Histoires d’Afrique devient Hida : entretien avec le cofondateur Bamby Diagne

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Une nouvelle apparence pour une nouvelle année. Pour 2025, la plateforme culturelle Histoires d’Afriques fait le choix de se renommer Hida, dans l’optique de s’imposer comme un média de référence, en France comme à l’international. 

Histoires d’Afrique voit le jour en 2021. Le projet naît sur ClubHouse, un réseau social de conversations audio dans des “rooms”. Sur cette application, Bamby Diagne rencontre Modibo Touré, avec qui il co-fondera Histoires d’Afrique. “Quand je suis arrivé dans la discussion, ils parlaient du thieb banane ! Je ne connaissais pas !” se souvient-il. À partir de cette découverte culinaire, les trois amis entament des conversations régulières et légères en lien avec l’Afrique. Elles portent sur des sujets variés comme les différentes spiritualités, la musique ou encore des personnages historiques, artistiques et politiques.  

Très vite, l’idée de discussions collaboratives voit le jour. Facilitées par un contexte de pandémie – et de confinement – Bamby et Modibo décident d’animer régulièrement ces discussions ouvertes à tous.  “Parfois, il y avait même des spécialistes qui venaient partager leurs savoirs ! On choisissait un sujet particulier et tout le monde pouvait participer”, témoignent-ils.  Un site Internet est alors rapidement créé pour répondre à la demande des internautes. Mais en 2022, la pandémie commence à s’essouffler et à l’instar d’Histoires d’Afrique.

Moro, un auditeur contacte alors Bamby et Modibo pour relancer le projet. Après une discussion, avec lui, les deux associés réalisent le potentiel de la plateforme. “Un an après, les gens nous envoyaient encore des messages pour nous demander ce que devenait Histoires d’Afrique. Avec tous ces signaux, on s’est dit qu’il y avait quelque chose à faire”, explique Bamby. Alors, ils se dotent d’une page Instagram, toujours avec l’aide de Moro. Un an plus tard, en 2023, la plateforme s’élargit en développant des formats vidéos sur Youtube et Tiktok. 

Bamby Diagne, cofondateur du média Hida (ex-Histoires d’Afrique)

Brisons les clichés

“C’est notre combat de mettre en place d’autres manières de percevoir les récits africains.” précise Bamby. L’idée est donc de se défaire des stéréotypes liés aux cultures africaines.  Histoires d’Afrique cherche ainsi à proposer une vision plus proche de la réalité et dévoiler une Afrique souvent méconnue. “Notre ligne éditoriale, ce n’est pas la politique, poursuit-il. Mais à partir du moment où tu parles d’un continent comme l’Afrique, il y aura forcément une dimension politique.”  

Éclectiques, leurs propositions touchent un large public : “Il y aussi bien des gens de 60 ans qui nous suivent, que des gens de 18 ans. Ça prouve qu’il y a un intérêt global. C’est la manière dont on traite les sujets qui va plus ou moins toucher des publics différents. Mais notre cœur de cible reste des gens avant tout passionnés de culture.” Modibo exprime rapidement l’envie de transformer le projet en un véritable média. Seul problème, aucun d’entre eux n’avait suivi une formation adéquate. “On a tout appris sur le tas” se rappelle Bamby. Conscients de leurs lacunes et guidés par une volonté de conserver un aspect participatif, les fondateurs d’Histoires d’Afrique réalisent vite qu’ils doivent s’entourer. 

Ils collaborent alors avec Nawel Benali, journaliste spécialisée sur les questions de société nord-africaines et Oumar Diawara, journaliste à France Télévisions. Toujours en 2023, ils sont sollicités par Ciné Scred, un ciné-club avec lequel ils organisent une projection-débat des films Les enfants de la diaspora et Je suis noire, Je suis belle au Cinéma Saint-André des Arts à Paris. Ils sont également contactés par les associations universitaires Paris-Dauphine Afrique et Amecas. En somme, le projet est prometteur et attire de nombreux collaborateurs, asseyant sa renommée dans le paysage médiatique :  “C’est l’objectif de pouvoir mettre en avant des initiatives qui ont du sens et qui ont besoin d’être vues par nos communautés. On a la chance d’avoir une plateforme pour pouvoir mettre en avant ce genre de choses, donc on l’utilise à cet égard”.

Sur Youtube, Histoires d’Afrique met en place le format “10 minutes avec”, où des personnalités engagées dans la diffusion des récits africains répondent à une série de questions. Parmi les invités, on retrouve Nawel Benali qui aborde des sujets tels que la négrophobie en Afrique du Nord et l’identité Amazigh ; l’historien béninois Amzat Boukari-Yabara, spécialiste du panafricanisme ; ou encore Seumboy, créateur de contenus axés sur l’histoire coloniale à travers Histoire Crépues. Sur leur compte Tiktok, leur format le plus populaire est celui où ils reviennent sur des événements historiques marquants: la résistance des femmes de Nder, le parcours du plus jeune roi d’Afrique ou encore la légende du Ninki Nanka. Sur Instagram, on retrouve des discours de figures emblématiques comme Ousmane Sembène, Frantz Fanon ou Thomas Sankara. Ils publient également des posts qui reviennent sur différentes tragédies ayant marqué l’Afrique comme le massacre de Sétif et le génocide au Rwanda. À travers leurs différents réseaux sociaux, ils offrent un mélange d’informations inspirantes et éducatives.

10 MINUTES avec Nawal BENALI (Y’a ça chez nous ?)

Histoires d’Afrique laisse place à Hida 

2025 marque un nouveau cycle, celui de la renaissance : Histoires d’Afrique devient Hida, pour passer d’une plateforme culturelle à un média phare. Ce changement de nom concrétise leur projet de se constituer en tant que média. “Ce changement de charte graphique et de nom c’était pour marquer le coup de la transformation” note Bamby.

Derrière cela, se cache une ambition plus large, celle de toucher une dimension internationale. “On veut traiter des récits africains dans leur globalité. Là où avant on ne parlait pas forcément des récits afro-descendants, on va davantage les mettre en avant ! On va moins se cloisonner à l’Afrique continentale en abordant les diasporas ayant gardé une attache culturelle à l’Afrique” annonce-t-il. Il y a également un désir d’aborder des thématiques plus contemporaines : “On le faisait de temps à autre, mais pas assez à notre goût. Là on s’attache plus au contemporain, sans oublier cette dimension historique qui fait partie de notre ligne éditoriale et que les gens apprécient”

Hichima Moissuli


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