Femmes au-delà des mers tire le portrait des héroïnes du quotidien

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Association reconnue d’intérêt général, Femmes au-delà des mers (FAM) se fait la plume de femmes ordinaires aux histoires pas banales. Concept né il y a plus de dix ans à l’occasion du 8 mars, le site internet, compte aujourd’hui plus d’une vingtaine de portraits.

De sa Martinique natale aux rues de Téhéran où elle a vécu en passant par l’Afrique du Sud, Gisèle Bourquin, présidente de FAM, a toujours été animée par la rencontre avec l’Autre. Ce que l’interaction avec l’altérité peut créer comme interférence, la manière dont elle vous change. Des hasards qui, pour cette femme d’une soixantaine d’années, se sont souvent conjugués au féminin. Certaines étaient des femmes en vue, mais pas toutes, beaucoup étaient dans l’ombre.
Assise sur une chaise dans un hall de la maison des associations du très calme 16e arrondissement de Paris, agitant son agenda lourd de rendez-vous, le regard s’éloigne un instant, à des lieues d’ici. Le temps de se souvenir avec émotion de ce jour de 1995 où elle rencontra Ellen Kuzwayo, membre de l’ANC, le parti de Nelson Mandela, et militante de la première heure des droits des femmes. C’était tout juste après la fin de l’apartheid, Gisèle Bourquin se rendait en Afrique du Sud pour un concours de musique panafricain. « Cette grande dame qui avait écrit en 1985 Call me Woman nous a raconté sa fierté d’être entrée au parlement ». Elle soupire puis finit par ponctuer sa digression énergiquement : « Quelle émotion ! ». Tout ça pour nous dire que « cette histoire de femmes, n’est pas quelque chose de nouveau ».
Les femmes, pas meilleures, différentes
La création de FAM est le fruit de tout un cheminement, celui de la vie de Gisèle qui lance le projet lorsqu’elle « décide de prendre sa retraite ». En 2002 à l’occasion de la journée internationale de la femme, alors qu’elle travaille auprès du conseiller culturel du ministère des Outre-mer, elle évoque pour la première le concept de Femmes au-delà des Mers. Mais déjà au cours des années 1980/1990 lorsqu’elle officiait dans des organismes comme le Centre d’information démographique ou encore pour la revue Population et Avenir, Gisèle mettait un point d’honneur à valoriser le travail des femmes dans la société. « On cantonnait souvent la femme à sa place au sein de la famille. Alors pour valoriser d’abord ce rôle, j’ai choisi de mettre la famille au cœur de la vie. D’abord en remettant un prix de la famille nombreuse », explique cette femme à la silhouette élancée, mère d’un enfant unique. Gisèle Bourquin ne croit pas les femmes meilleures que leurs congénères masculins. « Elles sont simplement différentes et pas suffisamment mises en avant », regrette-t-elle. Et de poursuivre : « pour cela pas besoin de longs discours, il suffit de montrer des personnes vaillantes au parcours exemplaire ».
Des héroïnes anonymes
Le site de l’association FAM compte déjà près de vingt portraits. « Je veux qu’il y ait de la diversité, ce n’est pas une question de diplôme, FAM, ce n’est pas l’Académie française ». Ces héroïnes anonymes sont choisies pour leur itinéraire singulier comme Sandrine Tupai Turquem née aux Marquises et aujourd’hui pilote pour Air Tahiti (lire son portrait ). Ou encore Christine Salem, une des rares femmes à jouer du maloya, musique revendicative née avec les esclaves et longtemps délaissée à la Réunion où elle est née (lire son portrait). Car les femmes mises en avant ont toutes un lien avec l’Outre-Mer française. « La parole ne doit pas émaner uniquement de Paris et le choix de l’Outre-mer permet de d’explorer le monde entier, Tahiti, la Réunion, la Guyane », explique cette passionnée du théâtre de Césaire, auteur sur lequel elle s’est penchée lors de sa thèse de Lettres. La parole du chantre de la négritude lui aura permis de « se construire », « d’être une femme debout ».
Les convaincre de la richesse de leur existence
Gisèle Bourquin vient d’ailleurs de déposer ses archives contenant des ouvrages de la littérature francophone dédicacés, notamment par Léon Gontran-Damas. Nourrir la mémoire et le patrimoine figure parmi les objectifs que s’est fixés FAM. « Les archives sont tous ces objets, matériels ou immatériels, qui retracent le parcours d’une personne et qui sont utiles à ses descendants, à l’environnement et peut-être à l’humanité ». Là aussi Gisèle s’adresse aux femmes. Car bien souvent encore, elles demeurent les gardiennes du foyer. Chacun de nous possède des trésors, des choses acquises au cours de l’existence, riches, non pas de leur valeur matérielle mais patrimoniale. Encore faut-il en avoir conscience. C’est toute la tâche de FAM, mettre en valeur le rôle des femmes et les convaincre elles-mêmes de la richesse de leur existence.

///Article N° : 12109

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© Agence Vekha





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