La montagne de Baya

D'Azzedine Meddour

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En Kabylie, au début du siècle, un village entier doit fuir l’oppression française. Une femme, Baya, refuse l’affront d’une coutume : un seigneur féodal, meurtrier de son mari, lui offre une bourse de Louis d’or, la ddiya, le prix du sang versé. Sa communauté paysanne voudrait que l’argent serve à payer l’impôt de guerre pour récupérer ses terres. Baya incarne ainsi l’obstination infatigable d’une certaine forme d’honneur. Au-delà de ce qu’on appelle la permanence berbère, cette capacité à résister en restant fidèle à ses traditions, sa langue et son système de pensée, l’intransigeance de Baya a valeur d’exemple pour tout un peuple : c’est bien à l’Algérie contemporaine que s’adresse Azzedine Meddour dans cette fable située presque un siècle en arrière.
En un puissant écho à la détermination de Baya, les paysans sauront  » réveiller la terre  » d’une montagne aride en y montant des milliers de fûts de terre fertile et en y construisant un village perché. La Montagne de Baya est ainsi un hymne à la résistance, au courage et à la persévérance. Les rites et les références ancestrales n’y sont pas l’expression d’un folklore mais une exorcisation par le mythe des forces du mal qui ravagent l’être humain. Fille de chef spirituel, Baya lutte pour la survie de valeurs essentielles, au risque d’imposer aux siens de douloureux sacrifices. La presse algérienne ne s’y est pas trompée, qui célèbre dans le film présenté en novembre à Alger un véritable ressourcement.
Sans doute l’émotion jouait-elle aussi son rôle, tant les déboires du tournage ont collé à la triste actualité. Les interruptions perpétuelles pour cause de manque d’argent ou de sécurité et la terrible explosion aux allures d’attentat qui a emporté treize membres de l’équipe auraient pu pousser le réalisateur à l’abandon. Mais tous l’ont soutenu pour terminer le film, accentuant la fusion entre la réalité et la fiction.
C’est ainsi que, comme La Colline oubliée, ce film ne s’impose pas par ses qualités cinématographiques mais par sa nécessité. Son message est loin de nous être inutile ! La ténacité qu’il développe agit comme une bouffée d’oxygène pour retrouver des repères : mémoire, généalogie et mythe restent les marques nécessaires contre les atteintes à l’humain et les scandales du destin.

///Article N° : 262

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