Rappeur, membre du groupe « Djanta Kan », Yao Bobby raconte l’ Histoire d’un continent. Le sien.
Comment as-tu été amené au rap ?
J’ai des choses à dire. Je ne rappe pas parce qu’il faut rapper mais parce que j’ai des choses à exprimer à la jeunesse. Je me suis dit que c’est à travers le Hip Hop que je vais faire passer un message. Être la voix des sans-voix, le porte-parole de la jeunesse. J’ai commencé à rapper en 1992. Au temps où MC Solaar était venu à Lomé, il y a très longtemps, j’avais fait sa première partie. En 1994 on a commencé les démarches avec le collectif de rappeurs : « Djanta kan ». À ce moment on a fait pas mal de scènes, notamment dans les écoles. Après on s’est dit qu’il fallait entrer en studio. On a bougé à Cotonou pour enregistrer cet album, sorti en 2003. L’accueil du public togolais a été bon. Il a été sélectionné meilleur album cette année-là. On a reçu pas mal de prix. Cela nous a vraiment lancés dans le milieu. Trois ans plus tard on a sorti le deuxième disque. Ça nous a permis de participer à plein de festivals et d’événements Hip Hop. « Djanta kan » reste l’un des meilleurs groupes et des plus engagés du Hip-Hop togolais. On est composé de trois rappeurs : Daflag, Amete K et moi-même. C’est un groupe d’amis, de frères. On a grandi ensemble. On a fait des récitals. « Djanta Kan » veut dire la canne du lion en éwé. Ça signifie qu’on représente le côté sage du Hip Hop togolais. On n’est pas là pour dire n’importe quoi mais pour revendiquer. Parler des choses vraies, du quotidien, de la politique, de ce qui ne va pas.
De quoi parle ton premier projet solo : Histoires d’un continent ?
Ça raconte plein de choses sur l’Afrique. Je veux tout simplement dire à travers l’Histoire de ce continent que l’Afrique ce n’est pas seulement plusieurs pays. C’est aussi plusieurs langues, plusieurs religions. À travers Histoires d’un continent j’ai un message pour la jeunesse. C’est tout ça qui forme l’Histoire d’un continent. Je regroupe ces pays, ces langues, ces religions dans cet album. Dans l’album il n’y a pas que du rap. C’est enregistré live. Il y a Noumoucounda qui joue de la kora, Il n’y a pas que de la guitare, percussions. C’est un album africain
Il y a des invités sur ce disque
L’album ne se limite pas au Togo. Il y a la France, le Congo, un peu de tout. Il y a le chanteur congolais Frédy Massamba. C’est quelqu’un que je connais très bien. On a déjà joué et bossé ensemble avec Didier Awadi. C’est un pote d’Awadi. Sur l’album il y a aussi Hanna M, Hanna Malonga. C’est une Franco-Russo-Congolaise qui chante en lingala. Je l’ai déjà vue sur scène. J’aime beaucoup ce qu’elle fait. Je l’ai contactée sur facebook en lui disant que j’aimerais qu’elle pose sur un de mes sons. Ça a commencé par là. Je lui ai envoyé le son, l’idée du thème. Comme elle est sur Paris on s’est donné rendez-vous en studio. On l’a fait au feeling et le son cartonne. Comme dirait Art Melody : « a de la gueule ! »Il y a aussi un feat avec mon groupe Djanta ka. Il y a également une participation d’Edgar Sekloka de « Milk coffee and sugar ». Enfin il y a Neggus qui fait du slam. Ça a été difficile à caler car chacun fait son truc de son côté. Je suis satisfait de ce qui a été fait. Chaque artiste a apporté une particularité, une couleur. On sent vraiment que c’est l’Afrique.
Pour revenir à ton parcours quelles musiques t’ont influencé ?
J’écoutais beaucoup de rap francophone : Positive Black soul, MC Solaar, les Sages Poètes de la rue et américain : Busta Rhymes, Tupac Shakur
C’est ce qui m’a poussé à devenir ce que je suis.
Tu viens d’un quartier populaire.
