Il y a quatre ans, à la suite de retrouvailles avec Almène Gibrila, une styliste africaine, Alain Biffot renoue avec la photo à travers une exposition qu’elle a commanditée, dont le thème était la femme noire. Depuis les expositions se succèdent : Médiathèque François Mitterand, Marché d’Art Contemporain
Comment te définis-tu en tant qu’artiste ?
Je me définis comme un artiste africain vivant à Paris. Ce que je fais a une connotation noire. Mais pour mon plus grand malheur, je n’ai pas encore pu exposer au Gabon, mon pays d’origine qui représente la base de tout ce que je fais, au même titre que l’Afrique.
Quels sont tes sujets favoris ?
En général, ce sont la femme et les masques africains. La femme, il n’y a rien à dire là-dessus : tout le monde comprendra ! Au niveau de l’esthétique, je prends les gens tels qu’ils sont. On peut retrouver un esthétisme dans une forme, dans un grain de peau, dans une proportion. Ce sont ces petits détails qui font le choix. Les masques, c’est parce que c’est quelque chose de pur, qui en plus fait partie de ma culture. Quand je remets en situation un masque, je lui redonne une autre vitalité, une autre force. C’est une autre manière de (re)présenter les choses.
Quelles sont les étapes qui caractérisent ton travail ?
Quand j’ai envie de réaliser une idée, j’essaie de me faire une représentation en dessinant ce que j’ai imaginé. Ensuite je fais beaucoup d’essais donc beaucoup de photographies, mais qui sont des clichés et ne serviront pas. Ils sont là pour m’aider à caler le travail au centimètre près, sinon je passe complètement à côté.
Pourquoi le choix du noir et blanc ?
Le noir et blanc c’est un goût personnel car je voudrais maîtriser ma production. J’ai un « labo », je tire moi-même mes photos, je fais mes encadrements
Je suis quelqu’un de manuel et j’adore cela. Je travaille presque exclusivement en studio, très peu d’extérieur, des éclairages à partir de flashs, bien ciblés avec un fond noir. En même temps le noir et blanc reflète beaucoup plus l’impact, mais ça ne veut peut-être rien dire car il y a de très belles photos en couleurs qui ont toute leur force, leur affirmation.
Pourquoi ce choix du travail en trois dimensions ?
J’aimerais me créer, avoir ma propre identité, ma propre griffe. En plus l’intérêt était de redonner une autre dimension à la photographie qui est statique tout en exprimant le mouvement.
Pour moi tes photos s’apparentent davantage à de la sculpture plutôt qu’à la photographie classique ?
On peut l’appeler effectivement photo-sculpture. Je les retravaille, je les redécoupe, j’y vais à la scie à chantourner au gré de l’inspiration. Mais ce n’est pas de la photo montage. Je reste toujours dans l’élément, je ne rajoute pas d’éléments extérieurs qui seraient difformes. Faire des assemblages cohérents ou incohérents ou autres comme cela s’est beaucoup fait ne m’intéresse pas.
///Article N° : 1815