Un ouragan nommé fraude a frappé le Kenya

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Africultures n’a pas pour vocation ni pour habitude de publier des textes sur la politique. Mais, compte tenu de l’actualité, cette analyse globale – qui n’engage que son auteur – sur la crise actuelle qui déstabilise le Kenya, nous a parue intéressante à partager avec nos lecteurs, quitte à susciter débats et commentaires…

Longtemps considéré comme un pôle de stabilité et de relative prospérité en Afrique de l’Est, le Kenya est déchiré depuis 3 semaines par des troubles violents. Que se passe t-il ? En tant que kenyane vivant en France, je ne peux m’empêcher de revenir sur ces évènements tragiques qui me bouleversent et je vais essayer d’éclairer certains aspects de ce drame.
Revenons au scrutin des élections législatives, présidentielles et municipales. La participation a été très élevée puisqu’elle est estimée à 70 % – 80 % de votants contre seulement 55 % en 2002. Oui, cette élection a été vécue comme une occasion historique par des millions de Kenyans. Le 27 décembre 2007, quitter sa maison à cinq heures du matin, parfois le ventre vide, n’était rien. À l’image de nos grands marathoniens des hautes terres, la longue distance parcourue pour atteindre les bureaux de vote, n’était pour la majorité, que marcher vers l’espoir du changement.
Trois élections se sont donc déroulées au même temps. Pourtant, on parle peu des élections législatives, gagnées officiellement par l’opposition. Or, il est difficile d’imaginer qu’un électeur qui choisit un député de l’opposition va dans le même temps, faire un choix différent pour la présidentielle. L’opposition s’est retrouvée nettement en tête dans six provinces sur huit. Seules deux provinces situées au Centre et à l’Est du pays ont donné la majorité au Président sortant. Même dans cette dernière région, le résultat a été très serré entre le parti ODM – Kenya de Kalonzo Musyoka, aujourd’hui rallié au nouveau gouvernement et le parti de Charity Ngilu qui était jusqu’en octobre 2007, la ministre de la Santé de Mwai Kibaki. C’est une des femmes les plus importantes de la politique kenyane et aujourd’hui, elle est l’un des 7 leaders du Pentagon, le noyau dur du Mouvement Démocratique Orange (ODM) du chef de l’opposition, Raila Odinga. Elle a été limogée le jour même où elle a assisté à l’investiture de ce dernier à la tête de l’opposition kenyane.
Pour les élections présidentielles de 2002, le parti de Mwai Kibaki et celui de Raila Odinga avaient formé une coalition alors baptisée Arc-en-ciel pour battre le régime sinistre, miné par la corruption de l’ancien président, Daniel Arap Moi. Ils avaient alors, signé un accord, le Mémorandum de compréhension, selon lequel s’il était élu président, Kibaki ne solliciterait pas de deuxième mandat en raison de son âge, il s’attaquerait sérieusement à la corruption et surtout, il ferait réformer la constitution. La nouvelle constitution devait créer un poste de Premier Ministre disposant de vrais pouvoirs, un poste promis à Raila Odinga. Mais, dès sa réélection, Kibaki s’est rapproché des vieux caciques dont quelques noms kikuyu, anciens barons du régime de Daniel Arap Moi, souvent corrompus. Les ennemis d’hier deviennent alors, inséparables. Les ministres qui s’inquiétaient des énormes scandales de corruption ou du piétinement de la réforme de la constitution, sont limogés et remplacés par ceux-là mêmes qu’ils avaient combattus en 2002. C’est ainsi que l’ODM, le Mouvement Démocratique Orange est né, regroupant des déçus de la coalition Arc-en-ciel, issus de toutes les régions du Kenya.
La bataille présidentielle ne s’est donc pas jouée entre les Luos, ethnie de Raila Odinga et les Kikuyus, ethnie de Mwai Kibaki comme cela est parfois dit, mais bien entre le pouvoir et l’opposition. La question tribale a été instrumentalisée pour brouiller les pistes. Pour présenter le peuple Luo comme l’agresseur alors que, dans le même temps, la police terrorisait la jeunesse, à Kisumu, la plus importante ville luo de l’Ouest du pays. Les aéroports
ont été fermés et les routes barrées pendant plusieurs jours de façon à ce que les médias du
monde entier ne puissent pas nous montrer ces images. À Kisumu, depuis le début des troubles, au moins 110 personnes, souvent des jeunes, ont été tuées par la police. Un Président et un gouvernement qui ordonnent de tirer à balles réelles sur des manifestants désarmés, y compris sur des enfants, symbolisent un pouvoir qui, pour le moins, a perdu contact avec la réalité.
