Nous n’avons pas la prétention de croire un seul instant que nous possédons des qualités ou pouvoirs d’exhumer des photographes anciens. Depuis l’essor en 1994 de la photographie africaine, il est de coutume ou de mode de présenter les clichés de photographes des époques nostalgiques.
Nous louons plutôt cette politique qui permet à beaucoup de nos pionniers de connaître une certaine reconnaissance dans leurs derniers jours
et de goûter au plaisir des efforts de tant d’années de dur travail.
C’est aussi en faveur des générations à venir qu’ils ont dépensé leur énergie à produire des images, même s’ils n’en étaient pas souvent conscients.
Avec cette exposition monographique que nous lui consacrons, nous voulons tout simplement, dans la mesure de nos possibilités, mettre en honneur Paul Kodjo, notre doyen.
Paul est né en 1939 dans la forêt de Banco à Abidjan. Il travaille à Abidjan Matin, devenu aujourd’hui FraternitéMatin, quotidien ivoirien.
En 1966, il part en France où il fait l’école ABC, une école pluridisciplinaire parisienne. Puis, il ouvre, toujours à Paris, son studio photo, dans le 9e arrondissement, au 13bis rue Laffitte. A cette adresse vont défiler de nombreux artistes et personnalités africains. Il collabore également avec la presse en France.
Puis, en 1973, il obtient le Grand Prix International de Reportage Photographique.
Un an après, il retourne dans son pays et, jusqu’en 1985, il enseigne à l’Institut National des Arts (INA) aujourd’hui INSAAC.
Paul réunit des atouts artistiques et surtout humains, lesquels, par moments, laissent croire à une certaine forme de naïveté. Toujours souriant. Il n’était pas difficile de le distinguer des autres par sa raie dans les cheveux et son nud papillon.
« Je vis à travers la photo », confiait-il dans un numéro de FraternitéMatin du 1er décembre 1969. Après le photoreportage, il se consacre au cinéma. C’est ainsi qu’il participe à de nombreux tournages de film en tant que directeur de la photographie et photographe de plateau. Il anime pendant longtemps la rubrique Photo Roman de l’hebdomadaire ivoirien Ivoire Dimanche dans lequel il met en scène de nombreux acteurs ivoiriens connus.
Paul, le metteur en scène. Paul, le reporter officiel. C’est la Côte d’Ivoire des années 60, 70 et 80.
Aujourd’hui, il vit retiré dans une petite ville du Ghana à 21km de Elubo. Là, il s’occupe beaucoup plus de sa plantation et répond par moments, en tant directeur de la photographie, à des commandes de films publicitaires.
Ses clichés méritent qu’on les sortent des deux malles dans lesquelles ils sont entreposés et où ils subissent les dommages de l’humidité.
Les Rencontres du Sud lui rendent hommage en présentant un échantillon de toute sa richesse photographique. Nous souhaitons que cette initiative ne soit que le prélude d’une consécration plus importante.
///Article N° : 2247