Pour une édition à la hauteur du talent guadeloupéen

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Bernard Leclaire, écrivain Marie-Galantais et directeur des éditions Alizés, livre son point de vue sur le secteur éditorial en Guadeloupe.

Depuis les récents évènements, la Guadeloupe vit un moment de vérité sans précédent.
On savait et on pressentait depuis quelque temps déjà que cette société allait tôt ou tard exploser ! L’insupportable génère inévitablement la révolte. Et d’ailleurs, est-ce réellement terminé ?
On sent de manière insidieuse et sous-jacente que le magma social est toujours fortement en ébullition.
Mais, n’y a-t-il pas plus subtil et plus sournois ? Tâchons d’aller un peu plus loin dans notre raisonnement.
Pour cela, commençons d’abord par enlever nos masques, nos déguisements touloulous et arrêtons notre drag-queenisme latent et pernicieux qui trop souvent fait partie de nos propres comportements.
Comme dit le livre universel « le ver est parfois dans le fruit« .
Dénonçons l’autre ! Oui, c’est très bien ! Mais dénonçons « nous » aussi ! Si nous tenons réellement à faire évoluer les mentalités qui nous plombent et qui nous tirent désespérément dans les catacombes du panier à crabes, nous nous devons respect et honnêteté intellectuelle d’abord. C’est primordial ! Sinon nous n’allons nulle part.
Dans le domaine de la Culture, singulièrement dans celui de l’Écriture, de qui se moque-t-on ? À quoi joue-t-on ? Qu’est-ce qui se passe exactement ?
Des auteurs en manque de visibilité
Comment peut-on faire croire et penser que ce pays puisse se réduire à une poignée d’écrivains ? Ce serait là, un signe manifeste de dégénérescence pour notre collectivité !
Si un quelconque engagement était, au moins de temps en temps manifesté pour porter sur la table les problématiques de notre pays, on pourrait comprendre et dire qu’un certain travail se fait.
Or, ce n’est pas le cas !
Il est clair que la rébellion, en l’état actuel de l’écrit, ne viendra pas par ce standard-là, faute très certainement d’un embourgeoisement intellectuel inavoué, en tout cas largement visible, au détriment d’un discours qui devrait plutôt se destiner à éveiller les consciences léthargiques surtout en ce moment de doute économique et de questionnements identitaires.
Il y a dans ce pays hélas, comme un cercle réservé, comme une chape de plomb, comme une espèce de club secret… saupoudreur d’assa-fœtida et secoueur de soutane… crucifix en main… où l’on referme systématiquement portes et fenêtres à toute tentative venant d’ailleurs que d’une pseudo-sacristie préétablie !
Certains n’ont toujours pas accepté et n’accepteront jamais l’intérêt d’une pluralité providentielle du genre. Ils préfèrent plutôt demeurer de tristes et de taciturnes individus d’une chapelle hermétique à vouloir ainsi, carrément scléroser « la production du livre en Guadeloupe ».
C’est le cas ! Disons-nous simplement à qui vraiment profite ce crime ?
À ceux qui confisqueraient, couteau entre les dents, jalousement l’hostie d’un tabernacle désormais appartenant essentiellement au cercle des élus apparus !
Y aurait-il un pré carré réservé exclusivement à l’écriture de, et pour la créolité, où le reste, tout le reste serait inévitablement partie intégrante bon gré malgré d’une église maudite, non-conforme à cet accoutrement prédéfini où tout écrit se colore et se décolore systématiquement d’une même et unique chromatique ?
Comme dit le philosophe, c’est pourtant de la « contradiction que jaillit la diction« . Pourquoi alors a-t-on la notion de divergence et de différence autant en horreur dans nos Régions ?
Cela semble une aberration congénitale grave, dans un siècle où logiquement il n’y a plus de tèbè gè et où l’on prône à longueur de temps l’ouverture comme étant le leitmotiv même de l’intelligence !
À d’autres qui auraient clairement peur, peur pour leur petit confort, et n’accepteraient, par conséquent, aucune anicroche dans un paysage considéré comme chasse gardée de la confrérie ?
Si tel était réellement le cas, ils signeraient alors à deux mains et même à deux pieds, pour une mort lentement programmée de l’écriture dans ce pays, et, en même temps, ils condamneraient aussi leur propre écrit, inévitablement.
