Questions de vocabulaire

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On admet communément que le mot gnaoua provient du nom de la Guinée ou du Ghana. Ce sont en réalité les Imazighen qui qualifiaient d’Ignaouène (singulier Agnaou) tout groupe social avec qui ils ne pouvaient communiquer à cause de l’ignorance de son dialecte. Exactement comme les Grecs appelaient Barbares les peuples ne parlant pas leur langue. Le mot Barbare (braber en arabe dialectal) a été transmis par les Marocains arabophones puis repris par les Français qui en ont fait le mot Berbère (terme d’ailleurs péjoratif pour désigner les Imazighen). Un autre exemple illustre cette stratégie défensive d’une identité menacée : le fruit de cactus appelé en Europe figue de Barbarie est désigné au Maghreb par figue des chrétiens (karmousse n’sara).
Les Gnaoua de la ville d’Essaouira sont arabophones et adeptes de Sidna Bilal tandis que ceux de sa campagne sont berbérophones et adeptes de Lalla Mimouna, dite aussi Lala Krima. Ce deuxième groupe de Gnaoua ruraux et appelé les Ganga, terme qui veut dire tambour, seul instrument avec les crotales qu’ils utilisent pour jouer.
Cependant, les membres de cette communauté n’aiment pas qu’on les appelle Ganga ni Gnaoua berbères. Par contre, ils apprécient fortement qu’on les appelle Isemgane (singulier Ismeg), qui veut dire noir en dialecte chleuh.
Les Isemgane se marient rarement en dehors de leur communauté et retournent astucieusement en leur faveur les anecdotes, blagues ou proverbes de la culture adverse visant à les inférioriser.

///Article N° : 572

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