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Pierre Fatumbi Verger

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« Pierre Verger peut aller loin, et profond, parce qu’il sait pratiquer les rares vertus de la sympathie et du détachement. C’est un homme libre et disponible.
C’est peut-être le seul homme libre que je connaisse. Et ceci explique l’étendue et la qualité de ses réussites. »
Théodore Monod, 1954, Préface à Dieux d’Afrique.

Pierre Edouard Léopold Verger est né le 4 novembre 1902 à Paris. Issu d’une famille bourgeoise, il est en désaccord avec les valeurs rigides de son milieu, sans pour autant les renier ouvertement. Initié depuis peu à la photographie, il décide à la mort de sa mère, en 1932, de partir à l’aventure muni d’un sac à dos et de son Rolleiflex.
Les îles du Pacifique sont la première étape d’un long voyage qui durera presque quinze ans. A chaque escale, Pierre Verger prend des photos, constituant peu à peu un fonds documentaire sur les civilisations en voie de disparition aujourd’hui précieux. Il traverse ainsi les Etats-Unis, le Japon, la Chine, les Philippines, le Mali, le Togo, le Dahomey (actuel Bénin), le Niger, le Sahara, les Antilles, le Mexique, le Guatemala, l’Equateur, le Pérou, la Bolivie, l’Argentine? Il vit de la photographie ? il est notamment correspondant de guerre en Chine pour le magazine américain Life ?, mais ses contacts ne sont pas que journalistiques : il dirige le laboratoire photo du Musée d’Ethnographie, aujourd’hui Musée de l’Homme, collecte des documents pour le Musée National de Lima (Pérou), etc. Lors de ses retours à Paris, il fréquente Prévert et ses amis et? prépare ses prochains départs ! En 1946, il arrive à Salvador de Bahia : c’est le coup de foudre pour la ville et ses habitants. Il s’y installe et découvre alors l’histoire et la culture des descendants des esclaves arrachés à l’Afrique dont il devient l’ami. Le reste de sa vie sera fait de recherches sur le candomblé1, religion afro-brésilienne, et sur l’influence économique et culturelle du trafic d’esclaves. Il obtient sa première bourse en 1948 et part étudier les rites africains, notamment ceux des Yorubas, ethnie qui a eu une grande influence sur la culture bahianaise.
Par la suite, Pierre Verger ira inlassablement de Bahia à la côte occidentale du continent africain, le Nigeria et le Dahomey en particulier.
La relation de Verger avec la culture noire dépasse peu à peu le simple intérêt intellectuel. Il s’intègre toujours plus profondément dans le monde du candomblé. Il est initié en 1953 : c’est là qu’il reçoit le nom de Fatumbi, « celui qui renaît par la grâce d’Ifá », et qu’il devient babalaô. En tant que babalaô, il a accès à tout le patrimoine culturel des Yorubas, à leur mythologie comme à leurs connaissances botaniques utilisées à des fins thérapeutiques ou comme élément liturgique. A Bahia, il occupe également des fonctions importantes : il est Ogã du terreiro Opô Afonjá et de celui de Pai Balbino, l’Opô Aganju.
1 Les mots en italique sont expliqués dans le glossaire p. 8 4 Ce n’est que dans les années cinquante qu’il devient chercheur, sans le vouloir : l’Institut Français d’Afrique Noire, dirigé par Théodore Monod, lui réclame un récit détaillé de son expérience en Afrique, en plus des photos qu’il a rapportées. Notes sur le culte des orisha et vodoun, publié en 1957, consacre son entrée dans le monde universitaire. En 1966, le parcours et le talent de Pierre Verger sont officiellement reconnus : la Sorbonne lui confère le titre de docteur, bien qu’il ait abandonné ses études à l’âge de 17 ans.
Collaborateur et chercheur invité de nombreuses universités, Pierre Verger continue de parcourir le monde. A la fin des années soixante-dix, pourtant, il arrête la photographie et fait ses derniers voyages de recherche en Afrique. Il préfère se consacrer dès lors à la mise à disposition des résultats de ses études. En 1988 est créée la Fondation Pierre Verger, dont l’objectif est d’archiver et de faire connaître le fonds documentaire qu’il a réuni au long de ses 40 années de voyages.
Il meurt le 11 février 1996, dans sa maison à Salvador peinte aux couleurs de Xangô.

Dieux d’Afrique, ed. Paul Hartmann, Paris, 1954, 192 p.
Notes sur le culte des orisha et vodoun, ed. IFAN, Dakar, 1957, 609 p.
Flux et reflux de la traite des esclaves entre le Golfe du Bénin et Bahia de
Todos os Santos, du dix-septième au dix-neuvième, ed. mouton, Paris, 1968,
720 p.
Orichas, les Dieux Yorouba en Afrique et au Nouveau Monde, ed. Métailier,
Paris, 1982, 295p.
Le Messager – photographies 1932-1962, ed. Revue noire, Paris, 1993, 240 p.
Le Verbe et le pouvoir des plantes chez les Yorubas (Nigeria ? Bénin), ed.
Maisonneuve & Larousse, 1997, 730 p.
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