Il faut savoir que l’écrit appelle l’écrit, le dynamisme de certains rejailli sur d’autres, les propos des uns permettent à d’autres de porter plus loin leur vision, leur réflexion dans le but d’une progression mutuelle de la pensée.
Ainsi, il s’agit d’instaurer dialectiquement une émulation saine au profit d’un lectorat qui appréciera forcément et qui partagera volontiers les différents points de vue.
Des prix et des salons littéraires oublieux
C’est en se frottant et en se confrontant à d’autres que l’on arrive à se surpasser et à aller au-delà du « soi-même« . D’une manière générale, en Guadeloupe, on a l’impression d’exister dans un marasme latent, engluant et étouffant où plus aucune idée neuve n’est capable d’émerger, où toute pensée a priori doit épouser le politiquement correct d’une caste certaine !
Or l’écrit ne devrait point souffrir du conditionnement des discours de salon ou du préconçu mondain. Ce monde trop lisse où tout glisse, mais apparemment seulement, se référant à une espèce de jazz lancinant et paralysant, sans âme aucune, empêchant évidemment toute notion de progrès et d’évolution.
Nous attendons justement avec impatience la syncope providentielle d’un Monk traduite en littérature pour rompre avec cet écrit qui ne dénonce plus rien et qui ne surprend plus personne.
Depuis quelques années déjà, force est de constater que nous ne sommes plus présents sur aucun prix littéraire. Faites le compte !
Tout se partage entre la Martinique, Haïti et Cuba.
Lors des différents Salons du Livre, que cela soit au niveau régional, national ou international, très peu de Guadeloupéens représentent le pays, ou sinon toujours les mêmes, et cela depuis déjà, plus de vingt-cinq ans !
On est systématiquement enfermé dans un phénomène du déjà vu, du déjà entendu et du déjà vécu où « la petite madeleine » de la Créolité se retrouve toujours bien trempée dans une espèce de chocolat péyi. Inutile de vous décrire toutes les réminiscences qui en ressortent, elles sont sensiblement toujours identiques !
Par conséquent, quelle est la promotion qui est faite ou tentée d’être mise en place pour inciter véritablement l’écrit de manière générale en Guadeloupe ?
Quels sont les résultats de tous ces éternels états des lieux, ces assises, ces réunions, ces états généraux et autres… réalisés depuis les quinze dernières années ? Nous faisons culturellement depuis des décennies les mêmes constats en Guadeloupe et pourtant rien ne change dans ce domaine !
Quelles sont les aides qui sont distribuées, surtout à qui, et pourquoi, afin soi-disant de dynamiser l’Édition et les nouveaux Auteurs ?
Nous remarquerons qu’à l’origine, avec le Doudouisme nous n’y étions pas. Dieu merci me direz-vous, nous vous l’accordons, sachant ce qu’a été ce courant littéraire !
S’agissant de la Négritude, nous n’y étions toujours pas. On y trouve Césaire, Damas et Senghor. De plus, nous constatons que l’on a injustement tendance dans cette épopée à oublier complètement la plume de Tirolien qui n’a rien à envier même à un Césaire. Guy Tirolien devrait faire partie intégrante de ce premier grand courant qui révélera la naissance effective d’une écriture revendicatrice post-esclavagiste nègre venant de nos contrées et d’une partie de l’Afrique francophone.
D’autant plus que le Marie-Galantais* serait aussi, le « seul » guadeloupéen, ayant contribué à la naissance et à la résistance d’un courant respecté, aujourd’hui encore. On peut affirmer qu’il est loin d’être enterré, malgré le souhait inavoué de certains fils victimes de crise œdipienne aiguë.
Cet oubli est parfois volontaire. À mon humble avis, les critiques littéraires devraient définitivement intégrer Tirolien comme un sérieux maillon dans cette courte chaîne de la Négritude du départ, surtout qu’il n’y a plus aucun témoin direct vivant de cette épopée. Tirolien au mois laverait notre honneur !
Il y a là, manifestement une erreur d’école qui est perpétrée à la barbe de tous, ce qui donne au néophyte de la poésie l’impression que le poète Marie-Galantais a été un électron libre, alors qu’il est dès ses premiers vers, un chantre incontesté et incontestable de cette merveilleuse écriture.