Le troisième candidat à ces élections présidentielles, Kalonzo Musyoka est un ancien membre de la coalition ODM, qui aurait aimé être le candidat présidentiel unique de l’opposition pour ces élections. N’ayant pas réussi à l’être, il quitte le navire quelques mois à peine avant les élections, créant son propre parti. Il a cependant gardé le même nom que celui de l’opposition mais en rajoutant le mot Kenya à la fin, pour les différencier. Sa formation s’appelle ainsi, l’ODM – Kenya. Chef de son parti, il se jette dans la course pour la conquête de ce fauteuil si convoité mais sa démarche a été peu convaincante puisqu’il n’a recueilli que 16 % des voix. Malgré ce score modeste, Kibaki l’a nommé Vice – Président, trop heureux de récupérer ses 16 sièges de députés à l’Assemblée Nationale.
Le début de l’inimaginable se situe le 30 décembre 2007 à dix-sept heures trente précises, à l’annonce officielle des résultats. En fait, le scrutin s’est déroulé sans la moindre fausse note. En revanche, la proclamation des résultats favorables au président sortant a déclenché des violences sans précédents qui on fait jusqu’ici plus de 700 morts et presque 300 000 déplacés. Une récapitulation de ces quatre jours qui ont plongé un pays réputé calme dans le chaos et l’impasse dont personne ne connaît l’issue, s’impose. Une crise que M. Kibaki et son gouvernement persistent, contre toute évidence, à nier !
Jeudi, 27 décembre 2007 : la participation dans les bureaux des votes est impressionnante, inégalée.
Vendredi, 28 décembre : les résultats de l’élection législative tombent : 22 ministres sur 33 de Kibaki sont sèchement battus, parmi eux le Vice-président. La majorité des Kenyans montrent ainsi leur volonté de tourner la page. Pour les législatives, l’ODM de Raila Odinga est en tête dans six provinces sur huit. L’ODM remporte 99 sièges de députés sur 210 contre 43 pour le PNU, le parti du président sortant. ODM – Kenya de Kalonzo Musyoka, le troisième candidat, emporte lui 16 sièges. Les 52 sièges restants sont partagés entre des petites formations. Clairement, l’opposition est majoritaire à l’Assemblée Nationale et, depuis, a logiquement hérité le 15 janvier des deux postes de Président et de Vice – Président du parlement.
Samedi, 29 décembre : tous les résultats sauf ceux de la région Centre, le fief du président sortant et ceux de la province de l’Est, la région de Kalonzo Musyoka ne sont pas communiqués. Pire encore, 51 responsables de bureaux de vote ne répondent plus au téléphone et personne ne sait où ils se trouvent. Les observateurs de l’Union Européennes et d’autres observateurs internationaux ne sont plus les bienvenus au Kenyatta International Conférence Centre, lieu de centralisation de tous les résultats. Chacun est persuadé que quelque chose d’inhabituel qui ce prépare.
Dimanche, 30 décembre : la tension est à son comble. Le président de la Commission électorale, Samuel Kivuitu, prononce la victoire du président sortant. Monsieur Kivuitu est ensuite escorté au State House, la résidence présidentielle, où un juge et quelques fidèles attendent pour la prestation de serment. Tout se déroule très vite, sur la pelouse de State House : Mwai Kibaki est intronisé en catimini Président de la République, sans aucune cérémonie officielle. La population consternée, découvre ces images à la télévision mais aussitôt, toute couverture en direct de l’information à la télévision et à la radio est suspendue jusqu’à nouvel ordre ! De très nombreuses irrégularités seront observées par les nombreux observateurs internationaux qui feront dire aux principaux partenaires du Kenya comme l’Union Européenne et les États-Unis que l’élection a été truquée.
