Un collectif contre la négrophobie en Belgique

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Depuis deux ans, le collectif Mémoire coloniale et lutte contre les discriminations fédère une centaine d’associations en Belgique.

En 2012, naissait le collectif Mémoire coloniale et lutte contre les discriminations. Autour d’un noyau d’une quinzaine de personnes, il rassemble 140 associations africaines de Flandres, Bruxelles et Wallonie. Soiresse Njall Kalvin, écrivain d’origine togolaise, est coordinateur du collectif : « Nous prenons position sur toutes les formes de racisme. La question de la mémoire coloniale et de l’esclavage concerne l’ensemble des Belges et des Européens. Étant enseignant dans une province aisée, le Brabant Wallon, je suis bien placé pour savoir que cette histoire coloniale n’est pas du tout connue de nos élèves ! » Et en particulier, le lien historique existant entre la Belgique et les populations issues de ses anciennes colonies, le Congo, le Rwanda et le Burundi.
Un chantier de mémoire
La Belgique a du mal à regarder ce passé colonial en face. Un retard que le collectif entend bien pallier par des actions de terrain : « Nous ne sommes qu’au début de ce travail. En France, le débat porte sur la justice et la réparation. Ici, nous n’en sommes qu’à la reconnaissance ». Dès sa création, le collectif a fait du lobbying auprès des partis politiques et de la société civile pour faire connaître son combat : « Lors de notre colloque fondateur avec les historiens Elikia M’bokolo et Antoine Tshitungu, nous avons publié des actes sur le lien entre la propagande coloniale et les discriminations que subissent les Noirs aujourd’hui. C’était une première en Belgique ». Autre initiative organisée une fois par mois par le collectif : les « visites guidées anti-coloniales », autour de monuments de Bruxelles : « Nous sommes agréablement surpris d’y voir des personnes de toutes origines et de tous âges. Les parents viennent avec leurs enfants pour apprendre cette Histoire dont ils ont été privés, qui fait un peu honte et qui fascine ». Dans cette démarche de réconciliation nationale, difficile de faire l’impasse sur le controversé Musée royal de Tervuren : « Les touristes étaient fortement ébranlés par son côté propagandiste en faveur de la colonisation. Les Africains refusaient même d’y mettre les pieds. Les nouveaux dirigeants se sont dit qu’il y avait une nouvelle image à apporter au musée. Sous la pression des associations africaines, le musée a décidé de fermer et de se rénover complètement sur la forme et le fond. Pendant ce laps de temps, nous sommes consultés sur la manière dont ce musée doit être reconstruit en 2017 ».
Climat négrophobe
Le collectif dénonce un climat raciste grandissant et les dérapages de la N-VA, parti nationaliste flamand présent au gouvernement et dont le président a été élu maire d’Anvers en 2012 : « Il a coupé dans les budgets sociaux et culturels en sachant que la majorité des citoyens d’origine étrangère d’Anvers travaillent dans ces secteurs. Et la libération de la parole raciste dans les médias français nous impacte par ricochet. De plus, depuis plusieurs mois, on nous rapporte dans le pays des bavures policières, des interpellations de Noirs qui finissent dans le sang ». À savoir que la Ligue des droits de l’Homme a mis en place un Observatoire des violences policières en Belgique (1) afin de récolter des informations et témoignages pour « établir une typologie et une cartographie indiscutables des actes d’agression ».

(1) www.obspol.be/index.pPlus d’infos: www.memoirecoloniale.be///Article N° : 12670

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