En ce qui concerne l’Antillanité de Glissant, avec sa théorie du Tout-monde, il faut malheureusement encore constater notre totale absence. Glissant se suffit à lui-même tellement son écrit est dense, diversifié et complet.
D’ailleurs, même quand on tente d’adjoindre Maximin dans ce courant, on pourrait affirmer que c’est presque un auto positionnement.
Le dernier courant littéraire connu remonte déjà au début des années quatre-vingt-dix. La Créolité encore une fois, nous dénommons Bernabé, Chamoiseau et Confiant, pas un seul guadeloupéen à l’horizon ! Hélas, simple constat !
L’émulation du courant créoliste
Les courants littéraires passent et trépassent, nous ne savons malheureusement pas faire dans l’innovation, dans la création, dans le renouveau, a fortiori dans la renaissance totale ! On ne sait pas non plus travailler ensemble, ne serait-ce que pour tenter au moins de créer les conditions d’une réussite dans ce domaine !
S’agissant du mouvement des Créolistes de ces trois dernières années, une analyse s’impose. Pour les collégiens, attention à ne pas le confondre avec la Créolité.
Il faut avouer que ce courant n’a toujours pas atteint, à mon modeste avis, le véritable mérite de son art. Il n’existe toujours pas de prix littéraire ou de critique pour évaluer l’écrit-créole. Or il existe un Capes de créole très prisé.
Il est tout de même intéressant de reconnaître que depuis quelques années certains Auteurs ne font plus aucun complexe à vouloir produire en créole, ce qui est désormais, même un véritable « choix » littéraire.
D’ailleurs le lectorat local semble particulièrement apprécier ces textes dans lesquels on peut en toute logique parler de vraie dynamique et émulation. En effet, dans ce courant il semble y avoir une plus grande fraternité et une meilleure entente entre les Auteurs.
Les rencontres et dédicaces sont plus chaleureuses et les discussions sont nettement plus basées sur le devenir de la Guadeloupe. Il faut croire que le « écrire-créole » libère davantage la pensée rebelle.
On peut dire que le mouvement Créoliste, aujourd’hui en tout cas, se veut plus avant-gardiste et plus engagé que l’écrit français.
On comprend alors aisément qu’il n’est pas, pour ce courant, essentiellement une question d’écrire en créole.
Il est aussi souvent question de poésie dans le genre, ce qui explique encore l’esprit indocile des textes. Il est également assez rare de trouver des spicilèges de nouvelles ou des romans écrits en créoles. Mais des projets sont en cours. Le texte créole vient affirmer une identité, par la reconnaissance de sa langue, il s’érige en premier vecteur d’émancipation du peuple guadeloupéen.
Par contre, il faut noter qu’il n’existe pas encore de véritable dynamique intellectuelle pure en Guadeloupe et c’est là, le cancer qui gangrène l’éclosion d’une vision plus moderne et plus stimulante de notre écriture. Nous ne savons pas faire dans le partage, dans le consensuel et pour le collectif. Est-ce dû à un certain passé ?
Si je ne suis pas en mesure de réaliser quelque chose, il n’est pas question qu’un autre le fasse. Il est préférable de cultiver le vide pour le vide au lieu de favoriser ou même de faciliter quoi que ce soit qui ne serait pas de moi. Voilà la façon de penser qui habite trop souvent les individus de ce territoire.
Alors, comment un pays peut-il avancer dans un état d’esprit tel ?
Un lectorat trop négligé
On pourrait aussi rajouter, qui ici est habilité à dénommer untel ou une telle en qualité d’écrivain ou pas ? Qui es-tu pour juger du degré d’intelligence de l’autre ?
Depuis quand as-tu inventé la machine à mesurer la matière grise de ton prochain ?
C’est à croire qu’il n’existe aucun lectorat dans cette île ? Ce qui est archi faux ! On a trop tendance à vouloir se substituer au lectorat, à penser et à réfléchir même, pour lui. Pensant qu’il est aussi stupide que la masse en général !
Et malheureusement, les libraires, par inattention ou par objectif mercantiliste, commettent l’erreur de ne pas prendre de risque sur la production des nouvelles plumes, ce qui est tout à fait regrettable !
