depuis bientôt trois ans.
Si Pierre Akéndéngué est de loin celui qui a ouvert la brèche de l’orchestration moderne des rythmes gabonais (Nkondjo, Njèmbè, Ikokou, Elone
), la palme d’or sur cette variation pourrait revenir à Vyckoss Ekondo dit « le roi du Tandima ». Initialement inspiré par les rythmes du pays Tsogho, il s’est très vite élargi au reste du pays. Au nombre des ténors de cette tendance musicale qui bénéficie d’un formidable relais sur TV+, une télévision privée diffusant en clair, on compte également Onoye Sissaï, Toussaint Konikè, Max Mackolani, Thomos, Sima Mboula, les groupes Ibis et le fabuleux « Empire de Kassok ».
PS : on trouvera une interview du groupe Siya Po’ossi X dans Africultures 21 (dossier Culture hip-hop) et de leur manager Stowel Dipakwet dans Africultures 14 (Produire en Afrique).
– You make me feel good, Ifouta Landry – LM2 Production
– Paradoxe, Ondèno Rébiéno – Iniva Music
– Feeling love, Angèle Assélé – Epssy Records Wagram
– Mvett 2000 (Phase 2), Alexis Abessolo
– Elone 2000, Arnold Djoud
– Esse-pou-are, Bantu Mix, Kage Pro
– Underground LBV, Bantou Rap -Kage Pro
– Bané, Oliver Ngoma Sonodisc
– Adia, Oliver Ngoma – Lusafrica Mélodie
– En attendant, Dread Pol – Buedi Production
– Ngonfi’etu, Onoye Sissaï – Night & Day
– SSS T Mania, Professeur T – AFJ Production
– Surprise, Vibration KagePro
– Bo gw’igônô, Pinpim Anotho et Azwè – Club Azwè
– V.I.P, Evizo Stars – Espace Afrique
– Transcendance, Mbala -Afric-Distribution
– Mapane Groove ACT.1 et ACT.2, Siya Po’ossi X -Q10 AI
– Okéli, Josef Françoise – Kage Pro
– Couche d’ozone, Chriss Ayume – JPS Production.///Article N° : 1782