La Confession d’Abraham

De Mohamed Kacimi

Mise en scène : Michel Cochet
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En direct d’Hébron
D’origine algérienne, Mohamed Kacimi est entré en littérature par les voies romanesques avec en 1987 un premier roman publié chez l’Harmattan : Le Mouchoir et dix ans plus tard Le dernier jour chez Stock. Mais il aime l’aventure et les chemins escarpés – tous les genres l’intéressent : poésie, récits autobiographiques, essais. Le voici aujourd’hui lancé dans un voyage théâtral qui a commencé avec le succès de 1962, créé au Festival des Francophonies en 1998 (voir Africultures n°12) et depuis, il ne cesse d’écrire pour le théâtre « par urgence de vie, dit-il, pour sortir de la solitude du roman, ouvrir une brèche dans le livre et l’écriture pour que le récit touche scène et prenne corps. »
Mais avec La Confession d’Abraham, que l’on a pu voir à Limoges dans une mise en scène de Michel Cochet, il prouve à quel point le Livre le fascine. C’est en effet une magnifique prosopopée qu’imagine là Kacimi, puisqu’il donne la parole à une des figures les plus emblématiques de la Bible. Et quelle parole ! Un monologue étonnant où Abraham qui s’adresse aux hommes depuis le tombeau des patriarches à Hébron où il traverse l’éternité avec Sarah à ses côtés, redevient à nos yeux un homme avec ses faiblesses et ses grandeurs d’âme, avec ses préoccupations quotidiennes et triviales, avec ses angoisses et ses lâchetés… Loin du péplum que l’on aurait pu attendre avec un tel sujet, Kacimi ramène Abraham et Sarah aux dimensions d’un couple finalement ordinaire, un de ces vieux couples dont la tendresse est émouvante et drôle. En dépit d’une situation théâtrale extrême et d’une parole d’outre-tombe éminemment solitaire, des voix transcendantes s’adressent à Abraham comme Dieu à Don Camillo, mais c’est une transcendance philosophique et littéraire incarnée avec humour par des sommités intellectuelles d’aujourd’hui, comme Alain Ouaknin ou André Chouraki.
Petites lumières qui scintillent dans l’obscurité, mobiles à la Calder et curieuse stalactite de papiers qui se dresse comme une colonne saloménique au milieu du plateau sur un lit de sable blanc, un haut-parleur et une drôle d’ampoule orangée qui descend des cintres et qui parle, la scénographie reste d’une grande sobriété. Pas de pierre et d’effets acoustiques qui pourraient donner l’illusion des profondeurs humide d’un sépulcre. Michel Cochet a opté pour la modernité. Abraham porte un costume anthracite et des bottines noires : un homme comme ceux d’aujourd’hui. Et il n’est sans doute pas facile pour le comédien Pierre Forest de s’emparer d’une parole aussi chargée dans un contexte scénique de désacralisation totale. Pour donner son poids au personnage, Pierre Forest ne peut compter que sur son jeu et son appropriation du texte, son appropriation de l’énergie, de l’humour, de la passion, de la tendresse et de l’émotion qui sont dans les mots de Kacimi. Et ces moments de grâce où la lumière qui illumine le plateau naît d’une véritable rencontre entre un texte et un comédien, le spectacle en compte quelques uns d’exceptionnels.

par la Compagnie du Zouave
Scénographie et costumes : Joël Bondil
Lumières : Toufik Zenasmi
Son : Jérémie Vinay
avec Pierre Forest///Article N° : 1601

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Les images de l'article
Mohamed Kacini © J.Claude Berland / Delta Phot





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