On a aussi trop tendance à croire qu’il faut systématiquement être édité en métropole pour donner du grade à l’écrit. C’est encore un rejet de nous-mêmes. Cela voudrait dire, qu’il revient toujours au maître le droit de valider notre perception des valeurs. C’est triste !
Nous sommes bien placés chez Alizés pour affirmer, contrairement à ce que d’autres véhiculent, que le « livre de la production locale et surtout des nouveaux Auteurs du pays » se vend, et plus de 85 % des lecteurs apprécient en général ces livres.
On est perpétuellement en rupture de stock ! Vendre entre 1000 et 2000 livres en Guadeloupe, c’est déjà une belle réussite, de surcroît avec les simples moyens du bord !
L’émergence d’une nouvelle écriture guadeloupéenne « traîne la plume » du simple fait que, nous souffrons d’une défaillance chronique de moyens.
C’est une évidence même !
Il faut avouer que nous ne sommes pas aidés dans l’Édition. Comment faire alors pour promouvoir, pour développer, pour médiatiser… et enfin, mettre en place un véritable mouvement continu dans cette activité ?
D’autant plus que, tout le monde sait que le livre est l’atout majeur pour la publicité touristique d’un pays, contrairement aux quelques affiches placardées dans un métro parisien à prix exorbitants.
Les Guadeloupéens qui nous font l’honneur de constituer notre groupe de relecture ne peuvent pas, ne peuvent plus pratiquer éternellement le bénévolat. Il s’agit d’un vrai travail !
De l’amateurisme, il faut aujourd’hui passer à un réel professionnalisme et ce passage a inévitablement un coût. La Guadeloupe serait-elle le seul pays où l’on souhaite en permanence l’excellence par un coup de baguette magique ?
Tout le monde parle « d’excellence », le mot est aussi à la mode que « lyannaj » ! Mais ne s’agit-il pas tout simplement d’un effet de mode du vocabulaire ? Ça devient même un tic de langage qui alimente tous les discours !
Comment stimuler le secteur éditorial ?
Quels sont les efforts à fournir pour faire évoluer en « qualité et en résultat » la production du livre dans notre cher pays ?
Qu’est-ce qui nous empêche d’avoir dans les trois ans à venir notre Goncourt aussi, et pourquoi pas, même notre nouveau Césaire ? Il est grand temps que nous sachions ce que nous voulons et surtout que nous mettions en œuvre ce qu’il faut pour y parvenir !
Vous devez savoir qu’un roman de quatre cents pages en format livre revient à mille huit cents euros en lecture-relecture et correctifs.
« Un » livre du même format coûte en Imprimerie locale entre douze et quinze euros. Ce qui est inadmissible !
Ce livre est proposé en librairie entre dix-huit et vingt euros, sachant que le libraire réclame cinquante pour cent sur les ventes, même en dépôt-vente… On comprend alors immédiatement où se situe le grand malaise de l’Édition dans ce pays et point n’est besoin d’être énarque pour l’analyse de la rentabilité d’une petite société d’Édition !
Si l’Éditeur veut s’en sortir dans ce domaine, il doit absolument avoir en arrière-cour son imprimerie, ce qui est un autre métier et qui coûte horriblement cher en investissement. Il doit avoir aussi ses librairies pour la diffusion. Il doit être de A à Z dans la chaîne du livre s’il veut maîtriser et perdurer dans le secteur.
On ne peut pas au nom d’une désorganisation quasi anarchique mettre tant d’énergie pour atteindre enfin le but de dénicher quelques bons Auteurs. C’est une affaire de politique régionale !
Qui est alors prêt à se « mouiller » pour réussir ce pari ? Pas grand monde à l’horizon, c’est du boulot, des journées et des nuits interminables de travail.
L’écriture est un sacerdoce pour lequel les heures de labeur ne sont pas facturables ! Ceux qui connaissent savent de quoi on parle !
En tout état de cause, l’Éditeur est l’élément essentiel de l’existence du livre et de l’Auteur. Sans le travail de l’Éditeur, il n’y a ni Auteur, ni livre, et, par conséquent probablement pas de libraire.
