Let Me Wax You : la célébration de l’afrodescendance 

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C’était à Sarcelles, un gala organisé par des jeunes de la diaspora africaine. L’événement, qui s’est déroulé le vendredi 26 août dernier, consistait à promouvoir les cultures du continent où sont originaires leurs parents mais aussi leurs propres créations artistiques ici dans l’Hexagone. 

À part la syllabe Wax qui vient de la langue Wolof, en majorité parlée au Sénégal, et qui signifie littéralement raconter, le concept Let Me Wax You est constitué de trois autres syllabes toutes d’origine anglaise : Let, Me et You. Ce concept signifie donc Laisse moi te raconter. Mais qu’est que les afrodescendant.e.s ont donc à raconter ? C’est bien leur histoire. Ils la promeuvent ainsi à travers une soirée de gala dans laquelle, les danses, les contes, les défilés de mode, la restauration, les boissons et même l’alcool sont soit de la culture africaine soit leurs propres créations ici en Hexagone qu’ils valorisent.

Le concept a été mis sur pied en 2016 par Arielle Mabou Tatchim, originaire du Cameroun. Cette soirée de gala se tient chaque été. Mais depuis la crise sanitaire liée à la Covid 19, en 2020, l’événement n’a plus eu lieu. Il a donc été remis en vogue cette année à travers cette pittoresque soirée qui avait pour thème l’African extravaganza. Une manière de pousser à plus d’audace les afrodescendant.e.s dans leurs différentes créations artistiques.

Place au déroulement de la soirée. 

La fête commence aux environs de 23h30. Au total 400 invités, magnifiquement vêtus, la plupart avec des tenues africaines, y prennent part. La salle aussi est impeccablement décorée aux couleurs africaines telles qu’on peut le voir sur la photo d’illustration. Celles-ci éblouissent plus d’un invité. Pour lancer l’événement, les deux imprésarios de la soirée, Sharon et Djomssii, commencent par saluer les convives qui répondent avec beaucoup de timidité. Pour les réveiller, ils demandent au DJ de mettre le hit qui fait vibrer actuellement, les soirées africaines et afrodescendantes en France : Buga de Kizz Daniel et de Teckno, deux artistes nigérians.

La salle s’enflamme alors.  Certains convives se lèvent pour danser. D’autres restent assis mais bougent soit la tête soit les pieds. Après ce hit, un balafoniste enchaîne la soirée. Il est membre du Ballet de la diaspora camerounaise, présent ce soir pour animer les danses traditionnelles. Celui-ci fait vibrer, à son tour, la salle. Une heure de temps de prestation de sa part va suffire pour prendre une pause qui va conduire à la prochaine étape de l’événement.

Pendant cette transition, le buffet est servi aux convives. Certains plats et certains vins sont très originaux à l’instar du beignet-haricot et du vin de palme qui sont très consommés au Cameroun. Nous profitons alors de cet instant pour recueillir les impressions de quelques invités. Landry, originaire du Cameroun, accepte de nous dire ce qu’il pense de la soirée : « J’ai souvent entendu parler de cette soirée. Mais je n’avais jamais eu le temps d’y venir. C’est donc ma première. Sans mentir, le décor est très original. Belles tenues des invités. Ce que je vois honore la culture africaine. ».

Naomi, dont les parents viennent du Congo Kinshasa, est une habituée : « Depuis la première année, les couleurs symboliques rappellent l’Afrique. Cette soirée permet de réunir les africains et les afrodescendants. ». Pour Aïcha, dont les parents sont originaires du Sénégal : « J’apprécie beaucoup l’extravagance des tenues africaines de ce soir. »

Antoine de la Normandie, qui déplore le manque d’assiduité, nous dit : « C’est par ma compagne que j’ai appris le concept. Super soirée. Très bonne initiative. J’ai découvert beaucoup d’autres choses que je ne connaissais pas comme la restauration. Mais je déplore le manque d’assiduité. La soirée était censée débuter à 20h30 mais c’est à 23h30 qu’elle a commencé. »

Instant d’éducation.

Saïdou Abatcha, humoriste

Un humoriste sur scène relance la soirée. Saïdou Abatcha est très connu par beaucoup d’afrodescendants.  Il vient du Cameroun. Sa prestation est atypique. À l’aide des proverbes et des contes africains, il passe des messages sur la vie en société. Il tient entre ses mains une kalimbase ou piano à pouces qui lui permet de mieux rythmer sa prestation. Le proverbe qui va ambiancer la salle est celui qui encourage la non violence. « C’est le jour où le moustique va se poser sur tes bourses que tu sauras que tous les problèmes ne se résolvent pas par la force. »

Danses traditionnelles.

Après ce moment d’humour, qui a duré environ une heure, place a été faite aux danses traditionnelles africaines. C’est le Ballet camerounais de la diaspora qui a assuré la prestation. Les danseurs et les danseuses ont présenté au public plusieurs rythmes du continent parmi lesquels on a pu distinguer la danse Akpalou du Togo, la danse Abodan de la Côte d’Ivoire, le Bara Mbaye du Sénégal ou encore le Bikutsi et l’Ambassibé du Cameroun.

Le défilé de mode.

Un autre moment fort de cette soirée a été le défilé de mode qui a vu le passage de trois marques. Celle qui a le plus ébloui les invités est la OPPE de la jeune congolaise Otshudi Punge Priscillia Eyadi. C’était des tissus traditionnels africains, associés à de nouvelles coupes et aux mélanges de matières qui réinventent totalement le style africain, qu’elle a présenté au public qui a apprécié « l’African  extravaganza » par une pluie d’applaudissements torrentiels.

Le jeune Smelo

Le clou du spectacle, c’est Smelo qui l’enfonce, un jeune artiste camerounais qui a presté en dernière instance. Un talent pur qui se distingue actuellement dans le monde du show-biz grâce à son concept Afro Urbain qui ne cesse d’envahir la scène musicale internationale. Afro Urbain est un rythme qui mixe plusieurs sonorités africaines et mondiales et donc ouvert à tous les publics de tout âge. Pour cette soirée, Smelo a choisi de faire vibrer la salle avec son titre Ma ding wa, tiré de son nouveau single sorti en mars dernier et qui marche plutôt bien sur le marché discographique.

Smelo

Les impressions de l’organisatrice.

Arielle Mabou

À la fin de la soirée, vers 4h30 du matin, nous nous sommes rapprochés de la créatrice du concept pour recueillir ses impressions et aussi pour comprendre ses motivations. « J’ai été déçue par la manière de s’intégrer ici en France qui consiste à s’aliéner totalement. J’ai été dans le domaine du mannequinat, il n’ y avait pas assez d’africains. C’est ainsi que j’ai décidé de promouvoir la culture africaine et de mettre aussi en avant les initiatives des Afrodescendant.e.s. Mais ce soir, grande est ma satisfaction de constater que le concept a pris assez d’ampleur avec, notamment, ces invités qui sont partis de l’Amérique et de l’Asie pour assister à cet événement. ». Ainsi nous a déclaré Arielle Mabou avec un sourire qui révélait son entière satisfaction.

 

Résumé en vidéo de la soirée:

Grégoire Blaise Essono

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