Le 19 décembre 2024, aux Journées cinématographiques de Carthage à Tunis, lors de la conférence de presse du Fespaco, François Akouabou, chef de département du Festival, a indiqué où en étaient les préparatifs de la 29ème édition du festival qui doit se tenir à Ouagadougou du 22 février au 1er mars 2025.
Alors que près de 1200 films avaient été visionnés pour le Fespaco 2023, ce sont cette fois 1351 films qui ont été réceptionnés pour visionnement par les sélectionneurs (dont 81 du Burkina Faso, toutes catégories confondues) : 258 longs métrages de fiction, 286 longs métrages documentaires, 611 courts métrages, 79 séries, 64 films des écoles, 53 animations.
En 2023, quelque 12000 accréditations ont été décernées. On se rapproche de ce chiffre pour 2025. Concernant le budget, l’Etat burkinabè intervient pour plus de 70%. Des sponsors nationaux et des organisations internationales agissent en complément, de même que l’Union européenne.
En ce qui concerne le Fespaco pro, 210 candidatures ont été envoyées pour les ateliers Yennenga, notamment pour l’Académie (135 de 26 pays, 24 du Burkina Faso), les ateliers post-production, co-production et patrimoine.
Sur 66 communications proposées pour le colloque, 33 ont été retenues de 13 pays. Il est ouvert aux chercheurs et aux professionnels du cinéma et de l’audiovisuel et aura lieu les 25 et 26 février 2025. Son thème est, comme il est d’usage depuis 1997, le même que celui du festival : « Cinémas d’Afrique et identités culturelles ». On remarque la progression du vocabulaire vers la prise en compte de la diversité : « cinémas d’Afrique » a remplacé « cinéma africain », de même que les identités sont plurielles.
Le marché international du cinéma africain et de la télévision (MICA), un des maillons essentiels du FESPACO PRO, sera situé au Siège. Il met en relation les acheteurs internationaux et les vendeurs d’œuvres cinématographiques et audiovisuelles africaines. On y retrouve des plateformes de diffusion d’une part, et des producteurs et distributeurs de films africains d’autre part. Son but est de favoriser les transactions. Alors que les inscriptions au catalogue du Fespaco pro sont closes depuis le 31 décembre, les stands au pavillon du MICA peuvent encore être réservés jusqu’au 15 janvier et les projections à la carte jusqu’au 25 janvier.
C’est le Tchad qui a cette année été choisi comme pays invité. En 2023, le Togo avait été pressenti du fait de sa politique envers le cinéma, mais avait été remplacé in-extremis par le Mali.
Les jurys seront présidés par :
– longs métrages fiction : le cinéaste malien Souleymane Cissé,
– longs métrages documentaires : la productrice kenyane Judy Kibige,
– section Burkina films : le réalisateur tchadien Issa Serge Coelo,
– section courts métrages : le journaliste et critique burkinabè Alcény Barry,
– section Perspectives : le réalisateur sud-africain Teboho Edkins,
– séries et animations : le réalisateur burkinabè Eric Hervé Lengani,
– films des écoles africaines de cinéma : le producteur malien Fousseny Diakité,
– semaine de la critique : l’universitaire nigérien Youssoufa Halidou,
– Yennenga post-production : le réalisateur sénégalais Abdoul Aziz Cissé,
– prix Thomas Sankara : le réalisateur et producteur rwandais Kivu Ruhorahoza,
– prix Paul Robeson de la diaspora : la programmatrice canadienne Nataleah Hunter-Young.
Ces deux derniers prix sont des innovations 2025. Le prix Thomas Sankara pour le panafricanisme porte le même nom que le prix attribué par la Guilde des réalisateurs et producteurs, qui ne portait que sur les courts métrages. Ce nom est repris à la suite d’un accord avec la Guilde.
En 2015, une polémique à propos de l’africanité de la diaspora avait surgit sur le prix Paul Robeson de la diaspora créé en 1985, si bien que ces films avaient été intégrés aux compétitions officielles, mais lorsque l’étalon de Yennenga d’argent a été attribué en octobre 2021 au film Freda de la Haïtienne Gessica Généus, des confusions sont apparues, d’où la restauration du prix Paul Robeson avec un jury dédié, dont on peut penser qu’il concernera essentiellement les productions du continent américain, après une édition 2023 où un prix Paul Robeson de la meilleure première œuvre ou deuxième œuvre de film documentaire long métrage était attribué par le jury de la section Perspectives.
Egalement innovation pour 2025, une Semaine de la critique avec son propre jury pour décerner un prix. Les films retenus ont été sélectionnés par l’Association des critiques Burkinabè (ASCRIC B) en collaboration avec la délégation générale du Fespaco. Le comité de sélection a également fait quelques suggestions.
Ce comité de sélection indépendant, une innovation 2021, est pour 2025 composé de critiques et programmateurs : Enoka Julien Ayemba (Cameroun), Djia Mambu (RDC), Janaina Oliveira (Brésil), Pedro Pimenta (Mozambique) ; de cinéastes : Mohamed Saïd Ouma (Comores), Hawa Essuman (Kenya), Habibou Zoungrana (Burkina Faso), Guy Désiré Yaméogo (Burkina Faso) et de la productrice Lina Chaabane (Tunisie).
Un prix du public est également prévu, doté par la Radiodiffusion télévision du Burkina (RTB), ainsi que la mise en avant d’identités (personnalités) inspirantes du cinéma à travers une exposition au siège du Fespaco.
Le Fespaco 2025 se déroulera sur neuf écrans de projection ainsi que neuf écrans hors-les-murs comme Yako, Saaba, le quartier de Bassinko. Les autres sites seront identifiés avec le Cinéma numérique ambulant (CNA).
Neuf sites officiels seront également définis : Siège du Fespaco, ISTIC, Ciné Burkina, Ciné Neerwaya, Mairie de Ouagadougou, Espace Ex Camp fonctionnaire, Canal Olympia Yennenga Ouaga 2000, Canal Olympia Idrissa Ouedraogo, Place de la nation, Palais des sports.
Le visuel dévoilé
Lors de la conférence de presse à Ouagadougou le 3 décembre 2024 a été dévoilé le visuel du Fespaco 2025, conçu par le cinéaste hollandais vivant au Burkina Faso Gidéon Vink. Il s’agit d’une femme noire qui, selon lui,« regarde droit dans l’objectif de la caméra, son regard à la fois serein et déterminé, fier et dénué de complexe. Inconnue, nommons-la « Je suis Afrique, mère de l’humanité ». Il a par ailleurs précisé que « les couleurs, les motifs des tissus africains nous ramènent vers les parties de l’Afrique où chaque région, chaque pays a ses particularités ». La mosaïque de tissus (pagnes traditionnels africains comme le Faso Dan fani, le Koko dunda, le pagne ghanéen Kenté et le Bogolan) symbolise ainsi la diversité culturelle africaine tandis que le fait que ces tissus et la femme n’apparaissent que dans les lettres FESPACO illustre le propre du cinéma : le jeu du visible et de l’invisible.
Quant à Alex Moussa Sawadogo, le délégué général du Fespaco, il a indiqué : « « Nous allons faire venir le reste du monde ici au Burkina pour montrer que le Burkina Faso est debout et continue à se battre pour que la culture cinématographique soit respectée et faire en sorte que cette édition soit l’une des meilleures de l’histoire de la biennale ».
(sources pour la conférence de Ouagadougou : différents journaux burkinabè). Dernière mise à jour : 4 janvier 2025, 16 h au Burkina Faso)