African Creative Meeting, un pari sur l’avenir

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Focus sur la rencontre des créateurs de projets numériques organisée par l’Institut français et l’agence Lenno.

L’évènement virtuel African Creative Meeting s’est déroulé les 23 & 24 septembre 2021 dans le cadre de la Saison Africa2020. Cette initiative avait pour but de faire connaître et mettre en lien les acteurs africains du numérique, du jeu vidéo, de l’animation, de la 3D et du cinéma. L’idée première étant de dynamiser une industrie du numérique sur le continent, où sa part d’activité liée est encore 6 à 10 fois inférieure au niveau des pays occidentaux. Au total une centaine de porteurs de projets africains et une trentaine d’entités européennes ont été rassemblés. Pour donner vie aux rencontres malgré la pandémie, une plateforme a été choisie proposant diverses salles virtuelles et interactives. On y retrouvait un chat textuel avec écoute sonore des intervenant.e.s ainsi que la possibilité de se déplacer dans l’espace virtuel, en une sorte de mélange entre Zoom et Second Life. Les interventions ont alterné ou mélangé les prises de parole en français et en anglais (souvent sans traduction croisée), avec la difficulté habituelle mais surmontable de niveaux sonores variés.

Quelques exemples de thèmes abordés dès l’ouverture : les modes de financement, les perspectives de développement dans diverses régions, les stratégie de plusieurs pays (France avec l’AFD, Allemagne avec GIZ et BMZ). Il s’agit autant de soutenir la création sur le continent, d’assurer une variété de formations, d’aider des structures extérieures à s’implanter ou à dégoter des talents, bref de structurer et développer l’ensemble du secteur en Afrique.

Quelques cas concrets ont été cités : l’essor d’écoles numériques telles que 3D Netinfo en Tunisie, l’apport d’expertise au Kenya avec le projet Rubika, ou l’initiative Backup pour l’éducation au Congo, Rwanda, Burundi, etc. S’agissant des réalisations au niveau du jeu vidéo en particulier, on peut consulter une liste d’environ 250 titres issus de structures africaines, comme ceux de Lighthouse Games (Shark Attack, Comedy Night, Avatar Cannon).

Les perspectives de développement du vidéoludique en Afrique

Il est connu que l’audience africaine est jeune et son marché largement sous-investi ; cela semble donc offrir des perspectives de croissance rapide pour qui voudrait s’y lancer. On y trouve de plus un écosystème créatif soit peu formé soit laissé à lui-même, ce qui augure de pistes flexibles envisageables pour aller vers de la co-production de contenus issus du continent lui-même.

Les pays anglophones sont souvent cité en exemple sur la professionnalisation et l’ampleur des moyens mis devant les ambitions, là où le nord et l’ouest francophones regorgent d’une indéniable originalité. Par ailleurs doivent être mentionnés des obstacles plus techniques : notamment la qualité de connexion qui n’est stable qu’en Afrique du sud, tandis qu’on trouve encore assez peu de capacité de serveur/clouding à proximité …

Un autre aspect de la problématique, expliquant entre autres choses le peu de succès des applis mobile, est que le potentiel de monétisation est assez mince, obligeant à trouver une énorme audience pour viabiliser les projets. Mais attention aux généralisations : vu la diversité de situations dans les pays africains, il faut pouvoir analyser les éléments locaux et dégager des stratégies régionales adaptées … tout en préservant des structures à l’impact plus global et plus pérenne.

Les modèles publicitaires ne sont en effet pas toujours évidents à mettre en place, par contre des systèmes de type abonnement ouvrant l’accès à un grand panel de produits peuvent avoir une certaine pertinence. Donc, un commerce de niche pour l’essentiel. L’autre option, mais qui se heurte au mur des compétences effectives, est d’arriver en capacité d’exporter plus mondialement les produits du continent, ce qui nécessite une montée en puissance à tous les niveaux (design, production, localisation, distribution, marketing, etc).

