Voici deux comédies romantiques noires américaines semblables à plus d’un titre : non seulement la réalisatrice de Love & Game porte-elle le même prénom que l’actrice principale de Love & Basketball, mais les deux héroïnes partagent le même patronyme, Wright ! Trop de coïncidences pour ne pas révéler une stratégie bien connue à Hollywood : quand un film indépendant marche bien, autant exploiter le filon en reprenant la formule, quitte à l’édulcorer quelque peu. Et Sanaa Hamri, après sa collaboration fructueuse avec Sanaa Lathan sur son premier long-métrage, Something New (2006), est certainement familière de la filmographie de son homonyme. Les distributeurs du film en France ont donc vu juste en traduisant le titre Just Wright par Love & Game, comédie romantique qui rappelle Love & Basketball, sans pour autant parvenir à l’égaler.
Dans Love & Basketball,Monica tombe, dès son plus jeune âge, amoureuse du basket et par la même occasion, de son petit voisin dont le papa joue dans la NBA et qui a donc moins de mérite, mais plus de chances qu’elle d’intégrer le saint des saints. Ce qu’ils tenteront tous les deux car la WNBA (W pour Women) est fondée en 1996, juste à temps pour que Monica puisse y participer, après avoir excellé pour l’équipe de l’université USC puis l’équipe de Barcelone.
Comme Love & Game, Love & Basketball traite de la pression de la réussite athlétique, des pièges de la célébrité, et de l’importance de reconnaître l’amour véritable, d’autant plus difficile à repérer qu’il est à portée de main. Si le premier film a été quelque peu décrié pour ses bons sentiments, délestés de tout discours féministe ou sociologique inconvenant, le second manque sérieusement d’épaisseur.
Aucun des personnages de Love & Game n’est convaincant : on a bien du mal à pardonner son hypocrisie à la belle Morgan, la « meilleure amie » prête à tout pour épouser un joueur de la NBA, incarné par Common, athlète intègre et fidèle qui tombe néanmoins sous le charme et délaisse la gentille héroïne, campée par une Queen Latifah dont le sens du sacrifice dépasse les limites du respect qu’on lui doit. Les personnages secondaires sont offerts à des acteurs de renoms sous-utilisés, notamment Pam Grier (Jackie Brown) et Phylicia Rashad (la mère du Cosby Show), auxquels il faut bien ajouter Queen Latifah et Common, hautement respectés pour leur rap engagé et engageant, étrangement absent de la BO. Petite note spéciale cependant pour le morceau « Just Wright« , chanté à deux voix, qui se marient finalement mieux sur la bande-son qu’à l’écran.
Si l’on peut se féliciter que des comédies romantiques noires trouvent leur public – car les stars ont apparemment rempli leur rôle et rentabilisé le budget – on peut cependant regretter qu’elles ne soient pas plus engagées, et engageantes.
Le débat sur la toile est récurrent : pourquoi un film ancré dans la communauté noire américaine devrait-il porter un discours politique fort ? Inversement, peut-on se réjouir éternellement de films abordant les quelques sujets clichés que les producteurs semblent réserver aux Africains Américains (le sport, le rap et la danse) et dont une minorité seulement sont porteurs d’un regard neuf ? Peut-être faut-il simplement admettre que tout film a besoin de matière et d’originalité, qu’elle soit politique, esthétique, narrative ou musicale, et que Love & Game manque cruellement de tout cela. Mais dans l’esprit de la reine du hip-hop qui porte ce qu’elle peut porter du film, cette critique se veut optimiste et vous invite donc à revenir dix ans en arrière pour voir ou revoir un excellent petit film lancé par la maison de production de Spike Lee, 40 Acres et une Mule. Loin d’être un pamphlet politique, Love & Basketball est riche d’une matière qui manque à Love & Game : les bons sentiments s’apprécient nettement mieux assaisonnés d’une bonne dose d’authentique sincérité.
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