J’ai grandi dans un quartier à côté de la frontière avec le Ghana, qui s’appelle Kodjoviakopé. C’est l’un des quartiers les plus chauds. À chaque fois qu’il y a des manifestations politiques c’est le quartier le plus ciblé par les autorités. En réaction à ce contexte j’ai décidé d’écrire des textes engagés Parler de la politique ou de la démocratie au Togo ce n’est toujours pas ça. J’appelle ça : « démocratie cachée ». Ce n’est pas vraiment la démocratie. Au moins avec mes textes j’arrive à faire passer un message que les autres ne peuvent pas faire passer. Kodjoviakopé est un quartier où les enfants traînent dans la rue, sont défavorisés. Là où tourne la drogue. Tout passe par là-bas : la drogue dure, la cocaïne. Je me suis dit : « Moi je ne vais pas être dans la rue à faire n’importe quoi. Je vais prendre le Hip Hop. C’est avec ça que je vais m’en sortir. J’ai pris le Hip hHop comme mon âme »
Tu pointes les problèmes sociaux et le manque de réponse des dirigeants.
J’accuse ces gouvernements qui ne font rien pour la jeunesse. Si aujourd’hui il y a des jeunes qui traînent dans la rue c’est aussi la faute de nos dirigeants. Ils ne font rien pour la population, pour ces enfants. J’ai grandi dans un quartier où j’ai vu et vécu pas mal de choses. Sur mon album il y a un morceau Réfugié qui raconte comment a commencé la démocratie chez nous. On s’est réfugié au pays voisin : le Ghana. Tout ça a un peu joué sur notre avenir. C’est la faute à nos gouvernements qui ne s’intéressent qu’à leur poche. Les dirigeants ne pensent pas à la jeunesse. Au lieu de construire des écoles pour ces jeunes, pour qu’ils puissent se sentir concernés, les dirigeants préfèrent investir dans les armes. Ça, c’est quelque chose qui freine l’Afrique. Avec cet album je lance un appel à la jeunesse : Il est temps qu’on se réveille, qu’on soit conscient de la situation.
Que s’est-il passé en 1992 ?
En 1992-1993 il s’est passé beaucoup de choses au Togo. J’avais environ dix-sept ans. C’est quelque chose qui m’a beaucoup marqué. À chaque fois, ça me travaille. Il y a eu des morts. À l’époque les militaires venaient dans notre quartier tirer sur les jeunes. Les jeunes militent contre le pouvoir en place. Là où les jeunes se rassemblent les militaires viennent et tirent. Ensuite ils ramassent les morts et les jettent dans la lagune de la baie. Ce sont des trucs que les gens ont envie d’oublier. Je ne sais pas si on arrivera à pardonner ça. Il y a eu des proches qui sont morts comme ça quoi ! Les militaires ont débarqué, tiré sur tout le monde. Après on a retrouvé les corps dans la lagune. Moi j’ai été obligé de partir en passant par la frontière. J’avais payé 1 500 francs CFA. Au passage il y avait des militaires avec des armes un peu partout. À partir de minuit je suis sorti de la maison. Je me suis dit « Je ne peux pas vivre là ». Je suis allé à la frontière avec mes 1 500 francs CFA. Je les ai donnés à un militaire. Il m’a pris ça et fait traverser la frontière. Je suis allé dans un camp de réfugiés au Ghana. J’ai fait deux mois comme ça et puis je suis allé voir la famille. Ce n’était pas une vie pour moi. C’est un problème qui concerne toute l’Afrique. Dans ma chanson Réfugié j’essaie de raconter un peu ce que j’ai vécu. Comment ils ont tué les jeunes. Comment j’ai fait pour traverser la frontière. C’est une chanson qui parle de moi. Je me suis dit : « C’est le moment que je le partage avec mes frères. » Je le partage avec les jeunes pour qu’ils sachent ce qui s’est passé. Tout ça a bousillé nos études. On ne pouvait pas vivre dans un pays où il y a des militaires. Parfois ils viennent à l’école et lancent des gaz lacrymogènes sur les élèves. On était obligé de laisser tomber l’école et de partir. Je ne sais pas si on va oublier ça. On a perdu nos proches là-dedans. Et ça continue. C’est toujours la même dynastie : Gnassingbé, Gnassingbé. On veut qu’il parte du pouvoir. Il est temps ! Révolution !