Le président de la Commission électorale qui a proclamé la victoire de Mwai Kibaki avec seulement 230 000 voix d’avance sur près de 8 millions de votants, s’est rétracté le 2 janvier 2008, révélant avoir procédé à cette annonce après avoir subi de fortes pressions du pouvoir et de l’ODM Kenya de Kalonzo Musyoka. Ne connaît-il pas le vainqueur de ces élections ? On peut se le demander. Cet avocat de profession nous a trahis ! Il connaît pourtant parfaitement le code électoral et sur ce qu’il convient de faire au cas de litige. Oui, il aurait dû retarder cette annonce de 48 heures pour revérifier le décompte, ainsi que la loi le stipule !
Un rapport dénonçant l’étendue de fraudes accuse les responsables de la Commission Électorale Kenyane (ECK) vendredi 18 janvier, d’avoir manipulé les résultats de certaines circonscriptions pour garantir la réélection de Kibaki. Le document, intitulé « le compte à rebours vers la fraude : les 30 heures qui ont démoli le Kenya« , basé sur le témoignage, heure par heure de quatre observateurs nationaux qui ont assisté à la dernière étape de dépouillement des résultats du scrutin à Kenyatta Internationale Conférence Centre, les 29 et 30 décembre. Les anomalies, négligences et illégalités commises dans au moins 50 des 220 circonscriptions du pays sont si grossières qu’elles ont modifié complètement les résultats de l’élection présidentielle.
Le nombre d’électeurs entre les présidentielles et législatives organisées le même jour donne 325.131 électeurs de plus à la présidentielle qu’aux législatives. Après minuit le 30 décembre, l’un des membres de l’ECK appelle un observateur qui a aussi travaillé sur le rapport publié vendredi, 28 décembre, pour lui demander s’il est au courant de l’incroyable chose qui se fabrique au centre de dépouillement. « Il affirme alors, que les maquillages ont été programmés et ne sont pas dus au hasard ».
Comment les millions d’électeurs kenyans, y compris les plus pauvres qui ont cru à la promesse d’un changement, pourraient croire encore à la démocratie après un tel déni ? Je me le demande. Le constat des espoirs bafoués par les dirigeants, qui se moquent de la souffrance des millions de citoyens, dont beaucoup vivent sous le seuil de pauvreté, est insoutenable. Ces ministres comptent parmi les mieux payés au monde et bénéficient d’une couverture leur permettant d’être soignés dans les meilleurs hôpitaux du pays ou en Europe pendant que, dans les bidonvilles, la majorité de la population n’a pas accès aux soins élémentaires.
L’amertume et le désespoir sont immenses, la défiance totale vis-à-vis de ce président et de son gouvernement, restreint nommé le jour même où le président de l’Union Africaine, Mr Kufuor, arrive à Nairobi pour essayer de recoller les morceaux. Je dirais même que c’est une provocation de plus après les fraudes massives qui sont à l’origine des massacres qui viennent d’engloutir l’espérance d’un pays qui s’est battu sans relâche pendant vingt ans, pour bâtir pierre par pierre, une démocratie fragile mais réelle. Mais, voilà un président presque octogénaire qui aurait pu couler des jours heureux après avoir servi la nation, qui aurait pu jouir d’une retraite dorée, garantie jusqu’à son dernier souffle et qui au contraire, nous replonge dans les ténèbres les plus profondes. Est-ce l’amour du pouvoir à tout prix qui le rend aveugle ? Cette manière de verrouiller toutes les portes à l’adversaire compromet gravement les conditions de la médiation internationale qui souhaite évidemment résoudre la crise.
Nous avons toujours vécu ensemble sans demander au voisin ou à la voisine à quelle ethnie il appartenait. Pourquoi donc, entend-on ici ou là dans certains médias, fait-on croire au monde entier que les membres de l’ethnie Luo attaquent ceux de l’ethnie Kikuyu. C’est inexact ! C’est un ouragan nommé fraude qui a frappé tous les Kenyans où qu’ils soient.
