Lord of War

D'Andrew Niccol

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Un film qui aborde notamment le problème du trafic d’armes en direction de l’Afrique.

 » Si l’on vous offrait un diamant 35 % cent moins cher que sur le marché, vous auriez évidemment des doutes. Il pourrait même probablement s’agir d’un « diamant de la guerre ». Est-ce que vous l’accepteriez ? Plutôt deux fois qu’une ! C’est un peu la même chose pour les armes.  »
Lord of War, actuellement dans les salles, traite entre autres de ce sujet complexe. Le pays de l’Oncle Sam, avec vingt-trois sociétés majeures et une bonne centaine de petits producteurs de munitions, possède, vous le savez sûrement, l’industrie la plus puissante du marché mondial. Un avantage de taille pour s’étendre dans des pays où les fusils mis en promo sont souvent plus grands que les enfants qui les portent. Et ça, Youri Ourlov, le personnage principal (interprété par Nicolas Cage) l’a bien compris.
Comme il le dit lui-même :  » Vendre des armes pour la première fois, c’est comme faire l’amour. On ne sait pas ce que l’on fait. Et c’est ça qui est excitant.  » Youri est le stéréotype du criminel cynique et désabusé, issu de la vague des nébuleuses mafieuses de l’ex-URSS. Il prend vite conscience que les humains ont deux besoins vitaux : la nourriture et les armes. Bien entendu, il n’y a rien de plus coûteux pour un courtier en armes que la paix civile. Son ascension se fera en dépit des aspirations idéologiques de chacun en négociant des armes israéliennes aux islamistes de Beyrouth et des Kalashnikovs aux ennemis du bloc soviétique, sans omettre de passer par l’Afrique de l’Ouest, afin d’approvisionner les rebelles. Interpol enquête et rame loin derrière.
Lord of war voudrait se montrer réaliste. Malgré la performance de Cage, il peine à l’être. On accepte volontiers sur grand écran les dictateurs africains dans des vestes satinées, accompagnés de pom-pom girls et tirant des coups de feu le cigare au bec, mais dans la réalité, ces fins stratèges, issus des plus grandes universités, optent davantage pour un charme discret et patriarche à la Mobutu. On parle bien ici de la violence telle qu’elle est propagée, mais pas assez de l’érosion de la légitimité politico-économique qui prive les gouvernements d’une autorité indispensable à une régulation efficace de l’utilisation des armes légères.
Bref, une production américaine grand public comme on en a l’habitude, mais qui traîne dans l’histoire de sa confection un paradoxe plus instructif que le résultat en lui-même : Andrew Niccol, le réalisateur, a eu un mal fou à trouver un financement sérieux aux Etats-Unis, alors en pleine propagande guerrière contre l’Irak ; son projet n’ayant finalement pu voir le jour qu’à l’investissement financier de la star Nicolas Cage et de compagnies étrangères.
Le pessimisme de ce gentil brûlot n’atteint pas vraiment sa cible, mais illustre pourtant bien la presque inéluctabilité de la situation chez les pays en voie de démocratisation.

Publié dans le n°50 du Gri-gri international, 23 février 2006.///Article N° : 4336

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