Est-ce difficile d’exprimer ce genre de messages au Togo à l’heure actuelle ?
Au Togo la liberté d’expression ce n’est pas encore ça. Avec « Djanta kan » on a subi des choses. Quand on a sorti le dernier album on a reçu des menaces. Un jour mon téléphone a sonné. On m’a dit : « C’est toi qui parles de politique dans tes morceaux. Il faut faire très attention. Sinon un jour tu vas mal finir. »Quand tu reçois des trucs comme ça, tu as peur ! On a reçu ces menaces parce qu’on dit la vérité, ce que les gens n’osent pas dire. On ne peut pas parler de démocratie au Togo. La démocratie n’existe pas. Il n’y a pas de liberté d’expression. C’est un peu dur quand tu es artiste de vivre dans ce pays. Les jeunes sont contents d’apprendre la vérité. Ils sont de notre côté. Ils apprécient ce qu’on transmet dans nos morceaux. Ils s’identifient à nos thèses.
Où est-ce que vous vous produisez ?
À Lomé, il y a le Palais des congrès. Ce n’est pas vraiment une salle de concert. Mais c’est là où se passent beaucoup de choses. C’est une salle pour l’État. On ne peut donc pas demander cette salle et faire passer des messages politiques. Pointer du doigt le gouvernement. Ça ne sera jamais accepté. Il faut faire partie du réseau officiel pour être bien affiché. Ça ne nous empêche pas de nous produire là-bas. Il n’y a pas longtemps on y a fait un concert. On a été invité à un spectacle malgré tout parce que « Djanta Kan » ce n’est pas que l’aspect politique. C’est aussi le quotidien, la vie de tous les jours. Avant de monter sur scène les responsables nous ont bien dit de ne pas chanter de morceau politique. Mais évidemment quand on est montés sur scène on a chanté des choses politiques ! Ça a vraiment secoué ! Le public était ravi.
Est-ce que vos paroles sont explicites ?
Il y a des moments où on est direct et des moments où on ne l’est pas. Dans le direct on dit qu’à telle date il y a eu telle coupe d’État, des attentats, des morts dans la lagune de baie. Il y a d’autres moments où pour se protéger un peu on est indirects. Le temps qu’eux réfléchissent un peu à ce que tu as dit tu es déjà parti !
Quels sont les autres problèmes que tu dénonces ?
Je touche beaucoup aux problèmes de la scolarisation des enfants. C’est un problème qui concerne vraiment toute l’Afrique. Quand je vais au Bénin, au Ghana, c’est pareil ! C’est là où tu te dis que nos dirigeants ne font rien du tout pour la scolarisation des enfants. J’ai fait deux albums avec d’autres artistes : King Mensah et Didier Awadi en faveur des enfants démunis. Le but était d’acheter du matériel scolaire, cahiers, fournitures. On a au moins fait cela. Si les gouvernements se bougeaient pour faire ce genre d’initiatives l’Afrique serait dans nos mains. Ce n’est pas à d’autres de venir construire notre Afrique. Les dirigeants n’appliquent toujours pas ces choses de base : construire des écoles, scolariser gratuitement les élèves. Ça manque.
La situation ne bouge pas tellement au Togo.
C’est la même famille. On en a marre ! Ça nous fatigue ! On a toujours connu que les Gnassingbé. C’est trop. Il faut que quelqu’un d’autre vienne au pouvoir pour changer un peu ce qui se passe au Togo. Les gens meurent de faim. On voit dans la rue qu’il n’y a pas d’emploi. Les gens meurent tous les jours. Nos dirigeants ne vont pas jusqu’au bout pour réfléchir et essayer de trouver une solution. Aujourd’hui j’ai honte de dire que telle personne est morte du tétanos ! Elle est morte parce qu’il n’y a pas de moyens. Si une personne malade part à l’hôpital. Il n’y a pas de moyens pour acheter les médicaments. C’est vraiment une honte nationale ! L’État pourrait quand même bouger et renforcer des structures. Au niveau des dispensaires, il n’y a pas de matériel pour les femmes qui accouchent. Rien ! Les femmes accouchent et meurent comme ça ! On ne veut plus de ce gouvernement qui bloque, qui empêche les jeunes de rêver. La jeunesse d’aujourd’hui aspire au changement.