Dans le quotidien Daily Nation daté du 8 janvier 2008, le journaliste, Macharia Gaithi fait un long commentaire. Il écrit : « c’est dans la vallée du Rift que se trouvent les génies de la violence, les kalenjin warriors, des milices créées de toutes pièces dans les années 90 par l’ancien président Daniel Arap Moi pour se maintenir au pouvoir. Malheureusement, ce sont encore eux qui ont organisé des campagnes d’épuration postélectorale contre des kikuyus qui habitaient dans cette région verdoyante d’Eldoret »
Il parle ouvertement des Mungiki, une secte ou milice kikuyu. Auparavant, dans les terres kikuyu, personne n’osait parler ouvertement de cette milice par peur de représailles. Le régime de Kibaki, a-t-il créé une unité de milices mungiki, pour faire pièce à ces kalenjin warriors de la Vallée de Rift comme dit M. Gaithi ? « Lors des violences qui ont enflammé les bidonvilles autour de Nairobi, ces mungiki se sont comportés comme les véritables chefs des troupes Kikuyu qui affrontaient toutes les autres communautés. Si les kalenjin warriors étaient la milice officieuse du gouvernement d’Arap Moi, on peut dire que les mungiki jouent un rôle similaire pour ce régime. » À t-il écrit.
Il est triste de constater que ces jeunes oubliés de la société se battent contre d’autres pauvres, s’entre-tuent, brûlent les maisons de leurs voisins. Un pauvre lynchant un autre, c’est le comble de l’horreur ! Évidemment, il y a quelques éléments très guerriers et très destructeurs, qui ont profité de la situation pour d’extérioriser la colère à la machette. Ils n’ont pas cherché à savoir si leurs voisins ont voté pour l’opposition ou le pouvoir. C’est la douleur peut être, qui a dominé la raison. Plusieurs parmi eux, sont tombés, tués à balles réelles par les forces de l’ordre excessivement brutales.
Les gens de la classe moyenne continue à vivre presque comme avant. Ils fréquentent les mêmes bars, regardent le journal télévisé ou le foot. Dans ces bars, la politique est le sujet préféré. Dans tous ces endroits, l’ambiance est multi-tribale : Kikuyu, Luo, Kamba, Digo, Somali, Giriama, Kisii, Luhyia. Tous les lieux touristiques sont intacts, vides et calmes.
C’est le paradoxe de ce conflit qui touche de manière injuste les pauvres.
Cependant, la tempête qui secoue, aujourd’hui, ce berceau de l’humanité ne correspond pas seulement à l’élection contestée mais aussi, à une accumulation des faits provoqués par des institutions inadaptées à la situation actuelle. La constitution kenyane n’a pas été renouvelée depuis l’indépendance et ces institutions donnent le pouvoir absolu au Président. La question de la redistribution de la terre dans la vallée du Grand Rift a toujours été un sujet très délicat car, aux yeux d’autres, l’ethnie kikuyu, surtout le clan autour du régime Kenyatta ont été plutôt favorisé. Les promesses non-tenues par le président sortant, les profondes inégalités qui ont creusé un fossé énorme entre les pauvres et les riches malgré la croissance de 4 à 6 % annoncée mais aussi, le règne sans un vrai partage, qui ne laisse que des ministères sans importances aux adversaires. Dans une coalition, un parti majoritaire doit avoir quelques ministères clés.
En décembre 2003, Mutahi Ngunyi, un politologue kikuyu connu,écrivait ceci,(Sunday Nation) je traduis et je cite quelques passages :
« Pourquoi notre deuxième libération n’est pas achevée ? » :
« Nous devons comprendre que si Kibaki est humain, il a aussi des envies, des excès. Lui interdire des choses, c’est comme placer un bocal de miel devant un petit garçon et espérer qu’il ne trempe pas son doigt dedans. Autrement dit, notre nouveau président se fond dans le confort des institutions, les mêmes qui ont formé l’ancien président, Daniel Arap Moi. Et si c’est le cas, pourquoi devrions-nous être étonnés si un dictateur est en train de naître. Ce que nous avons constaté en une année, c’est la dégénérescence du Président Mwai Kibaki d’un réformateur en un roi vénéneux. Ce processus commence par son insensibilité, puis les accords ne sont plus honorés, sans aucune émotion. Pendant ce temps, il se pose cette question sans cesse : Mais que pouvez-vous faire contre moi ?
Plus les voix du public s’élèveront, plus il sombrera dans un état de paranoïa. À ce stade, le président fera des bourdes en chaîne. Au lieu de corriger ses erreurs, il les enchaînera à une vitesse fulgurante.