Un point d’entrée qui semble malgré tout prometteur est l’esport, olympisme digital mondialisé où la jeunesse africaine est déjà prête à s’illustrer, là où leurs dirigeants restent trop focalisés sur le ratio d’emplois crées à très court terme au regard de l’investissement. Et comme les gouvernements du continent sont donc encore assez peu investis sur ce secteur, l’écosystème résultant est donc très éparpillé et cherche des ressources plutôt externes pour exister et croître. Y remédier est donc l’un des enjeux de la décennie à venir : réussir à atteindre le niveau des pays où le jeu vidéo est devenu une industrie culturelle à part entière, sans perdre en chemin ni les identités spécifiques du continent, ni ses créativités, ses histoires et ses points de vue bien spécifiques. En attendant, on pourra s’inspirer des pistes ouvertes entre autres par Kiro’o Tales avec Aurion, son titre à succès, ou encore par la convention Africa Games Week qui réunit en décembre plus de cent développeurs et un bon millier de joueurs du continent.

L’essor de l’esport

L’esport est une industrie sportive en croissance rapide, ayant connu une impulsion supplémentaire durant les confinements du covid-19. Contrairement au gaming qui reste plutôt un loisir privé, l’esport repose sur trois piliers : l’éducation, la compétition et l’emploi. C’est une discipline relativement accessible par rapport à d’autres, dont l’organisation peut devenir récurrente et donc pérenne. Pour les jeunes générations, cette activité mondialisée peut égaler voire supplanter la télévision et les sports traditionnels.

Le projet Africa Esport Series s’est focalisé sur 16 pays anglophones et francophones, afin de faire émerger dans chacun un ou une champion.ne national.e. L’organisation en découlant comporte plusieurs niveaux : compétition avec prix bien sûr, mais aussi communauté active, classement permanent et aspects publicitaires.

Les principaux pays concernés par ordre d’importance : Nigeria, Île Maurice, Éthiopie, Burkina Faso, Afrique du sud, Côte d’Ivoire, Sénégal, Cameroun, Kenya, Togo, Algérie, etc. Le volet éducatif en ligne a réuni près de 1000 personnes tandis que la compétition a vu s’affronter environ 2000 personnes, suivis par 30.000 fans sur réseaux sociaux.

On trouve en outre autant d’activités en amont de l’esport, qu’en lui même (organisation, arbitrage, communication) ainsi qu’en aval (streameurs, journalistes, analystes). L’objectif de long terme est donc d’obtenir un écosystème riche et viable sur le continent réunissant à la fois développeurs, joueurs, éducateurs, sponsors, communauté et divers experts.

Des salles d’exposition virtuelles

Au rayon bd et animation, il était possible de retrouver les cases dynamiques des nigérians de Comic Republic, le futurisme réaliste des sud africains de Jumploom, ainsi que la fluidité de l’équipe lagosienne de Magic Carpet.

Question jeu, on pouvait notamment voir les réalisations 3D des égyptiens d’AN Games, les applis très « kawai » des dakarois de Kayfo, ou encore l’univers bien marqué du studio toulousain d’origine centrafricaine Masseka.

Côté esport enfin, s’illustraient par exemple les champions égyptiens de la team Anubis ou les entreprenants burkinabés de Door Sport.

En bref, cet African Creative Meeting aura permis autant d’avoir une bonne vue d’ensemble actualisée des industries créatives numériques que de se projeter sur la suite et d’amener des possibilités d’échanges et de partenariats.

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Un commentaire

  1. Nous sommes ravis d’avoir participé à la réalisation des deux événements avec l’agence Lenno. La plateforme 3D virtuelle a permis la bonne tenue des deux forums et nous remercions tous les intervenants et leurs équipes pour leur participation. N’hésitez pas à aller faire un tour sur notre site pour découvrir nos autres réalisations 3D 🙂

    https://3dcreation.fr/

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