La belle « Storia » de Mayra Andrade

Entretien de Romy Luhern avec Mayra Andrade

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Plus besoin de présenter Mayra Andrade, « la petite fiancée du Cap vert ». Voix d’or aux accents jazzy, présence scénique incontestable, cette chanteuse et musicienne autodidacte lie avec sensualité rythmes cap-verdiens, cubains et africains aux langoureux tempos brésiliens. Après Navega en 2006, Storia Storia en 2009, Mayra revient avec un nouvel album Studio 105. Une occasion pour elle de pousser encore toujours plus loin le métissage et son irrépressible soif d’ouverture musicale.
La 14ème édition du festival Nuits du Sud aura lieu à Vence du 7 juillet au 6 août 2011, avec une magnifique programmation. Cet entretien est publié en partenariat avec le festival.

Qu’est-ce qui t’a donné envie de faire de la musique ?
Je ne sais pas, je crois que j’ai commencé toute petite à composer dans ma tête. Je ne suis pas issue d’une famille de musicien, je ne prenais pas de cours dans une école. J’avais ça en moi ; je dansais, je chantais… Je voulais être une artiste.
Tu es née à Cuba, as grandi au Cap-Vert et suivi ton ancien beau-père diplomate dans ses nombreuses affectations en Angola, au Sénégal, en Allemagne… Que retires-tu de ces nombreux voyages ? T’ont-ils aidé à t’ouvrir musicalement ?
Ces voyages ont sûrement forgé ma manière d’être. Il est évident qu’ils m’ont ouvert musicalement mais pas seulement. J’ai beaucoup appris en voyageant et en partant à la rencontre des différents modes de vie de ces pays tant au niveau professionnel que personnel en découvrant d’autres cultures.
Adolescente, tu es très vite remarquée par les professionnels et choisie pour chanter en Belgique lors d’une conférence du Dalaï Lama. Quel souvenir en gardes-tu ?
Ça ne s’est pas vraiment passé comme ça. C’est une histoire qui a la vie dure… En fait, il s’agissait d’une conférence du Dalaï Lama sur la liberté organisée pour 5000 étudiants et pour laquelle j’ai chanté dans le cadre d’activités culturelles qui se déroulaient après cette dernière.
Depuis, tu enchaînes les tournées et concerts aux quatre coins du monde. Les invitations se succèdent. Tu as chanté aux côtés de figures emblématiques de la chanson comme Joe Zawinul, fait les premières parties d’Enrico Macias, du Cubain Ernesto Tito Puentes, de Cesaria Evora… À tes débuts les critiques te comparaient souvent à cette dernière. Certains voyaient même en toi son héritière. Tu dois être flattée…
On en a beaucoup parlé à mes débuts, mais ça revient de moins en moins. C’est une comparaison pas vraiment musicale. Il y a plein d’autres artistes cap-verdiens, je ne suis pas la seule. Les gens aiment bien coller des étiquettes et trouver un successeur à chaque artiste. Nous sommes toutes les deux des femmes et qui plus est cap-verdiennes donc certains ne peuvent s’empêcher de faire l’association. Après c’est sûr que c’est flatteur d’être comparée à cette grande artiste.
Tu vis à Paris depuis quelques années. Est-ce qu’il a été facile de t’adapter ?
Mes précédents voyages et le fait d’avoir vécu dans certains pays comme en Allemagne m’ont bien préparé à la vie parisienne. Il y a des gens qui y arrivent dans un contexte beaucoup plus difficile. Moi j’avais 17 ans, mes papiers, et je pense que de toute façon à cet âge on ne se pose pas de questions. On se lance.
Francophone, tu chantes essentiellement en créole cap-verdien, pourquoi ?
C’est ma langue, je suis francophone mais je ne vois pas trop l’intérêt pour l’instant de chanter en français. Peut-être plus tard…
Tu revisites pourtant un des grands standards français dans ton dernier opus en interprétant la Javanaise de Gainsbourg…
Oui j’ai enregistré cette chanson avec un trio de musiciens pour mon dernier album. J’avais sélectionné plusieurs chansons françaises dont la Javanaise, chanson à laquelle je suis très sensible. Je ne l’ai pas proposée dans un premier temps. Mais le courant ne passait pas entre les musiciens et les autres titres à la musique qui sonnait peut-être trop francophone. Je leur ai donc suggéré qu’on enregistre ce grand classique de la chanson française.
Tu as remis au goût du jour un certain nombre de musiques cap-verdiennes comme la funana, la batuque. Tu passes avec facilité de la coladiera au tempo variable à la morna qui mêle rythmes afros, tango argentin et fado portugais. Tu ajoutes au tout une touche jazzy et parfois même blues. Le moins que l’on puisse dire c’est que tu aimes le métissage….
Je suis le métissage (rires). Ce mélange de styles se recoupe avec mes nombreux voyages et avec ce que j’écoute. Je ne me pose pas trop de questions. Je m’en fiche de ce qui a « pu » influencer telle ou telle chanson. L’idée que je veux transmettre est celle d’ouverture. Je veux rendre ma musique accessible au public et faire voyager les gens.
Tu viens de sortir ton 3ème album suite à un concert capté dans le studio 105 de Radio France à Paris. Il en résulte un CD très différent des deux précédents, beaucoup plus intimiste avec davantage de sobriété dans les chansons. C’était une volonté de ta part ?
Oui tout à fait. Je voulais un album plus épuré, différent du précédent Storia Storia où il y avait de nombreux arrangements. J’ai pris de l’espace avec celui-ci. J’ai besoin de ça.
Quels sont tes projets ? Tu pars en tournée cet été ?
Je suis en tournée depuis fin avril. J’ai plusieurs dates programmées prochainement. Je serai le 3 juin au Portugal au Coliseu de Lisbonne, au Festival de Clermont en Genevois le 16 juillet prochain, au Ronnie’s Scotts à Londres les 18 et 19 juillet, au Festival Nuits du Sud à Vence le 21 et au Jazz Festival de Luanda (Angola) le 30 juillet.
Enfin que peut-on te souhaiter ?
D’être toujours plus heureuse !

///Article N° : 10202

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© Youri Lenquette





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