Pour compliquer davantage cette filière, un autre métier est venu à l’Américaine s’inviter dans le bal, c’est « l’Agent littéraire ou l’Agence littéraire ».
Cette entité défend les droits de l’Auteur, propose le correctif des manuscrits et se charge de trouver un Éditeur pour ce dernier, prenant encore au passage sa marge sur le livre.
En matière d’Édition locale, comme pour tout domaine culturel en général, il faut de l’argent, beaucoup d’argent. Il faut un budget conséquent, et ce, du manuscrit à la publication. Et c’est au moment seulement où le livre est en librairie, que véritablement tout le travail médiatique peut alors commencer.
Comment promouvoir l’auteur et de sa publication ?
Il y a en règle générale les dédicaces en librairie, les conférences, les rencontres scolaires, les rendez-vous en club de lecture, les passages en médiathèques, en radio, en télévision (canal 10) et les reportages.
Afin de sortir de ce circuit routinier, il faudrait faire de même en Martinique, en Guyane, en Métropole et pourquoi pas mener une politique médiatique similaire dans certains pays de la Caraïbe et même sur le Canada, si on veut réellement parler de promotion et toucher le maximum de lectorat afin de faire ressortir en définitive l’excellence du pays de Guadeloupe.
Il est évident que la production doit se retrouver dans toutes les librairies de ces différentes contrées, ce qui signifie un quantitatif conséquent en terme de tirage, pour satisfaire toutes les commandes et les traductions en anglais et en espagnol.
On voit clairement que l’émergence d’un Auteur réside aussi dans la promotion soutenue de celui-ci par l’Éditeur et par une occupation géographique de certains espaces littéraires indispensables au-delà du simple espace guadeloupéano-guadeloupéen.
Sachant, a priori, que nous avons, bien sûr en mains, substantiellement la matière première capable de dépasser les horizons. Ce potentiel est là !
En vérité, c’est le manque de moyens qui fait que, dès le correctif du manuscrit, on pèche à atteindre cette excellence tant souhaitée puisque les neuf re-lecteurs se réduisent à un.
Beaucoup d’Auteurs en France sont connus parce qu’ils sont souvent sur les plateaux de télévision, dans toutes espèces d’émissions et il en est de même pour les émissions radiodiffusées.
Ils occupent perpétuellement le devant de la scène, participant à longueur de temps à tous les débats. Il existe en France un véritable tremplin journalistique et médiatique qui assure régulièrement l’émoustillement de cette dynamique culturelle souhaitée et recherchée.
Le Centre National du Livre aide facilement les jeunes Auteurs et met souvent en place des bourses d’écriture et des résidences pour les Auteurs afin d’optimiser au mieux leur production. Ce n’est pas le cas chez nous ! Il n’existe pas d’Auteur à temps plein en Guadeloupe. Quel est le nom du Guadeloupéen qui a bénéficié d’une résidence d’artiste ou d’une bourse d’écriture pour un projet de roman sur un an et demi ou deux ans ? Qui ?
On finit toujours inconsciemment par buvariser ces derniers Auteurs de France grâce aux médias et au fur et à mesure ils rentrent dans la masse des Écrivains. Le prix littéraire n’est pas indispensable a priori, c’est la cerise, c’est d’abord le partage et l’échange de la pensée qui font avancer un pays, puis connaître et reconnaître un Auteur.
Il faut savoir que toute cette stratégie alimente, régénère, fortifie et contribue à l’élévation de l’imagination du Pays. Par conséquent, l’intelligence collective progresse en même temps.
Ce qui est positif dans une telle tactique, c’est le fait qu’il y ait débat, discussion et d’innombrables permutations orales ou écrites autour du livre en général par rapport aux différentes idées traitées.
On donne malheureusement trop peu de valeur aux « idées » dans notre pays sachant a priori que nous n’avons aucune matière première. Où se situe alors notre richesse ?
Aucun livre n’est écrit pour son Auteur dans la mesure où tout écrit devient systématiquement un bien national donc public.
Tout est irrémédiablement question de moyen et de volonté ! On parle de politique de l’excellence, encore une fois, ce n’est qu’un contenant, on met quoi dedans, avec qui et pourquoi ?