Président Kibaki devient de plus en plus comme M. Moi pendant les élections de 2002. Il n’est pas encore paranoïaque mais son insensibilité pourrait devenir de l’aveuglement politique. Qui sait dans quel état il sera pour les élections de 2007 ? C’est cela qui me préoccupe.
Faisons des hypothèses : Que se passerai-il si le Président Kibaki sollicitait un deuxième mandat en 2007 et perdait les élections ? Lui et son entourage accepteraient-ils de céder le pouvoir paisiblement ? De la manière dont ils se sont comportés l’année passée, j’ai un doute. Et cela laisserait le pays dans quel état ? Au risque d’apparaître fou, j’aimerais suggérer la suite : Si nous avons pensé que M. Moi replongerait le pays dans une guerre civile, il a prouvé que nous nous sommes trompés à son sujet.
Mais il y a deux sorties possibles. La première est liée à l’agenda de la deuxième libération. Ce processus devait réussir deux choses : évacuer M. Moi du pouvoir et le remplacer par un leader réformateur. Ceci a très bien marché bien que nous commencions à réaliser que M. Moi n’était pas un problème. Le problème, c’est les institutions Kenyatta dont il a hérité. Changer le leadership sans changer les institutions, c’est comme soigner le cancer avec la Nivaquine. C’est pour cela que le cancer institutionnel de la présidence est en train d’affecter le Président Kibaki. »
Dans cette partie, M. Mutahi Ngunyi demande aux membres de la Commission de réforme de la constitution d’agir avec prudence en leur posant deux questions :
« D’abord, pendant le vote, penserez-vous à votre chef ethnique ou à vos enfants ? Une constitution bien taillée pour vos enfants, ce sera une constitution bonne pour le pays.
Deuxièmement, la question du Premier Ministre est très importante, il faut bien le comprendre. Et la question suivante : Si ce poste a été créé avant les élections de 2002, pensez-vous que le président Kibaki aurait pu rompre les accords de MoU ? Pensez-vous qu’il aurait mis son portrait sur notre monnaie kenyane (il était contre lors son élection pour diminuer les dépenses) et retenu les ministres corrompus ? Si la réponse est non, alors, la création de ce poste est l’ultime guérison d’un cancer institutionnel de la présidence.
Pensez-y.
« Le deuxième volet d’un conflit civil probable concerne peut-être, les Kikuyus. Maintenant que ce poste de président est retourné dans la Maison de Mumbi, (première femme Kikuyu), quelques membres de cette communauté sont convaincus que ce poste suprême doit y rester. À mon avis, cette manière de penser est rétrograde et peut créer l’animosité ethnique. Les Kikuyus doivent admettre la possibilité de perdre les élections en 2007. Si c’est le cas, ils doivent faire deux choses : D’abord, se rapprocher d’autres communautés. Ceci est très important parce qu’à l’avenir, ils ne pourront pas survivre à l’écart. Puis, ils doivent désavouer les requins kikuyus dans le gouvernement de Kibaki.
« S’ils ne le font pas, toute la communauté sera mise sur la liste noire simplement à cause de quelques individus. À l’avenir, un candidat présidentiel kikuyu sera rejeté à cause de méfaits d’un peuple isolé. Ils ne doivent pas soutenir le régime aveuglement ! »
Le Kenya n’a pas eu son Premier ministre fort, ni de nouvelle constitution et voilà où nous en sommes.
Je pleure mes concitoyens chassés de leurs foyers, d’autres chassés de leur travail.
Je pleure toute cette jeunesse criblée de balles qui ne se réveillera jamais de son sommeil profond, à Kisumu, à Nairobi, à Mombasa, à Kakamega, à Kisii et partout dans le pays !
Je pleure la ville de Kisumu en ruine !
Je pleure la barbarie à Nakuru et partout dans la vallée du Grand Rift !
Je pleure ces femmes et ces enfants, l’innocence même, brûlés vifs à Eldoret !

Traductrice :
Collection Auteurs Africains Junior – Heinemann – Oxford, Grande Bretagne
Collection Auteurs Africains Junior VIH / Sida – Heinemann
Comoros Zanzibar, Comores Zanzibar – Françoise Truffaut Éditions – Paris.
Regards sur le Rwanda -Maisonneuve & Larose – Paris / Éditions Urukundo – Kigali///Article N° : 7283

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