Née en 1944 à Lagos (Nigeria), Buchi Emecheta fait partie des premières auteurs africaines, aujourd’hui au programme dans diverses universités affichant des cours de littérature africaine. Elle écrit ses premiers romans dans les années 70, à Londres, où elle émigre à l’âge de 22 ans. Parallèlement à sa carrière d’écrivain, Buchi Emecheta mène à bien un doctorat, tout en élevant seule ses cinq enfants. C’est à ces enfants, » sans le délicieux bruit de fond desquels je ne serais jamais parvenue à écrire ce livre « , qu’elle dédiera un de ses premiers romans, Citoyen de seconde zone (Second-class Citizen, 1974).
Ce vécu de femme noire immigrée marquera plusieurs romans de Buchi Emecheta, à tel point que l’on aura tendance à parler un peu imprudemment d’autobiographie pour des ouvrages comme Citoyen de seconde zone et La Cité de la dèche. Comment ne pas le penser en effet quand le personnage principal, Adah, est une jeune femme nigériane d’une vingtaine d’années qui rejoint son mari à Londres, mais qui se retrouvera vite seule avec ses cinq enfants en bas âge ? Peut-être pour éviter les malentendus, Buchi Emecheta écrivit par la suite Head Above Water (1986), une autobiographie explicite cette fois-ci.
Que ce soit dans les ouvrages situés à Londres ou dans ceux qui se passent au Nigeria, Emecheta dénonce la condition de la femme, considérée comme une »citoyenne de seconde zone » dont le rôle principal consiste à perpétuer le nom du mari. C’est le cas de Nnu Ego dans Les enfants sont une bénédiction. Cette mère de famille donnera toute sa vie à ses sept enfants dans le Nigeria des années quarante et cinquante, prise entre des valeurs inculquées au village et les contraintes de la grande ville qu’est Lagos. La même problématique est abordée dans La dot, où le personnage principal, Aku-nna, pourrait être la fille de Nnu Ego. De retour au village après le décès de son père, cette dernière est confrontée à une communauté pressée de la marier au plus-offrant et appréciant l’instruction simplement comme argument pour une dot plus importante.
Ecrits dans un style très simple, ces romans se lisent d’un trait, comme des histoires racontées à haute voix où le narrateur dévie par moments de la trame principale pour glisser une anecdote. Malgré les thèmes quelque peu pathétiques, Emecheta réussit à agrémenter ses écrits de touches d’humour et de drôlerie.
On regrettera seulement que ces ouvrages, aujourd’hui considérés comme classiques, aient dû attendre une vingtaine d’années avant d’être traduits en français
en espérant que les auteurs plus jeunes n’auront pas à patienter aussi longtemps.
Buchi Emeheta a publié une dizaine de romans, de livres pour enfants, ainsi qu’une autobiographie (Head Above Water, Heinemann, 1986). Romans traduits en français :
Citoyen de seconde zone (Second-class Citizen, 1974), Ed. Gaïa, 267 p., 129 FF.
Les enfants sont une bénédiction (The joys of motherhood, 1979), Ed. Gaïa, 335 p., 139 FF.
La cité de la Dèche (In the Ditch, 1972), Ed. Gaïa, 192 p., 109 FF.
La dot (The Bride Price, 1976) Ed. Gaïa, 267 p., 129 FF.
Tous les ouvrages sont traduits de l’anglais (Nigeria) par Maurice Pagnoux.
A paraître : Le Corps à corps (The Wrestling Match, 1980), Coéd. UNESCO/L’Harmattan (Jeunesse), mars 1999, traduit par Olivier Barlet.///Article N° : 687