Après le toit de l’arche de la Défense l’année dernière, le Salon de la Plume Noire s’est recentré ces 16,17 et 18 octobre face à la Tour Eiffel, au Musée de l’Homme de Paris. Bien lui en a pris : il n’a pas désempli trois jours durant. Au programme : films, expositions, débats, spectacles et bien sûr, regroupés dans le hall d’entrée du musée, une trentaine d’éditeurs et de revues, dont Africultures. Cent-cinquantenaire de l’abolition de l’esclavage oblige, la traite négrière faisait la une des débats.
Ce Salon est un défi : regrouper grands et petits éditeurs autour d’une littérature souvent à l’ombre dans d’autres salons. Pari gagné vu l’affluence et une notoriété qui s’affirme. Occasion rare de découvrir la production peu connue de petites maisons, la Plume noire est aussi un lieu de rencontre avec les écrivains et le tout-Paris de la littérature noire.
Le Salon avait même attiré quelque 300 sans-papiers et sympathisants qui entendaient profiter de la venue de Mme Catherine Trautmann, ministre de la Culture, à l’inauguration pour médiatiser leur revendication d’une régularisation générale. Ils furent dégagés sans ménagements de la place du Trocadéro par les forces de l’ordre.
Dans les débats et tables-rondes, on aborda les résistances à la traite et l’apport de l’Afrique aux différentes cultures du Nouveau Monde et des Caraïbes, mais aussi l’actualité littéraire. Un nombre considérable d’écrivains étaient présents. On aurait voulu que le temps se distende pour leur permettre de parler de leurs ouvrages souvent méconnus, leur contribution ne pouvant souvent dépasser quelques minutes. Un hommage conséquent fut rendu à Léon Gontran-Damas avec une conférence et un documentaire.
Vitrine de la littérature africaine et caribéenne et possibilité exceptionnelle de rencontre et de découverte, le Salon de la Plume noire s’affirme pertinent et nécessaire. Malgré ses louables efforts pour l’accueillir, le Musée de l’Homme ne pouvait pousser les murs d’un hall trop exigu ni y installer une sonorisation appropriée. La Plume noire mérite mieux qu’une errance à la recherche du lieu à la mesure de son ambition.
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