Continuer tant que les écrivains ne disent pas d’arrêter

Entretien de Boniface Mongo-Mboussa et Taina Tervonen avec Nocky Djedanoum, directeur de Fest'Africa

Lille, novembre 2001
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Fest’Africa 2001 a lieu dans une librairie, après le chapiteau de la place Général de Gaulle en 2000. Pourquoi ce changement ?
Avant 2000, nous étions au café du Théâtre du Nord. L’année dernière était exceptionnelle, parce que nous avions eu un financement d’Afrique en créations. Nous voulions recommencer cette année mais la Ville de Lille nous a répondu négativement pour la Place du Général de Gaulle. J’ai alors proposé à la librairie Furet du Nord d’organiser les débats dans leurs locaux. Il est vrai que le chapiteau est plus chaleureux pour les auteurs, il y a plus d’affluence. Mais entrer en librairie, c’est aussi une victoire. C’est rare de voir autant d’ouvrages africains exposés dans une librairie.
Une partie du festival se déroule dans les écoles lilloises que les auteurs visitent. Pourquoi cette démarche ?
Nous avions déjà commencé avec les bibliothèques en 1993. Au départ, c’est une démarche très personnelle de la part des enseignants et des documentalistes. Les enseignants choisissent des ouvrages que nous leur proposons, travaillent avec leurs élèves et quand les écrivains arrivent à Lille, ils font une visite à l’école. C’est une façon de faire entrer le livre africain dans la documentation du collège et du lycée. Ces livres ne sont pas dans le programme scolaire, il faut les amener par un autre biais.
Après le Rwanda en 2000, cette année vous avez sollicité les écrivains pour des textes sur la ville. Est-ce une démarche que vous voulez poursuivre ?
J’ai envie de continuer, en tout cas tant que les écrivains ne me disent pas d’arrêter ! (rires) Comme nous organisons un festival thématique, ces textes nous permettent de mieux cerner le sujet sur lequel on discute. Nous voudrions renouveler l’expérience lors du festival de l’année prochaine dont le thème sera la littérature et la sexualité. Les gens attendent aussi des textes sur d’autres villes africaines. Reste à voir si nous avons les forces de le faire : le travail d’édition est lourd à gérer.
Le décès de Mongo Beti, survenu peu avant le festival, a-t-il changé l’ambiance des rencontres ?
Nous avons appris son décès au moment où les épreuves de « Amours de villes » devaient partir chez l’imprimeur. N’ayant pas de ses nouvelles depuis quelque temps, j’ai appelé un de ses fils à Rouen qui m’a répondu que depuis 24 h, son père n’était plus de ce monde. Cela a tout changé dans le programme. Il y a eu un hommage très émouvant en présence des écrivains et de son épouse, avec des témoignages, des lectures d’extraits. Sa mort nous a interrogés de nouveau sur la question de l’engagement. Tous les écrivains sont respectueux de la mémoire de Mongo Beti parce qu’il est difficile d’atteindre son niveau d’intégrité intellectuelle et morale.

///Article N° : 129

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