Marronage

De Malavoi

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Voilà le charme incontournable des violoneux, alchimie savante de cinq siècles de métissages, où à l’appel du tambour des Noirs insoumis répondent les pleurs d’un archet frottant des cordes, héritage que la musique classique d’Europe centrale doit au génie des hommes aux semelles de vent ! Au carrefour de toutes ces trajectoires, l’authenticité est au rendez-vous et la mémoire souveraine colporte les airs inoubliables du romantisme méditerranéen et de la polyrythmie africaine. Malavoi est un style, une école de musique, une grande saga. Quarante ans de vie, et le groupe né au quartier des Terres-Sainvilles à Fort-de-France, dans l’ancienne Madinina, entre dans la légende du sixième continent avec un répertoire de ballades créoles, de boléros intimistes, de sambas fiévreuses. Quarante ans de vie, et même sans Paulo Rosine, le poète disparu, Ralph Tamar, le crooner à la voix sucrée, ou Mano Césaire, l’architecte de sons fascinants, la formation martiniquaise n’arrête pas de faire danser et frissonner les mélomanes des quatre coins de la planète. Les hommes vont et viennent, les jours s’écoulent, les modes musicales s’abîment dans le vide de l’éphémère, mais la douce mélopée des violons rejoint le chant nostalgique de la conteuse antillaise et élève mazurkas, biguines et valses créoles à l’art du sublime. Ce dernier album de l’orchestre caraïbéen porte le titre de Marronage, pour que l’histoire de ceux qui se sont battus contre la captivité dans les repaires montagneux ou dans les bois abritant une assemblée nocturne soit gravée à jamais dans les souvenirs des gens d’aujourd’hui. Dans ses plages ensoleillées d’ailleurs, trépident les mêmes mélodies que les Marrons entonnaient pendant leurs rituels furtifs.

Marronage, de Malavoi (Déclic Communication)///Article N° : 476

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