L’introduction du film en donne le ton : une implication de la cinéaste qui se filme en train de choisir ses vêtements, sa coiffure, puis se met en scène en train de rechercher en bibliothèque les traces des premières femmes actives dans le cinéma égyptien, dès les années 20. On sent qu’elle veut retrouver la force qu’ont développé ces figures emblématiques pour transgresser les interdits et s’affirmer comme actrices, réalisatrices et productrices. A une époque sans studio où régnait encore l’amateurisme, Aziza Amir, la pionnière, vedette de théâtre devenue actrice et productrice, sera finalement célébrée à sa mort en 1952 comme « la fondatrice du cinéma égyptien ». Marianne Khoury interroge les témoins, montre des extraits de films, des documents d’époque, les cinémas, les chansons Un équilibre précaire entre ce travail approfondi d’archives et une avalanche de détails, parfois de la banalité dans les témoignages, fait du film une uvre de mémoire, à la fois passionnante et un peu fastidieuse pour un non-initié. Mais à travers l’évocation de ces actrices pour qui « c’était une honte de garder son nom », Behidja Hafez, Fatma Roushdi, Amina Rizk, Amina Mohamed, Assia Dagher et Marie Queenie, se profilent des femmes « qui ont su tirer leur confiance de l’amour du public ». Elles auront marqué, comme Assia Dagher qui, venue du Liban, aura produit 50 films, une cinématographie foisonnante et ouvert la voie à d’autres femmes, comme Mariane Khoury qui leur rend ainsi, par le sérieux de son enquête, un vibrant hommage.
2002, vidéo, coul., 116 min (deux parties), image : Nizar Chaker, avec Nadia Wassef. Contact : Misr international Films (202 578 53 61), coprod. Hubert Balsan.///Article N° : 2688