Le grand frein dans notre Guadeloupe est qu’il n’existe aucune émission culturelle gravitant autour de l’art ou tout simplement autour de la littérature en général, que ce soit au niveau télévision ou radio.
C’est un triste constat ! Comment supposer qu’une entreprise comme RFO n’ait aucune place pour la littérature dans ce pays ? Or il existe un prix RFO du livre. C’est à ne rien comprendre, cherchons l’erreur !
Il est encore plus triste de constater que personne ne s’en offusque ! Personne ne dit mot, et il faudra encore que le LKP vienne s’en mêler !
Quand une émission essaie d’exister, on vous reproche que ce créneau ne soit pas rentable. Tout ce qui est capable d’élever l’esprit du jeune guadeloupéen coûte soi-disant toujours trop cher !
L’argent reste et demeure le seul critère de tout jugement quand il s’agit de dossier touchant à la culture.
On n’est pas capable d’organiser un Salon du livre localement digne de ce nom. Quand on met en place un Congrès des Écrivains de la Caraïbe, on oublie « volontairement » plus de la moitié des Auteurs locaux. On règle des comptes au lieu d’avoir une hauteur de vue au-delà de la bêtise, puisque nous parlons de culture !
On pousse l’idiotie très loin, à oublier même des Sociétés d’Éditions qui opèrent dans l’île depuis plus de dix ans et qui ont déjà publié une quinzaine de Guadeloupéens.
On va chercher toutes espèces d’Écrivains et toutes espèces d’Éditeurs de la Caraïbe et autres… pour faire foule et pour meubler un Congrès au point où, au dernier jour de ce congrès, on se rend subitement compte que l’on a oublié l’objet fondamental d’un Congrès des Écrivains qui est le LIVRE lui-même.
Il n’y avait pas un seul livre à lire, à offrir ou à acheter dans cette grandiose organisation ! Cherchons l’erreur !
C’est toujours les mêmes, encore une fois qui se battent pour être à la tête de tout. Ils n’ont même pas encore parlé que l’on sait a priori tout ce qu’ils vont dire tellement le discours est rassasiant.
C’est toujours les mêmes, qui organisent les événements culturels dans un esprit partisan, sectaire, clanique, rétrograde, petit et mesquin, au lieu de jouer l’ouverture pour l’élévation de l’âme guadeloupéenne. On parle pourtant de culture !
C’est toujours les mêmes, qui attribuent les résidences d’Artiste, les aides et subventions dans ce domaine. Bel adage qui dit : « on n’est jamais si bien servi que par soi-même« . On parle pourtant de culture !
C’est toujours, et rien que les mêmes, qui sont invités dans les pays en qualité de « seul » écrivain guadeloupéen, évidemment puisqu’ils s’arrangent dans les administrations pour bénéficier de toutes sortes d’invitations possibles et imaginables. On parle pourtant de culture !
Puis, ils vous disent « Je suis invité à Tokyo ou à Rome. Samedi dernier j’étais à Cuba. On m’a invité dernièrement à New York etc. Je suis traduit en anglais, en espagnol et même… en japonais ». Bravo ! On parle pourtant de culture !
Quand de nos propres deniers, nous arrivons à présenter enfin un de nos Auteurs dans un pays quelconque (ne serait-ce qu’en Martinique ?), les gens sont stupéfaits et heureux d’entendre un discours neuf, totalement nouveau, dépourvu de stéréotypes, sans masque et sans fard, venant comme d’ailleurs et surtout d’une vision générationnelle différente.
Que dire de plus, et quoi faire ?
Il est judicieux que le LKP puisse dénoncer toutes les « pwofitasyon«  d’ordre historique, capitaliste et politique dans ce pays… mais il va falloir aussi dans le jeu des États-Généraux, des assises et autres rencontres à venir… que chacun procède à une véritable auto-analyse pour un mieux être guadeloupéen.
Nous avons nous aussi, pour ne pas dire surtout, la grande responsabilité de réussir notre pays !
Nous espérons que certains se regarderont dans un miroir pour se demander en toute sincérité, ce qu’ils ont réellement déjà fait pour le Pays, pour le Peuple, après tout ce que le pays a déjà fait pour eux.

Grand-Bourg le, 07/05/2009///Article N° : 8662

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