1997 – 2017 : Africultures a 20 ans. Et pour l’occasion nous remettons en avant, pour vous, lecteurs-trices, des articles phares de ces 20 dernières années. Ici, le tout premier éditorial accompagnant la première parution de la revue Africultures.
» Qui est quoi sommes-nous, admirable question ! «
Aimé Césaire
Sans avoir la prétention d’un manifeste, nous avons voulu faire de ce premier numéro une affirmation. Celle d’un désir, d’abord, de continuité avec ce qui faisait la qualité de ces quatre années de Lettre des musiques et des arts africains : l’engagement, la lisibilité, la compétence, l’ancrage dans l’actualité. Celle d’une conviction, aussi : qu’un mensuel sur les expressions culturelles africaines est viable et nécessaire, que cela ne signifie pas recréer le ghetto mais être un lieu de pluralité, d’échange, de réflexion, d’un approfondissement sans hermétisme qui favorise les débats et donne au maximum la parole aux acteurs de ces cultures.
Parce que nous croyons que ces débats s’inscrivent dans une Histoire, nous adoptons le format livre qui favorise la conservation de la revue dans les rayons d’une bibliothèque.
Parce que notre ambition est de les approfondir, nous inscrirons chaque numéro dans la dynamique d’un dossier thématique : sans prétendre à l’exhaustivité, il sera pensé comme une série d’ouvertures aux témoignages comme aux idées.
Nous continuerons bien sûr à être un outil de l’actualité culturelle et notre souci reste de vous permettre de ne rien rater de ce que vous voudriez voir ou savoir.
Notre pourrions, comme dans le générique final du beau Western de Manuel Poirier, aligner une série de drapeaux pour nous définir : notre équipe est et se veut métisse – aussi bien dans nos origines que dans nos choix. L’Afrique est notre lien, qu’elle soit notre origine ou celle que nous avons rencontrée et qui nous a capté au détour d’un chemin.
Si nous nous centrons cette fois sur la critique, c’est dans le souci de manifester que nous ne séparons pas le regard sur l’Autre et le regard sur soi – et que nous ne voudrions jamais nous figer dans une identité momifiée qu’il s’agirait de défendre contre les méchants.
Nous nous en sommes tenus à ce que nous sommes et n’avons cette fois pas ouvert nos colonnes à nos correspondants d’Afrique ou d’ailleurs, aux auteurs et aux créateurs. Ce n’est que partie remise. Les peintures rupestres et les symboles bogolan qui décorent cette revue ne sont pas le produit d’une simple volonté décorative : nous aimerions nous aussi combiner cet ancrage et cette liberté hors-normes qui nous semble devoir guider toute écriture.
Le regard et les racines, voilà ce que nous semble exprimer le logo que nous avons choisi, un symbole adrinka ghanéen qui signifie l’attention féminine, la tendresse et la patience.
///Article N° : 168