Comment peut-on s’opposer en étant là-bas ?
Tu ne peux pas rester au pays et être révolté là-bas. Après tu es mal vu. Tu descends dans la rue et un mec te tire dessus. Ça arrive souvent. Si tu pointes du doigt le gouvernement des fois on te retrouve mort à la plage. Il y a plein d’histoires comme ça. Je viens d’un quartier révolutionnaire, contre le pouvoir en place. Je suis comme ça aussi parce que quand tu descends dans la rue, surtout dans mon quartier, il n’y a rien qui se passe là-bas en comme mesure du gouvernement. Mais dès qu’il y a un problème dans le quartier les militaires viennent et tirent sur les jeunes. Les jeunes n’ont rien fait.
Le scénario des révolutions arabes au Togo ?
C’est ce genre de choses qui peut faire que le Togo va avancer. Si on reste dans notre coin sans se bouger il y aura les votes et ça ne changera rien. Ce sont tout le temps des élections truquées. Tout le monde le sait très bien. Le pays est resté le même depuis que je suis né. Ça ne bouge pas du tout.
Pour revenir à la musique qu’est-ce que le « Djanta Hip » ?
Un concept que nous avons créé. C’est le style de musique qu’on a choisi de faire : le Hip Hop mélangé à la tradition togolaise. On passe par ce biais pour faire passer un message, tout en gardant le flow, la basse du Hip Hop : les beats, les grosses caisses, mélangés avec les rythmes traditionnels.
Quels sont ces rythmes traditionnels togolais ?
Des percus, des tam-tams, des gong gongs. C’est ça qui fait la musique traditionnelle : voix plus percussions. On a pris ce côté-là parce que le Hip Hop à la base est avec un beat de caisse claire, de grosse caisse. On a mélangé cette caisse avec nos rythmes traditionnels : Agbadja du Sud et Kabysoo du Nord.
Vous rappez en français et en éwé
Quand on s’exprime en éwé c’est pour le peuple togolais qui parle l’éwé. Quand on rappe en français c’est pour que ça sorte du pays, que les gens comprennent ce qu’on dit dans nos textes.
Qu’est-ce que « Arts de rue » ?
C’est une structure qui est présente un peu partout en Afrique. On a fait des ateliers avec les enfants. On a enregistré des albums avec eux. On les a encadrés. On a aussi fait un projet avec plein de rappeurs de l’Afrique de l’Ouest : Sénégal, Mali, Niger, Gabon, Togo. Malheureusement ça n’a pas abouti à cause des problèmes d’électricité. On avait même un studio d’enregistrement à Lomé. On a commencé à Dakar, après Ouagadougou ensuite au Cameroun. Tout ça c’est sur la machine. Un jour il y a eu une coupure et on a tout perdu. C’est quelque chose qui nous a coûté énormément d’argent. On finançait tout nous-mêmes. On est obligé de tout recommencer à zéro, acheter du matériel pour le studio, relancer tout ce qu’on a entrepris.
Quelle a été votre relation avec ces jeunes ?
Ayant grandi dans un quartier chaud je peux observer les jeunes qui en sont issus. Je vois ce qu’ils deviennent après. Ils traînent dans la rue. Ça me touche beaucoup. On est vraiment intéressés d’aller travailler avec ces jeunes-là. On kiffe ça. C’est notre moment de partage : écrire pour eux, leur transmettre pour ne pas qu’ils oublient. Avant d’aller dormir nos parents nous disaient des contes. Aujourd’hui ça n’existe plus. On s’est dit que, par un autre moyen que le conte : la musique, on pouvait arriver à communiquer avec ces jeunes. L’Afrique ce n’est pas seulement la misère. Il y a aussi des bonnes choses. Leur montrer que l’avenir c’est nous, c’est eux, c’est tout le monde. Notre génération a gardé l’espoir. On s’est dit : « Dans nos terres il y a tout. Il est temps qu’on prenne l’avenir en main. » La preuve c’est que les jeunes se battent pour un avenir meilleur.
Avez-vous suscité des vocations ?
