Pas de projection presse pour Stomp the Yard, on cherche à éviter les critiques sévères des professionnels pour privilégier l’a priori positif des spectateurs et le bouche-à-oreille. C’est effectivement la démarche à adopter pour ce méga navet absolument prodigieux. Dès les premières images, on tombe en effet dans l’univers enivrant du » stepping « , une des spécificités des universités noires américaines dont les petits-bourgeois enrôlés dans les multiples et puissantes fraternités imitent les danseurs virtuoses des ghettos, exclus de ce monde de privilégiés.
Inutile de critiquer le scénario shakespearo-molièresque ou ses branches socio-politico-patriotiques. DJ le jardinier ne peut pas aimer April, fille du doyen de l’université, car une secrète querelle sépare leurs parents
mais de quiproquos en heureuses coïncidences, les amants contrariés finiront par triompher. Les spectateurs français découvrent la ségrégation historique des universités américaines, s’étonnent de la rigidité militaire des fraternités et du réseau social qu’elles constituent, s’esclaffent des coups de foudre à répétition et des déclarations mièvreuses qui les accompagnent, relèvent les insultes homophobes et les » Notre Père » récités en groupe avant la finale, pour finalement ne retenir que cette volonté absolue de se dépasser, de faire du beau, du grand, du spectaculaire intelligent et drôle, d’exprimer la nouveauté dans la tradition, de construire ensemble pour savourer la victoire. Après School Daze (Spike Lee, 1988) et Drumline (Charles Stone III, 2002), le stepping est toujours aussi étourdissant, même si le message politique ne cesse de s’édulcorer.
avec Columbus Short, Meagan Good, Ne-Yo
Directeur photo : Scott Kevan///Article N° : 5954