Une parole de danse

De Jean-Jacques Ondoa

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Trois ans auparavant, Julie Dossavi, danseuse renommée qui anime à Poitiers avec son mari Gérard Gourdot la compagnie « Les Géographes », rencontre Elise Mbala, responsable de l’association camerounaise Meka qui œuvre pour la visibilité de la danse contemporaine, notamment en organisant le festival Abok i Ngoma. C’est le déclic. La danseuse d’origine béninoise comprend qu’il lui faut davantage travailler en Afrique. La résidence chorégraphique de septembre-octobre 2003 à Yaoundé en sera la concrétisation : « ça me donne de la force ! »
La qualité de ce documentaire est de faire sentir cette force. Et cela dès l’impro de départ. Des images de travail en salle avec un groupe de danseurs alternent avec des plans sur Marcus, fils de Julie et Gérard, « un fou de danse » ou des scènes de rue, mises en espace répondant dynamiquement aux rythmes des danses et des musiques. La voix de Julie va de confidence en confidence jusqu’à un gros plan diagonal qui ne fait pas effet car il correspond au personnage : Julie aime le solo, les défis, la fête. Sa danse est à la fois sensuelle et robotique, étrange et comique, foncièrement abstraite. Ondoa en rajoute en diagonales en filmant le spectacle de Julie. Ça passe : elle a fait des vidéoclips, elle connaît, ça lui correspond. Sa danse mime avec humour des personnages auxquels elle donne corps d’impressionnante façon, avec une féminité exacerbée. Là est la réponse à la question posée par le film, dans un milieu plutôt masculin où l’on accepte encore mal qu’une femme dirige. Julie sait le faire avec douceur, suggère Michel Fonkam, de la compagnie Phoenix.
Monté serré et rythmé, sans longueur inutile et centré sur le personnage de Julie Dossavi, ce documentaire tourné en mini DV est un excellent exemple de quoi sont capables les vidéastes camerounais.

///Article N° : 3584

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