Présenté en ouverture du Fespaco de Ouagadougou en 2007, Faro, la reine des eaux était très attendu, par un cinéaste confirmé, longtemps fidèle assistant de Souleymane Cissé, et venant enfin rompre le calme plat de ces dernières années dans la production malienne. A telle enseigne que le tournage en était un événement médiatisé.
Déception. Le film est si léché que rien n’émeut. Le scénario ne réussit pas à vraiment animer un village où « rien ne change alors que le monde évolue ». Même Sotigui Kouyaté fait figure de patriarche sans vie. Et pourtant, les ocres et les bleus transfigurent les images tournées en vidéo haute définition, la caméra magnifie la beauté des visages
Zanga, l’enfant adultérin de retour au village pour identifier son père, ne cherche pas à bouleverser l’ordre des choses mais à bousculer les pratiques obsolètes, et le film tente de capter ce moment complexe où une société figée hésite à basculer vers le renouveau. Mais il le fait sans inventer, comme s’il ressassait un discours répété par tant d’autres films. Si bien que les contradictions de l’harmonie villageoise, le regard documentaire, l’humour des proverbes, le message humaniste, le mythe structurant la vision du monde, les jeux de crainte et de pouvoir, le temps laissé au temps, les liens et les rejets communautaires, l’appel à la tolérance et contre l’exclusion, la critique des croyances obsolètes
toutes ces choses éminemment respectables qui ne manqueront pas de parler à un public malien se dissolvent pour nous dans un album de belles images.
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