Trois femmes, deux Gabonaises et une Marocaine. Y a-t-il une peinture féminine ? La diversité et l’individualité dominent
Chercher les racines traditionnelles me semble pertinent. Malgré les interdits coraniques au moins inconscients, le Maroc a une tradition d’art plastique. L’abstraction y est plus normale que le figuratif. Architecte née à Fès en 1964, Rajae Faddi Salam s’est orientée vers la peinture et fit les Beaux Arts en 1982. Au Parc Floral, dans le bois de Vincennes à Paris, elle expose paysages et instruments de musique qui la montrent sensible aux leçons du cubisme. Dans une « période bleue », elle exprime des sentiments d’harmonie avec le monde. Des personnages féminins lui permettent de glorifier mères et enfants, en entourant les silhouettes noires de fil d’or. Mais c’est dans la calligraphie qu’elle est la plus saisissante. Rêvant sur les formes des lettres arabes, elle sépare la forme de ses connotations. Prenant la lettre à l’envers, elle la rend indépendante de son sens habituel et peut donc la traiter comme un graphisme neutre. Comme les taggers, elle révèle ainsi des formes inattendues et mystérieuses.
L’emploi de matériaux divers, de collages, d’insertion de papier permet de renouveler le genre pictural. Le tableau devient un objet en soi, autre que l’habituel plan rectangulaire. Raya Faddi utilise les ressources de matières pour créer autour de ses toiles des impressions diverses, du rugueux au velouté; des fils ou des cordes affirment des contours, soulignent des transitions et sculptent des volumes.
Martine Nze est née à Paris en 1954. Son père, Fang de Libreville, et sa mère normande lui ont-ils légué des gênes de graphiste et de coloriste ? Signes, lignes, pointillés suggèrent des directions ; des couleurs claires évoquent légèreté et transparence.
La Galerie du Jardin (65 rue du Moulin vert) exposait en même temps l’uvre d’une autre artiste gabonaise, originaire du groupe Pussu, dont les anciens taillaient les fameux masques blancs au faciès asiatique. Par ses voyages, Mam Këk a trouvé sables, terres, coquillages. Comme Antee retrouvait forces en touchant la Terre, elle pense que ses tableaux l’aident à retrouver son passé. Elle invente des caractères, façon de retrouver les images de l’inconscient collectif qui engendrèrent les alphabets?
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