En photographiant les jeunes filles modernes à marier de Tamatave, Rena met en lumière une culture vestimentaire malgache qui s’étiole.
En 1995, Rena achète un appareil Kodak KB10, un peu pour faire comme tout le monde, mais surtout pour photographier sa famille et immatérialiser leurs souvenirs. En 2002, l’entreprise d’allumettes dans laquelle il est employé à Tamatave ferme ses portes. La photographie devient alors pour lui le moyen de continuer honorablement de faire vivre les siens. A la recherche du badaud désireux de se faire tirer le portrait, il sillonne alors par tout temps les rues et avenues de cette ville qui marque la pointe nord du canal des pangalanes. Véritable photographe ambulant, il est invité aux mariages, aux baptêmes, aux cérémonies pour être ce témoin privilégié qui fixe sur sa pellicule les moments les plus doux que réserve la vie à tout un chacun. Les yeux grands ouverts sous sa visière et sur son quotidien, il s’aperçoit que la mode vestimentaire des jeunes filles de Tamatave subit les influences culturelles extérieures des Européens, des Américains, des Asiatiques ou encore des Arabes. A l’occasion d’une formation de neuf mois sur la notion de projet photographique et dispensée à partir de septembre 2009 par le photographe français installé à Tamatave, Philippe Gaubert, il entreprend la réalisation de la série photographique « La mode à Tamatave ». Selon lui « il y a une évolution évidente des murs et donc de notre culture du fait de la mondialisation. Du coup, la culture vestimentaire malgache est en train de disparaître en ville comme dans les villages de brousse. Cela tend à créer une uniformité dans l’habillement et donc une perte relative de notre identité respective. Les jeunes filles modernes à marier de Tamatave pourraient être de partout ailleurs. Elles sont le reflet du monde extérieur. Agitées par les tensions médiatico-culturelles qui définissent les critères selon lesquels il faut paraître pour être ».
Aujourd’hui, Rena a laissé derrière lui sa casquette de photographe commercial pour celle d’auteur. Avec d’autres photographes de Tamatave, il réfléchit à la manière d’impliquer les entreprises et les bailleurs dans le développement d’une photographie de genre, tournée vers l’Autre, l’Histoire, le Monde et au service de la culture malgache.
1er septembre 2010 ///Article N° : 9689