On ne cherche pas à les inciter à devenir rappeur mais à leur apporter quelque chose. À travers ça si certains peuvent devenir rappeur ou écrivain tant mieux. Il y a aussi le côté ingénierie du son. On montre aux jeunes comment ça se passe en studio, la prise de voix, les branchements de câble. Un jour qui sait le petit à qui tu as montré ça peut devenir ingénieur du son !
Que t’a apporté ta participation au collectif Aura ? (Artistes unis pour le rap africain)
Avec le réseau AURA j’ai vu beaucoup de choses. J’ai fait une tournée africaine.
J’ai appris beaucoup. Les concerts de Djanta Kan m’ont aussi forgé. Je me suis servi de tout ce que j’ai appris. Ça m’a permis de faire mon album. Je sais que dans tous les pays d’Afrique l’album va être bien reçu
Ton point de vue sur l’immigration Sud-Nord.
C’est un point qui me touche beaucoup. Si aujourd’hui les jeunes décident de partir du pays ça veut dire que ça ne va pas. Les jeunes sont obligés de sortir du pays pour aller se chercher ailleurs. Si ça ne va pas tu ne vas pas rester là et traîner mourir de faim tout le temps. Ce qui est touchant c’est qu’on refuse le visa aux gens. Ils se disent : « Ah oui, il y a sûrement quelque chose là-bas, c’est pour ça ! »En France il y a aussi la misère. Ce n’est pas le paradis ! Ils n’ont qu’à laisser les jeunes venir ici voir ce qui se passe. Franchement s’ils laissent les jeunes venir ici ils vont faire demi-tour. On se dit : « Vraiment on est mieux ailleurs ! » Ici il y a la galère un peu comme en Afrique. Il y a toujours eu cette croyance en l’Eldorado car ils refusent à nos jeunes. C’est la faute à nos gouvernements. Ils n’ont qu’à créer pour les jeunes. Les jeunes se diront : « On a tout ici. On a pas besoin de sortir du pays pour chercher ailleurs. Si tu as tout chez toi pourquoi sortir du pays pour aller te chercher ailleurs.
Comment es-tu arrivé à Paris ?
Ça craignait beaucoup au moment des élections, à la mort de Eyadema. J’ai de la famille ici. Au moment des élections on ne pouvait pas rester là-bas. Avec Djanta Kan on est le groupe visé en matière de politique. L’État a dit que c’est nous qui incitons les jeunes à jeter des pierres sur les militaires, les policiers. Djanta kan vivant dans un quartier militant : Cité K ça ne passait pas. Il y avait un manque de sécurité. Du coup je me suis dit qu’il fallait que je parte du pays. On a décidé de partir. On est parti au Gabon. Pendant ce temps des militaires sont venus nous chercher chez nous à Lomé. Ils sont venus en disant : « Où sont les jeunes qui parlent de politique tout le temps ? Avant qu’on parte du pays il y a quelqu’un de leur entourage qui nous a téléphoné en nous disant : « Il faut sortir du pays car vous êtes visés. Ça craint pour vous ! »Du Gabon on a pu rejoindre Paris. On est deux ici en France. Le troisième est entre le Ghana et le Togo.
Où en est ton groupe « Djanta kan » ?
On a commencé le troisième album. On a fait la prise de voix à Paris, pris des rendez-vous pour que le troisième resté en Afrique puisse venir poser ses couplets. On a fourni les documents pour qu’il puisse avoir son visa. À la dernière minute il ne l’a pas eu ! Du coup tout ce qu’on avait calé en studio est tombé à l’eau. On est obligé de mettre le projet en stand-by. Mais on va le relancer bientôt.
Et pour la suite ?
On essaye de mettre en place un festival « Cité K Show » qu’on faisait sur la plage chaque année. On pense relancer ça. RFI est éditeur de l’album. C’est diffusé un peu partout. J’aurai cinq cents diffusions ici. Je joue au Palais des Congrès pour Togo Hip Hop. Je vais jouer quelques morceaux de l’album pour montrer aux gens que Djanta kan, c’est pas fini. C’est la légende qui continue
En savoir plus :
[www.yaobobby.com]
Sortie officielle de l’album à la « Mix Box » 146 rue des Poissonniers Paris 18e, le 16 février 2012///Article N° : 10603